1914 – 1918 : CES PRETRES BRETONS, HEROS OUBLIES …

Amzer-lenn / Temps de lecture : 20 min

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grande guerreCurieuse république, troisième du nom, qui en ce début du 20ème siècle se rejoue la Révolution Française, n’ayant d’autres priorités que de persécuter l’Eglise catholique en la spoliant une nouvelle fois de ses biens, en dispersant ses congrégations, en lui interdisant d’enseigner, et de surcroît en breton, et d’exercer ses œuvres caritatives. La guerre étant déclarée, sans vergogne, cette république «bouffeuse de curés» va appeler sous les drapeaux ce clergé qu’elle venait de mettre au ban de la nation. En août 1914, toutes ces injustices sont encore à vif chez les catholiques. Depuis la défaite de 1870, et la perte de l’Alsace-Lorraine, les Français, et donc aussi les Bretons, ont été «travaillés» dans la haine de l’Allemand et un esprit de revanche. C’est donc la «fleur au fusil», dans un incroyable esprit festif surréaliste que se fait la mobilisation. En ces heures où tout un monde, à l’image du géant des mers «Titanic» qui a coulé deux ans plus tôt, va basculer et disparaître dans l’horreur. Mais tout est «oublié», la Patrie est en danger, l’esprit patriotique prend le dessus, le «Germain barbare» est aux frontières, l’heure est à «l’Union nationale» D’ailleurs personne n’a le choix : une terrible aventure militaire commence, dans laquelle les Bretons vont payer le prix fort.

 

Les Bretons, durant ces quatre années de guerres, toutes classes sociales confondues, vont «donner à la Patrie» 240.000 de leurs fils. Des historiens contestent ce nombre, mais un «Tro-Breiz» des monuments aux morts est suffisant pour considérer ce chiffre comme crédible. Ce conflit va enlever à la Bretagne, comme en toute autres régions, une grande partie de ses forces vives, de sa jeunesse, qui la paix revenue lui feront cruellement défaut. Dans ces forces vives il y a donc aussi le clergé : Jeunes séminaristes, prêtres et religieux, ils ne sont pas dispensés du «devoir national», mais les prêtres seront de préférence versés dans les services de santé de la Croix-Rouge. Le diocèse de Quimper et Léon perdra ainsi au front, 51 séminaristes et 50 prêtres. Un tel pourcentage reporté à l’équivalence près aux autres diocèses bretons donne bien des explications sur l’évolution de l’Eglise en Bretagne, qui voit ainsi son substrat religieux breton décimé au bénéfice d’une francisation en devenir de l’Eglise.

 

Parmi tous ces prêtres envoyés au front, deux figures emblématiques : l’Abbé PERROT et l’Abbé LEC’HVIEN. Notre choix sur ces deux prêtres, n’occulte en rien les dévouements, les sacrifices de leurs confrères, humbles prêtres anonymes, dont beaucoup trouveront la mort en accomplissant leur devoir. Ces prêtres ne sont animés d’aucun sentiment belliciste, ils savent que le Pape Benoît XV a pleuré en recevant les adieux des séminaristes, des prêtres des pays belligérants qui allaient partir au front. Tous ont conscience que des chrétiens vont tuer d’autres chrétiens, que de pauvres gens vont tuer d’autres pauvres gens. Leur seul souci dans cette tragédie est d’apporter tous les secours de leur ministère auprès de leurs compatriotes infortunés. Leurs exemples seront si édifiants, que les plus anti-cléricaux des politiques et des Etats-Majors infestés de Franc-maçons seront contraints de reconnaître qu’ils avaient affaire à des hommes d’exception, qui pourtant avaient les mêmes faiblesses, les mêmes peurs que l’humble soldat, et que le rôle de ces prêtres fut majeur dans le moral des troupes. Certains de ces anti-cléricaux seront «retournés» ; leur vision du prêtre et de l’Eglise changera. La République ne pourra faire autrement que de mettre en sourdine sa cathophobie viscérale, et d’avaliser au sein de ses armées le statut d’aumônier. Pourtant, cette détestation de l’Eglise catholique va renaître de sa léthargie apparente à l’aube des années… 1970 / 1980 pour aller en s’amplifiant, et aujourd’hui être le «nec le plus ultra» de la «bien-pensance » branchée. Mais il est vrai aussi qu’entre les deux guerres il y avait dans l’Eglise des évêques, des prêtres qui, en toute charité, avaient un parler vrai qui n’hésitait pas à remettre à leur place tous les cuistres dévots de la laïcité «à la française», et à proclamer la Vérité du haut de la chaire…

