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A Rennes, une chapelle devient centre de fitness : « envoyez vos calories brûler en enfer ! »

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 min

L’ancienne chapelle des Clarisses, sise rue Brizeux à Rennes, sera bientôt transformée en salle de fitness.

Les clarisses, qui étaient là depuis 1885, avaient quitté le couvent dans les années 2000 et le groupe Giboire avait alors transformé les lieux en 185 appartements haut de gamme, sur environ 6000 m². La chapelle avait été préservée. Le quotidien 20 minutes a annoncé le 15 mai dernier que Thierry Marquer, patron de l’enseigne rennaise L’Orange Bleue, a racheté la chapelle rue de Brizeux, et qu’il y ouvrira son nouveau concept de club de sport début juin.

« Je ne cherchais pas de lieu atypique absolument mais l’opportunité s’est présentée. Quand on a vu le lieu, ça nous a inspirés. Commercialement, ça peut être un bon moyen de se démarquer », reconnaît le patron de l’Orange Bleue, qui assure « ne pas vouloir dénaturer le lieu »

Et effectivement, il ne dénature pas le lieu, comme vous pouvez le constater par l’excellent goût de la pub posée sur la grille de la chapelle, repris sur Twitter par le Père Nicolas Guillou :

 

Le quotidien 20 minutes citant le père Roger Blot, fin connaisseur du patrimoine immobilier rennais. ajoute   : « Objectivement, il y a trop d’églises pour les besoins actuels des chrétiens. Donc je ne vais pas m’insurger de voir un club de sport se monter dans une chapelle qui était vide. Bien sûr, j’aurai un pincement au cœur, mais c’est le sens de l’histoire »

Le sens de l’histoire, c’est celui que se donnent les hommes. Or il n’y a pas de fatalité ! Lorsqu’une chapelle, qu’une église ou qu’une cathédrale était construite, ce n’était pas pour les besoins du moment mais pour la génération à venir. Pour que les générations le connaissent ! Le sens de l’histoire peut être écrit de la manière dont nous la concevons. Or dans la grande braderie que nous connaissons, il y a en filigrane un manque de foi et d’espérance. Comment accepter avec résignation que le sens de l’histoire puisse être celui de la défaite ? Comment accepter que le sens de l’histoire puisse être celui de l’abandon ? Comment accepter que le sens de l’histoire puisse être celui d’une désertion ?

Mais trop tard…  dans cette chapelle autrefois prévue pour le salut de l’âme, le culte du corps au présent saura bien satisfaire ceux qui n’ont plus d’Espérance !

Mens sana in corpore sano (une âme saine dans un corps sain), disait Juvénal ? 

 

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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6 Commentaires

  1. COPIE DE LA LETTRE envoyée aux Pères Guillou & Blot :
    ========================================
    (pour plus d’infos, me contacter directement)

    Mon Père,

    Je prends connaissance des nombreux articles de presse et sur internet, concernant l’ancienne CHAPELLE DES CLARISSES.
    Je me permets de réagir à votre propos, notamment celui-ci :
    « Bien sûr, j’aurais aimé que l’on trouve une autre destination, peut-être plus culturelle, à ce lieu, mais la chapelle a été vendue il y a des années et c’est le propriétaire qui décide. »
    « D’abord parce qu’elle se trouve dans ma paroisse, et aussi parce que j’y venais quand j’étais enfant, comme beaucoup de Rennais. C’est un lieu de paix et d’adoration. »
    « Des paroissiens m’ont signalé cette banderole et m’ont fait part de leur émotion, certains se sont même sentis blessés »,
    (OUEST-FRANCE du 25/05/2017)

    Il se trouve en effet que ce qu’il faut bien appeler un scandale d’une certaine manière, l’est doublement ! En effet, ce que vous ignorez sans doute, c’est qu’une offre de rachat de cette chapelle a été présentée à la maison GIBOIRE, et cette offre a été posée par un comité de sauvegarde du Patrimoine (sachant que le diocèse ne pouvait la racheter), dans le but d’éviter une dénaturation du local en lui conservant un usage culturel, (sans exclure même un possible usage pour du spirituel) comme le fait Philippe Abjean pour les chapelles qu’il sauve justement soit d’une destruction, soit d’une dénaturation scandaleuse.Ce projet aurait permis de maintenir un lieu de souvenir et de mémoire, pour ceux qui ont connu dans le passé cette chapelle et ce monastère. Cette offre était de 400.000 EUR + 100.000 EUR de parkings, donc équivalente, en termes financiers, au prix payé par l’Orange bleue (cf. télégramme du 4/05/2017).

