Saints bretons à découvrir

LES REPOSOIRS DU JEUDI SAINT

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Voici notre  rubrique spécifique aux astuces de sacristie, que vous retrouvez régulièrement sur votre site préféré. Dans les paroisses, nous voyons parfois des calices ou ciboires ternis, des linges pas toujours propres, des fleurs fanées, des encensoirs pleins de suie, des bougies dégoulinantes, des aubes tachées…

 « Kavadennoù ar sakrist », ce sont des astuces qui feront de votre sacristie l’antichambre du paradis. Merci au Père Michel sans qui cette rubrique n’aurait jamais vu le jour.  Nous vous proposons aujourd’hui la rediffusion d’un article qui sera utile pour la Semaine Sainte.

Avant de lire cet article, nous vous proposons cet Ubi Caritas (de C. Dovers) :

 

 

« Bien que la liturgie soit principalement le culte de la divine majesté, elle comporte aussi une grande valeur pédagogique pour le peuple fidèle. Car, dans la liturgie, Dieu parle à son peuple ; le Christ annonce encore l’Évangile. Et le peuple répond à Dieu par les chants et la prière.

Bien plus, les prières adressées à Dieu par le prêtre qui préside l’assemblée en la personne du Christ sont prononcées au nom de tout le peuple saint et de tous les assistants. Enfin, le Christ ou l’Église ont choisi les signes visibles employés par la liturgie pour signifier les réalités divines invisibles. Aussi, lorsqu’on lit « ce qui a été écrit pour notre instruction » (Rom. 15, 4), mais encore lorsque l’Église prie, chante ou agit, la foi des participants est nourrie, les âmes sont élevées vers Dieu pour lui rendre un hommage spirituel et recevoir la grâce avec plus d’abondance ».

Concile Vatican II – Constitution sur la liturgie Sacrosanctum concilium (article 33)

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reposoir.jpgA la fin de la célébration du Jeudi Saint durant laquelle les cloches ont sonné une dernière fois pendant le Gloria, le Saint-Sacrement est retiré de l’église et ce jusqu’à la veillée pascale. Jésus Eucharistie est porté solennellement vers un endroit que l’on nomme « reposoir ».

Traditionnellement, ce reposoir est totalement fleuri, décoré et éclairé de nombreux cierges .

A l’arrivé au reposoir, le prêtre encense le Saint Sacrement et on chante le « Pange Lingua ». L’Eucharistie est conservée pour la communion du Vendredi saint, qui ne voit aucune consécration durant l’office.

Pendant ce temps, l’autel est dépouillé des nappes, cierges, ornements, croix, symbolisant le dénuement dans lequel se trouve le Christ durant la Passion. Autrefois, et encore dans certains lieux, ont voilait de violet les statues des saints (parfois dès les Rameaux) et les Croix, et on ne les dévoilait qu’au Gloria triomphant du samedi soir.

Revenons à la cérémonie du Jeudi Saint. Après la communion, nous sommes donc invités à  nous REPOSOIR 2.JPGrecueillir et à adorer le Saint Sacrement, exposé au reposoir, en méditant silencieusement l’agonie de Jésus dans la solitude du jardin des oliviers à Gethsémani. On répond à son appel « Veillez et priez ». Ce temps d’adoration permet de veiller avec le Christ Jésus dans la nuit du Jeudi saint.

Il y a aussi une tradition qui invite à lire à haute voix le dernier entretien de Jésus avec ses disciples (Jean 13,31 – 17,26). On veille à ce qu’il y ait toujours un nombre convenable d’adorateurs en présence, du moins jusqu’à minuit.

Mais pourquoi fleurir ce reposoir ? C’est une question qui se pose à un moment où de nombreuses paroisses prennent pour reposoir un tabernacle d’une chapelle latérale de l’église, où le dénuement est proche de celui de l’autel. Nombreux sont ceux qui ne voient pas le sens de changer simplement de tabernacle, s’ils le remarquent même (car parfois il n’y a pas de procession solennelle marquant ce moment).

Et pourtant… rien n’étant trop beau pour Dieu, les fleurs peuvent déjà être un chemin vers l’adoration, et qui plus est lorsque le faste floral (avec mesure) dû à notre Dieu s’oppose au dépouillement endeuillé de l’église à l’approche du Vendredi Saint. Nous pouvons nous rapprocher ici de ce chant Crux fidelis, qui dit : O Croix, notre espérance, arbre unique et noble entre tous, aucune forêt n’en produit qui t’égale, en fleurs, en feuillage et en fruits.

Mais elles sont aussi fruits et symbole du renouveau printanier, préfigurant la Résurrection du Christ, et la nôtre avec Lui, dans le parfum de la Création. Et si nos péchés sont les crachats jetés au visage du Christ, les milles fleurs et cierges du reposoir sont nos offrandes au Christ qui s’est donné pour nous, il y a deux mille ans mais aussi aujourd’hui. Et ces milles fleurs sont enfin l’hommage de la communauté paroissiale toute entière, et le don d’elle-même, à Jésus Eucharistie mort pour nous sur le bois de la Croix.

Alors si les équipes paroissiales, et les paroissiens avec elles, étaient partout invités à mettre en place de véritables reposoirs dignes d’accueillir Jésus Eucharistie, tout en leur signifiant le pourquoi de ces reposoirs, il est probable que les adorateurs seraient plus nombreux durant l’Heure Sainte, et que le sens de la messe du Jeudi Saint (qui doit être solennelle) puis de l’accompagnement de Jésus à Gethsémani (via le reposoir) serait bien mieux compris…

 

Sources : – Cybercuré et  Constitution Sacrosanctum Concilium

Photo : Reposoirs Sacré Coeur de Montmartre & Cathédrale Sainte Marie (Toulon)

Première diffusion de l’article le 05/04/2012

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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