 

L’abbé YANN-VARI PERROT et l’abbé PIERRE-MARIE LEC’HVIEN reviendront de la guerre, mais pour chacun d’eux leur vie s’achèvera dans le martyre. Deux prêtres qui furent les modèles de ce que tous prêtres bretons, hier comme aujourd’hui, devraient avoir à cœur d’être, partie prenante de l’âme, de la culture, de la langue de leur peuple dans toutes les expressions de la foi. Et si nous pouvons nous autoriser à une comparaison avec un prêtre de notre époque, c’est au prêtre Polonais, le Père Jerzy Popieluszko que nous pouvons penser : trois prêtres mus par le même amour de Dieu, de leur sacerdoce au service de leur peuple, de leur âme spirituelle, mais aussi de leur âme culturelle, les trois intimement liées. Trois hommes de Dieu qui seront assassinés par les communistes en haine du Christ, de son Eglise, de leur foi et de l’amour pour leur Patrie, trois prêtres unis dans le même martyre. 

 

L ‘ABBE YANN-VARI PERROT 

L’abbé Yann-Vari Perrot, figure typique du prêtre Léonard, est depuis un an vicaire de Saint-Thégonnec quand la

grande guerre,première guerre mondiale,religieux,prêtres guerre est déclarée. Mobilisé à Lesneven, rien n’indique qu’il va partir au front. C’est lui-même, devançant les décisions de sa hiérarchie militaire, qui demande à partir avec ses compatriotes soldats. L’abbé Perrot n’est animé d’aucun esprit belliqueux, pas plus que d’un patriotisme cocardier qui lui est d’autant étranger que cette France jacobine ne cesse de commettre une autre guerre, celle faite depuis la Révolution française à l’identité du peuple breton. Il sait parfaitement que dans cette guerre la Bretagne a tout à perdre. Ce qui l’anime c’est, en tant que prêtre, d’être le père qui soutient, en étant auprès d’eux, ses enfants dans les épreuves qui les attendent. Si les séminaristes sont envoyés comme soldats pour combattre (donc tuer) les prêtres sont en général mobilisés à «l’arrière» ou en premières lignes dans les services des hôpitaux comme infirmiers, brancardiers. Ce sera le cas de l’abbé Perrot. Il demande en effet à partir au front et s’engage comme volontaire dans le Groupe des Brancardiers Divisionnaires. Dès lors, il va se dévouer sans compter pour ses camarades soldats, bien souvent des Bretons comme lui. Il va durant ces quatre années de guerre soigner les corps mais aussi élever les âmes. Il va, à l’instar de ces milliers de prêtres, célébrer l’Office Divin, donner la communion, confesser, apporter la consolation de l’Eglise aux mourants, recueillir leurs dernières confidences et essuyer leurs larmes, partager leurs angoisses et remonter le moral, bénir les sépultures… Il verra mourir certains des ses amis, comme Jean-Pierre Calloc’h, ou son fidèle collaborateur de Feiz ha Breiz, Dilemm Ar Braz. Plus tard, il racontera :

 

