Pourquoi servir la même « approche liturgique » lors des pardons qu’aux messes dominicales per annum ?
Certains pardons attirent les pèlerins, mais d’autres se meurent doucement, pour des raisons qui peuvent s’expliquer largement. Pourtant, ce sont là des lieux et des moments propices à l’Evangélisation. On ne peut se contenter de soins palliatifs pour nos pardons comme si nous attendions qu’ils meurent d’eux-mêmes (comme nombre de nos paroisses). Pour laisser alors la place à quoi ?
Les Bretons comme tous les autres catholiques de par le monde sont des gens incarnés qui aiment le symbole et la réalité de tous les sens, et là où le bât blesse , c’est qu’il faut souvent se battre contre la pastorale de la photocopieuse, contre des gens (prêtres ou laïcs) qui appréhendent difficilement les enjeux de la tradition et de l’évangélisation, voire de la liturgie elle-même. Grâce à Dieu, les pardons sont encore fréquentés par des gens de toutes catégories et les Bretons ont encore leur mot à dire. Les pardons sont une occasion rêvée pour toucher et évangéliser des personnes qui ne viennent presque plus à la messe à part pour cette occasion. Nous allons donc consacrer certains de nos articles sur le sujet, en nous basant notamment sur des propositions de certains de nos lecteurs, suite à la consultation sur la place de la culture bretonne dans l’Eglise.
Pourquoi mettre les processions avant la messe ?
Il faudrait cesser cette déplorable habitude venue d’on ne sait où, et qui se répand dans nos pardons, de décaler les processions avant la messe. Les processions de nos pardons sont une action de grâce et non une préparation à la messe, c’est un non-sens historique, culturel et religieux. Il ne faut pas confondre, en effet, le fait que les pèlerins venaient à pied (et donc formaient une procession) avec cette procession d’action de grâce qui doit se faire à l’issue de la messe.
Par ailleurs, cela soulève des questions. Que voit-on alors ? Certains fidèles préfèrent rester dans la chapelle ou à l’église pour avoir une bonne place, les retardataires sont tiraillés entre la procession en route et la facilité de rester à la chapelle, la ferveur est tiède, la procession est bâclée, le chant est mou, la symbolique massacrée.
Quel est l’intérêt de faire un feu de joie (avec parfois la descente de l’ange ou de la colombe pyrophores) avant la messe alors qu’il est normalement la transition avec les réjouissances profanes ?
Quand la procession a lieu après la messe, les fidèles sont « chauds », on trouve plus de ferveur, et l’on termine devant le feu de joie que l’on peut tranquillement contempler brûler en écoutant les explosions de pétards avant d’aller « boire l’apéro ». Et, pour le dire familièrement : « ça a franchement une autre gueule… »
Quand le feu de joie a lieu avant la messe, (quand il existe encore) on a l’impression d’être pressé pour être dans les clous du reste du planning … Or, que ce soit ce feu de joie, alliant les dimensions de renouveau, de purification et de louange, ou la bénédiction à la fontaine, ces rites ont un sens. La procession (avec les bannières), l’eau et le feu sont étroitement liés entre eux. Il n’y a donc aucun sens à séparer ce qui a vocation à être uni. Mais il serait intéressant d’expliquer aux « pardonneurs » le pourquoi de tout cela, que cela soit fait avec foi et non simplement par rite, que cela soit fait non seulement par respect de la Tradition mais aussi dans un esprit missionnaire.
Nous reviendrons la semaine prochaine sur « Les baptêmes lors de nos pardons » en précisant cette question. Un autre article sera dédié à ces « feux de joie ».
d’après U.R
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