Saints bretons à découvrir

Duo bombarde et orgue : le profane au service du Sacré

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Cet article est proposé par l’un de nos lecteurs, Louis-Marie Salaün, l’un des deux musiciens du duo orgue / bombarde Salaün- Broquet,  dont nous vous entretiendrons dans un prochain article. L’auteur proposera régulièrement sur Ar Gedour des publications expliquant un cantique breton sur le plan musical et spirituel.

bombarde-et-orgueL‘orgue, instrument d’église par excellence destiné à accompagner et soutenir le chant des fidèles fait depuis des siècles parti du paysage liturgique. Il est depuis bien longtemps un habitué de nos églises, cathédrales, basilique et son absence (physique et sonore) donne souvent une impression de vide dans nos édifices religieux.

La bombarde, ce hautbois emblématique de la Bretagne a elle aussi fait sa place (notamment depuis le XVIIIème siècle ou elle trouva sa forme actuelle) dans le paysage musical breton mais dans le domaine profane.Elle est destinée à accompagner les danses aux cotés du biniou.

Souvent crainte par l’Eglise parce qu’elle était associée aux plaisirs du Monde qui éloignaient de Dieu les âmes, on dit même qu’elle fut un temps interdite d’entrée dans les églises bretonnes.

Pourtant, bravant en quelque sorte cet interdit, dans les années 1940 sous l’impulsion d’un organiste et musicien breton de renom – Jef le Penven – et d’un talabarder, facteur d’instrument de surcroît -Dorig LeVoyer -,  la bombarde pour la première fois, prit sa place aux cotés de l’orgue dans une église du Morbihan.

Ce qui au départ n’était qu’un essai, voir une simple expérience devint au fil du temps, et en très peu de temps une habitude.Une habitude qui aujourd’hui dure encore !

Les essais passés, on s’aperçut avec étonnement que non seulement l’association de ces deux instruments à la vocation diamétralement opposée était très réussie, mais également que l’instrument champêtre à caractère profane n’avait pas son pareil pour interpréter et magnifier, avec le soutien de l’orgue les nombreux cantiques bretons, dont la simplicité et la beauté émouvaient l’âme et le cœur de ceux qui les chantaient depuis des générations.

Ainsi, à la richesse, à la beauté théologique et musicale des cantiques s’ajoutait d’une manière inattendue la richesse et la beauté du timbre d’un instrument sonore aux accents rustiques magnifié par le soutien et l’appui de l’orgue. Désormais, aux cotés de l’orgue, la bombarde allait se faire dans nos églises bretonnes, « servante » de la liturgie, miroir et ambassadrice de la piété, de la foi des bretons par l’interprétation des cantiques au cours des offices.

On peut le dire, 70 ans après l’introduction de la bombarde à l’église, cet instrument profane à vocation champêtre jadis craint par l’Eglise a gagné ses lettres de noblesse en se mettant au service du Sacré.

Après avoir largement fait ses preuves que ce soit par de nombreux enregistrements ou plus directement par l’accompagnement des offices (messes et vêpres des Pardons notamment) dans de nombreuses églises en Bretagne, le duo bombarde et orgue a conquit l’âme et le cœur du clergé et des fidèles. Ce duo d’un genre nouveau a donné et continue à donner une seconde vie, un élan nouveaux à tous nos beaux cantiques bretons que certains auront même complètement redécouvert avec un regard et une sensibilité nouvelle!

Quel plus beau témoignage que celui des larmes versées par l’émotion de l’âme et du cœur, comme le soulignait le curé de Quistinic en préfaçant l’un des premiers vinyle bombarde et orgue du célèbre et regretté duo Jégat et Yhuel(+) dans les années 70:

« ouzhpenn e vo fromet e galon, hag an dour en e zaoulagad! Larmes de joie que j’ai vu jaillir, je l’atteste, et provoquées sans doute par une expression si parfaite, populaire et artistique, du sentiment religieux de notre peuple, ou peut-être par la conjonction insolite mais enthousiasmante d’un instrument profane et de la mélodie religieuse; joie aussi de se sentir breton, comme dirait Morvan Lebesque ».

À propos du rédacteur Louis-Marie Salaün

D'origine bretonne,né en 1982 petit-fils d'écrivain catholique il est sensibilisé depuis l'enfance à la musique sacrée, la transmission et la défense de la foi. Il découvre tout jeune les cantiques bretons par le biais du duo bombarde et orgue (qu'il pratique aujourd'hui avec son beau-frère). Devenu sonneur de bombarde à l'âge de 26 ans il exerce en parallèle la fonction de chantre dans sa paroisse de 2003 à 2010, puis chef de chœur de 2 chorales paroissiales (ND de la Trinité à Blois en 2012-2013 et le Chœur St Nicolas à Troyes depuis 2015).

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