« Que de compatriotes j’ai aidé dans leurs derniers instants : paysans, marins, instituteurs, jeunes gens à l’aube de leur vie qui venait d’être anéantie ; nous évoquions ensemble l’église, le clocher, l’école de leur village, les Pardons et les jours de marché, leur ferme, leurs champs, les moissons, la mer, le port et la criée, le chant des vagues et des mouettes. Mais nous évoquions surtout l’épouse, les enfants, la fiancée, les parents bien aimés qu’ils ne verraient plus. Avec eux, j’ai récité bien des Notre Père, des Ave Maria en breton. Combien de fois j’ai mêlé ma voix et mes larmes aux leurs. Combien de fois avec eux j’ai chanté au rythme de leur dernier souffle de vie le cantique du Paradis, «Jezus pegen braz ve» ou encore le « Baradoz Dudius», à moins que ce ne fût un cantique à la Vierge, à Sainte Anne ou à Saint-Yves. Oui, combien de larmes j’ai essuyé sur ces visages burinés de paysans, de marins, sur ces visages juvéniles de mon peuple, que de paupières j’ai fermé. Je n’oublierai jamais ce jour où j’ai aidé dans ses derniers instants un jeune de 20 ans, originaire de Kerlouan en Pays Pagan, Léonard comme moi et qui réclamait sa «Mammig» (Maman), et juste à côté de lui, un jeune soldat allemand que l’on venait d’amener à l’infirmerie. Il était de son âge, il aurait pu être son camarade, et lui aussi réclamait sa «Mutter» (Maman), et à tout deux j’ai fermé les yeux. J’ai alors songé aux larmes de ces deux mères de familles apprenant le même jour la mort de leur fils bien aimé.. Les larmes de ces deux mères, la bretonne et l’allemande, devenues sœurs dans leur malheur, étaient aussi mes larmes, mon chagrin devant ces vies détruites et l’absurdité de cette guerre civile européenne […]

 

Le 22 juillet 1918, une terrible offensive est annoncée, personne n’ignore qu’elle va faire des milliers de victimes. J’apprends qu’un père de famille a été d’office désigné pour aller chercher au cœur du front un blessé. La tentative est périlleuse et n’a guère de chance de réussir. Il paraît évident que ce père de famille se fera tuer avant même d’avoir atteint son camarade blessé, et il le sait, il suffit de lire l’angoisse de la mort certaine dans ses yeux ; Mais les ordres sont les ordres, et il ne peut s’y soustraire. Il n’est pas possible de le laisser partir ainsi à la mort, je me présente comme volontaire pour prendre sa place. Le commandant accepte. Me voilà donc parti vers la ligne de front violemment battue par l’artillerie allemande et les gaz toxiques, et il me faut tous les mètres m’abriter, des mètres qui me semblent êtres des kilomètres, au moins ai-je le temps de prier et de demander au Seigneur et à la Vierge Marie de nous aider. Mes prières seront exaucées, la Providence a écartée l’Ankoù de mon chemin.. »

 

abbé perrotPour cet acte de courage, qui d’ailleurs ne sera pas, et de loin le seul, l’abbé Perrot sera cité à l’ordre du jour et recevra la «Croix du Combattant», puis plus tard la «Médaille Interalliée de la Victoire». Sur son livret militaire est porté l’appréciation : «Ordre N° 64 du 22 juillet 1918 : s’est présenté comme volontaire pour évacuer sur une brouette un blessé urgent sur une route très violemment battue par l’artillerie et, malgré les gaz toxiques. A réussi à accomplir sa mission dont il était chargé ». Mais sa plus belle décoration dira-t-il, sera la gratitude, les sourires du blessé et du père de famille dont-il avait pris la place, en espérant qu’ils auront survécu à la guerre…

 

La paix revenue, de retour au pays, la Bretagne qu’il va retrouver n’est plus celle de 1914. Elle a terriblement changé. Il retrouve une Bretagne de veuves, d’orphelins, de mutilés, de jeunes filles sans espérances, une société éclatée, des paroisses vides de prêtres, mais aussi des mentalités qui au contact des réalités et des épreuves de la guerre se sont débretonnisées. Comme bien des soldats rendus à la vie civile, des prêtres reviendront contaminés par les idéologies modernistes et travailleront aux ferments futurs d’une Eglise en Bretagne elle aussi débretonnisée, et qui verra le jour 50 ans plus tard. Par ce conflit, la France jacobine à réussi en quatre années de guerre ce qu’elle n’avait pu réussir en 150 ans : franciser définitivement les Bretons, et briser son corps social garant de sa culture, de ses traditions, de sa langue. L’entonnoir républicain, grâce à la guerre, avait parfaitement accompli son œuvre de nivellement de la société bretonne.