    Nous comptions même y installer un petit orgue, en redécouvrant la belle voûte en pierre comme à l’origine, pour organiser des stages d’orgue et de chant ; ainsi que d’autres instruments de musique, avec une professeur de musique.

    Pour une raison indéterminée, la maison GIBOIRE a délibérément écarté tout projet s’apparentant à du culturel ou du spirituel !? Cette volonté était déjà affichée dans un article de Ouest-France du 18 juin 2015. Les seuls usages envisagés étaient alors ceux-ci :
    « La chapelle des sœurs a également été préservée, elle sera vendue. Sa future utilisation n’est pas encore définie. Elle pourrait abriter une activité commerciale ou d’affaires avec des bureaux, un restaurant, une salle de sports ou de grands lofts. »

    Je suis surpris par ailleurs de lire l’avis du Père BLOT, estimant qu’une salle de sport dans cette chapelle, c’est rien moins que « le sens de l’histoire » ! :
    « Donc je ne vais pas m’insurger de voir un club de sport se monter dans une chapelle qui était vide. Bien sûr, j’aurai un pincement au cœur, mais c’est le sens de l’histoire » (20 Minutes)
    Je précise que cette chapelle est listée dans les éléments du Patrimoine rennais par l’Inventaire, et les services de la ville demandent même d’éviter une dénaturation de ces locaux :
    Cf. texte et lien ci-dessous.
    Or, le culturisme n’est pas du culturel (faisant appel aux facultés de l’âme et l’esprit) : faut-il le préciser ? Mélanger les éléments religieux (vitraux, statue, croix du cloitre remise à l’entrée, etc.) avec le culte du corps, dénote une profonde méconnaissance des choses.
    Si ce « fin connaisseur du patrimoine immobilier rennais » (dixit 20 Minutes), n’est pas plus attentif à défendre les biens du Patrimoine religieux, où va t-on ?

    Personnellement, je suis donc choqué à plus d’un titre dans cette affaire, et je vais informer les journalistes, comme je le fais ici, non pas du « sens de l’histoire », mais d’une intention délibérée de dénaturer un élément du Patrimoine rennais, en méprisant une offre sérieuse de sauvegarde, donc une volonté de mépriser l’histoire et le respect du lieu. Le choix de la maison GIBOIRE n’est clairement pas un choix par défaut, et cela doit se faire savoir. C’est un saccage délibéré du Patrimoine religieux, pour parler clairement.

    Bien respectueusement,

    L. Jean-Bernard MORLIER

    PATRIMOINE D’INTERET LOCAL
    RECENSEMENT DES ELEMENTS
    CLASSIFICATION REALISEE AVEC L’INVENTAIRE GENERAL
    A PARTIR DES ETUDES DE MORPHOLOGIE URBAINE
    ET DU PRE-INVENTAIRE DE LA D.R.A.C.
    Ville de Rennes – Direction de l’Aménagement et de l’Urbanisme P.L.U. approuvé le 17 mai 2004
    Rennes Métropole – Service Etudes Urbaines modifié le 14 mai 2007

    Le couvent des clarisses est répertorié page 14, avec trois étoiles, comme élément de grande qualité patrimoniale :
    Intérêt culturel : « de qualité »
    Intérêt historique : « élevé »
    http://metropole.rennes.fr/fileadmin/rrm/documents/Pratique/Infos_et_demarches/logement__urbanisme/PLU/DOSSIER_C/CVII_-_PBIL/C07_01_PBIL_M2.pdf
    Le présent document récapitule l’ensemble des éléments de patrimoine d’intérêt local répertorié au cours des diverses études conduites dans le cadre de l’élaboration du document de planification et explicitées dans le rapport de présentation. Cette démarche, initiée lors de la révision du Plan Local d’Urbanisme de 1998, s’inscrit en complémentarité de la politique de l’Etat en ce qui concerne la protection du patrimoine national. Il convient de souligner que le travail antérieur a été complété dans le cadre de l’inventaire topographique réalisé par le service de l’Inventaire Général de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne de fin 1997 à fin 2002. Les données relatives à la connaissance du bâti et à la constitution de la ville sont aujourd’hui importantes sur le territoire communal rennais ; toutefois cette démarche, comme toute démarche patrimoniale, ne peut être exhaustive. Il s’agit ici de mettre en place un dispositif complémentaire de veille vis-à-vis d’édifices repérés comme de qualité pour éviter leur dénaturation, voire leur démolition éventuelle, en lien, bien évidemment, aux enjeux de développement de la ville et de son agglomération. L’approche concernant le patrimoine d’intérêt local est développée dans les différentes parties du rapport de présentation, notamment l’état initial du site (tome 1) et les dispositions mises en œuvre dans le cadre du P.L.U. (tome 3)
    Le document est organisé sous forme de fiches, correspondant soit à un élément bâti isolé, soit à un ensemble de bâtiments. Une classification a été effectuée afin de préciser leur intérêt :
    – intérêt culturel (architectural et urbanistique),
    – intérêt historique.
    Divers niveaux de valeurs sont différenciés qui sont intérêt moyen, de qualité, élevé, exceptionnel. Il résulte de cette approche les trois types de classification suivants :
    – éléments de grande qualité patrimoniale (***),
    – éléments de qualité, inscrits dans certains cas dans un ensemble urbain cohérent (**),
    – élément intéressant relevant d’une simple information (*).
    Outre les données d’identification du bâtiment, ou du groupe de bâtiments, chacune des fiches précise l’intérêt de l’élément patrimonial par un commentaire.
    Il convient de préciser que le document est construit à partir de la classification citée ci-dessus, et que les adresses sont données par ordre alphabétique dans chaque classe :
    – éléments *** pages 2 à 108,