 

A ceux qui se permettront d ’accuser l’abbé Perrot d’être anti-français, il répliquera : «Je n’ai aucune leçons de patriotisme à recevoir, car durant cette guerre,  j’ai fais tout mon devoir et bien plus que mon devoir. Que rien ne peut m’être reproché quant à mon loyalisme envers l’Etat.».

Et il ajoutera : « Cependant, mes devoirs de citoyen français ne me feront jamais oublier mes devoirs de patriote breton plus profondément gravés dans le quatrième Commandement de Dieu que mes devoirs vis-à-vis de l’Etat français qui nous écrase ». L’abbé Perrot va se remettre au travail ; il relance sa revue «Feiz ha Breiz» et le Bleun-Brug, ses deux armes pour la défense d’une Bretagne catholique et bretonne, fidèle à elle-même. Mais déjà sont posés les jalons qui vont mener au deuxième conflit mondial dans lequel la Bretagne bretonne sera encore la grande perdante..

 

A son évêque, Monseigneur Duparc qui s’agaçait du trop grand dynamisme de son zèle breton, il n’hésitera pas à lui dire : « Monseigneur, quand on a souffert du fait de la guerre ce que nous avons souffert, et quand on assiste au lamentable tableau de nos libertés les plus sacrées fauchées par des lois laïques profondément anti-chrétiennes, et de nos traditions les plus respectables pulvérisées par des lois révolutionnaires, on ne rêve plus, on veut, on doit agir, s’il est encore temps, pour sauver les éléments épars de notre nationalité bretonne »

Des propos, d’une telle actualité, qu’on aimerait les entendre aujourd’hui dans nos églises…

 

 

L’ABBE PIERRE-MARIE LEC’HVIEN

L’abbé Pierre-Marie Lec’hvien originaire des Côtes d’Armor où il assura tout son ministère est moins connu que l’abbé Perrot,

abbé perrot mais leur vie sont similaire, car animée du même idéal «Feiz ha Breiz» De plus, si l’abbé Lec’hvien n’a pas eu l’aura de l’abbé Perrot, il n’en était pas non plus dépourvu, et comme son confrère du Léon, il fut par sa foi rayonnante, son amour de la Bretagne, sa grande culture bretonne et son zèle à défendre la langue, un rassembleur. Lui aussi a conscience que ce conflit va être pour la Bretagne très destructeur dans sa chair et dans son âme.

 

Le 2 août 1914 il est appelé sous les drapeaux, il rejoint le 47 ème Régiment d’Infanterie à Saint-Malo. Mi-septembre, c’est en tant que caporal-brancardier qu’il monte au front dans la région de Reims, et reçoit le baptême du feu. Au front, il va se dépenser avec un courage remarquable. En 1915, il tombe malade et est envoyé en convalescence à Lisieux. Il obtient quelques jours de congé à Ploubazlanec, le temps de revoir son père âgé qui assure la marche de la ferme, tous les Lec’hvien étant mobilisés. Le médecin militaire lui propose un mois de congé, il refuse et demande à repartir au front, il rejoindra son régiment dans l’Artois. C’est avec une totale abnégation qu’il remplit son rôle d’infirmier-brancardier, et lui vaudra d’être cité à l’ordre du jour :

 

« Pierre-Marie Lec’hvien, caporal brancardier depuis le commencement de la campagne s’est fait remarquer par son zèle à relever les blessés. Le 25 septembre au soir, est allé en avant de la première parallèle relever les blessés et a ainsi sauvé la vie à plusieurs soldats du régiment, édifiant son entourage par la dignité de sa vie sacerdotale ».

 

La Croix de Guerre lui sera remise le 3 mars 1916. Démobilisé, il demande à rentrer dans le diocèse de Saint-Brieuc. Comme l’abbé Perrot, il ne conçoit son ministère de prêtre breton qu’en étant l’ardent défenseur d’une Bretagne fidèle à ses racines chrétiennes et bretonnes. Il se fait le défenseur du catéchisme en breton. Passionné de musique sacrée, de liturgie dans la beauté, il forme une chorale d’enfants dont le répertoire est le chant et les cantiques bretons, le grégorien qu’il affectionne tout particulièrement. Sa chorale obtiendra de nombreux prix dans les concours du Bleun-Brug. On lui doit des cantiques, dont un en l’honneur de la Vierge «Itron Varia an Arvor » (1933 ). La formation d’enfants de chœur, conscients du service de l’autel, sera aussi une de ses grandes joies et priorités.

 

Les Bretons, aujourd’hui, ignorent qu’ils ont eu des prêtres, des évêques, des moines d’une grande élévation spirituelle et culturelle, clergé d’une Eglise qui était à l’image de la Bretagne.

  

PRETRES MARTYRS

Le sacerdoce de l’abbé Perrot et de l’abbé Lec’hvien vont avoir le même parcours pour s’achever dans le même martyre :

L’assassinat de l’abbé Perrot est plus connu que celui de son confrère : le 12 décembre 1943, après avoir célébré la messe anniversaire de la Saint Corentin, il est assassiné dans un chemin creux par la Résistance communiste (FTP) sous les yeux de son enfant de chœur (voir notre série sur les 70 ans de son assassinat).

 

Apprenant la mort tragique de son fidèle ami, l’abbé Lec’hvien en est très affecté, il ne se doute pas que huit mois plus tard il subira le même sort.

Dans la nuit du jeudi 10 août au vendredi 11 août, il est victime d’un traquenard. Des individus viennent à son presbytère, alors qu’il est déjà couché, solliciter de l’aide pour un « blessé ». N’écoutant que son devoir, il s’habille, face à ses visiteurs, il est aussitôt violemment frappé, il s’enfuit et tente de se réfugier dans une pièce, en vain. Il est embarqué dans une voiture. Arrivé à 20 kilomètres de là, il est de nouveau frappé sauvagement, son sang coule, il est bâillonné, mis à genoux et abattus de deux balles dans la tête. Son corps est abandonné dans un chemin creux où on le retrouvera le lendemain, baignant dans son sang. Comme pour le recteur de Scrignac, peu de ses paroissiens oseront assister à ses obsèques par crainte des représailles communistes. Plus tard un des bourreaux confessera que l’abbé Lec’hvien avait reconnu dans ses assassins un de ses protégés, et il lui aurait dit : «Te ivez va mab ? »  (Toi aussi, mon fils ?), une sorte de Brutus en quelque sorte (1).

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En 1797, le dernier recteur de Scrignac-Poullaouen – l’abbé Klaoda Jégou – est assassiné dans un chemin creux ; cent cinquante ans plus tard, l’abbé Perrot est assassiné dans ce même chemin creux, et l’abbé Lec’hvien est assassiné lui aussi dans un chemin creux. Assurément, les révolutionnaires et leurs homologues communistes affectionnaient à leur façon les «chemins creux bretons» pour accomplir leurs crimes de sang et y abandonner leurs victimes..

Ainsi, ces deux prêtres bretons qui avaient si bien servi la France, seront tués, non par des balles allemandes, mais par des balles françaises, par des bretons pourris par l’idéologie communiste et la haine des prêtres qu’avait infusé dans la société le fondamentalisme laïque de ces gouvernements anti-chrétiens. Assassinés en tant que prêtres, assassinés en tant que bretons aimant d’un grand amour leur Patrie. et c’est en cela que leur martyre est semblable à celui du père Popieluszko, lui aussi tombé sous des balles communistes et de la main de polonais comme lui..