    Synonymes dénaturer
    dénaturer, 12 synonymes

    altérer
    corrompre
    défigurer
    déformer
    fausser
    frelater
    gâter
    mutiler
    polluer
    trahir
    transformer
    travestir

  2. C’est une épreuve pour nous chrétiens d’aujourd’hui de voir une chapelle devenir un lieu de sport. Cela me rappelle l’épreuve plus grande encore de la destruction du Temple de Jérusalem par Nabuchodonosor. Par ailleurs, le pape François nous dit que le temps est supérieur à l’espace. On perd un lieu de culte on n’arrête pas de célébrer des liturgies.

    • Eflamm Caouissin

      Mais justement, si l’on se réfère à Evangelii Gaudium comme vous le faites ici, prenons la suite de ce que vous soulignez,  » le temps est supérieur à l’espace » (EG 222). Le paragraphe 223 dit que « ce principe permet de travailler à long terme, sans être obsédé par les résultats immédiats ». L’idée même de se départir de ces lieux de culte ne va-t-il pas justement à l’encontre de cette idée ?
      Lorsque le temple de Jérusalem a été détruit par Nabuchodonosor, il a ensuite été reconstruit dès le retour de captivité. Les Hébreux auraient pu se dire que le Temple n’était plus mais que ce n’était pas si grave… Mais les Hébreux ne se sont pas laissés imposer un quelconque « sens de l’histoire » : ils se sont attelés à la tâche pour reconstruire le temple. Non pas pour eux mais pour Dieu, et pour les générations suivantes.

      Tudwal dit dans l’article que « lorsqu’une chapelle, qu’une église ou qu’une cathédrale était construite, ce n’était pas pour les besoins du moment mais pour la génération à venir. Pour que les générations le connaissent ! » Il n’y avait pas d’obsession de résultat immédiat mais un travail sur le long terme.

      Lorsque nous, chrétiens, voyons se détruire une chapelle ou église, que ce soit le bâtiment, ou la communauté qui va avec, pensons-nous à rebâtir ou nous laissons-nous, avec un pincement au coeur, happer par le « sens de l’histoire » ?

  3. Le culte du corps remplace le culte divin. J’ai parfois assisté à la messe chez les clarisses quand j’étais étudiant, je me verrais mal soulever de la fonte dans cette chapelle.

  4. Le groupe GIBOIRE a fait fort avec la chapelle des clarisses dénaturée ! Du jamais vu à Rennes… Une chapelle catholique dédiée désormais au culte du corps, au culturisme, avec sauna et hammam, tout en conservant les objets religieux de ce lieu sacré : Crucifix, Vierge, vitraux (tels des pots de fleurs qui font jolis) ! En fait, le nouvel Évangile selon GIBOIRE (celui qui a décidé de cet usage alors qu’une autre offre a été faite, qui aurait respecté le lieu ), c’est : « Je crois au corps, à ses pompes et à ses œuvres… » et met l’affaire en pratique : Pompes étant en plus le mot qui convient !…. puisque comme chacun sait « Les pompes sont un exercice de base pour développer force et puissance… » ( http://www.litobox.com/pompes )

    Je me permets de rappeler le vrai Évangile, selon cette fois saint Paul : « 16 Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. 17 Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. 19 On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche… 24 Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. » (Galates, 5)

    Bon texte à lire pour développer le sujet :
    https://www.france-catholique.fr/La-chair-et-l-esprit.html

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