 

En cet été 1944, les communistes assassineront encore l’abbé Rallier, curé de Bieuzy-Lanvaux (Morbihan), le jeune séminariste Pierre Philippon venu prier sur la tombe de l’abbé Perrot à Koat-Kéo en Scrignac. Insatiables, la résistance communistes projetaient aussi d’assassiner le Révérend Dom Alexis Presse de Boquen, grand ami de l’abbé Perrot et de l’abbé Lec’hvien, qui ne dut son salut que d’avoir été prévenu à temps du sort qui l’attendait (2).

 

abbé perrotNous conclurons par ce que disait l’abbé Perrot au début de la guerre : « Les Bretons feront leur devoir jusqu’au bout tant que durera la guerre comme ils l’ont fait jusqu’ici. Mais une fois sonné l’heure de la paix, ils demanderont d’être laissé en paix, et pour être en paix, ils ne souffriront pas qu’il leur soit fait la guerre en aucune façon, ni à leur foi, ni à leur langue, ni à leurs traditions, ni à leur nationalité ». Hélas ! la France répondra par toujours plus de persécutions…jusqu’à la prochaine mobilisation, et ensuite la reprendra à nouveaux avec les succès que l’on connaît.

 

Les expositions sur cette guerre ne manquent pas. On y rend hommage à « toutes les composantes de l’armée française », et pour l’occasion certains idéologues n’hésitent pas à «réécrire l’Histoire» pour la faire coller à «l’Historiquement correct» et « n’oublier personne » Mais y en aura-t-il une seule de ces expositions qui rendent hommage aux sacrifices des prêtres bretons, des soldats bretons en tant que Bretons, et non en tant que «chairs à canon» d’une France jacobine et anti-chrétienne, et qui aujourd’hui retourne à ses vieux démons christianophobes, et les cultive avec délectation. 

 

Nous avons toutes les raisons de rendre hommage aux dévouements de tous ces saints prêtres, qui dans un don total de leur propre vie voulurent partager le sort des soldats. La France a une dette imprescriptible envers eux. Les Bretons, l’Eglise de Bretagne ont aussi toutes les raisons d’êtres fiers et d’honorer ces deux prêtres martyrs que nous avons, au nom de tous les autres, cités en exemple. Le temps est venu de les tirer de l’oubli, de leur rendre justice…

 

 

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Sources & Notes :

 

Textes, citations et photos : archives Herry Caouissin-Ar Gedour. Ces documents incluent des notes personnelles du front de l’abbé Perrot et souvenirs, notes, articles, conférences de Herry Caouissin. Leur utilisation est interdite sans autorisation.

 

Lire aussi :

 « L’abbé Jean-Marie Perrot » de l’abbé Henri Poisson. ( sources archives H..Caouissin ).

« L’abbé Pierre-Marie Lec’hvien » du même auteur.

 

  1. Témoignage anonyme, écrit sur sept pages de cahier d’écolier par un témoin qui l’envoya en 1946 à Herry Caouissin, et qui servit à l’abbé Poisson pour écrire le chapitre sur l’assassinat.

  2.  Lettre de Dom Alexis Presse ( 28 mai 1946 ) à Herry Caouissin, dans laquelle il confirme qu’il était sur une liste de cinq personnes devant-êtres abattues ( toutes le furent ), et qu’en 1946 sa condamnation à mort n’attendait encore qu’une occasion pour être exécutée, les communistes n’entendaient pas lâcher si facilement leur proie 

 

 

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À propos du rédacteur Youenn Caouissin

Auteur de nombreux articles dans la presse bretonne, il dresse pour Ar Gedour les portraits de hauts personnages de l'histoire religieuse bretonne, ou encore des articles sur l'aspect culturel et spirituel breton.

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