PARDONS DE BRETAGNE : SAINT-YVES BUBRY

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Une nouvelle rubrique voit ici le jour, pour mettre en avant différents pardons bretons, mais aussi pour permettre aux organisateurs d’avancer sur certains sujets. Ces articles ne seront donc pas uniquement là pour relater l’actualité des pardons mais aussi pour parler de la liturgie, proposer des points à améliorer, donner des idées de dynamisation, etc… Les comités de chapelles et animateurs se donnent souvent sans compter, mais malgré la bonne volonté, ils peuvent être démunis notamment sur l’aspect religieux.

 Il ne s’agit donc pas de faire ici des articles “critiques” mais constructifs, à l’adresse des comités concernés mais aussi des autres car ce qui est valable pour l’un peut aussi l’être pour un autre.. Ar Gedour est bien évidemment prêt à aider sur demande, comme c’est déjà parfois le cas. 

 

saint yves bubryCe dimanche 24 mai 2015 a eu lieu le pardon de Saint-Yves Bubry, dans le Diocèse de Vannes.

Alors que de nombreuses paroisses étaient désertes, invitées à se rassembler à Sainte Anne d’Auray pour les confirmations, la paroisse de St Yves Bubry proposait d’honorer comme chaque année le patron local, et patron de la Bretagne.

Nous découvrions ce pardon pour la première fois : l’église paroissiale était presque comble pour la messe de 10h30, célébrée par le Père Prévost. Environ 300 personnes étaient là pour chanter principalement en breton, avant d’entamer la procession vers le tantad (feu de joie) en entonnant le cantique local dédié à Saint Yves. Le retour se faisant aux sons des cornemuses, bombardes et percussions du Bagad Sant Ewan et de la Kerlenn Pondi, accompagnés d’enfants en costumes (Bugale Melrand). Une procession attirant environ deux fois plus de personnes, d’autant qu’à l’issue, un concours de sonneurs et une prestation de danse bretonne étaient proposés à la population alors que dans l’église les visiteurs pouvaient vénérer les reliques. 

 

POINTS FORTS : 

– Une fête profane (avec animations et repas) et une fête religieuse qui se mêlent, occasion propice à de l’évangélisation de rue. Il serait intéressant de voir comment interpeller ceux qui ne viennent pas à la messe, notamment sur la signification du pardon, voire du tantad. Une explication avant d’allumer le feu ne serait pas inutile. 

– un ancrage culturel fort : que ce soit par les cantiques, par la musique ou les costumes, ce pardon touche certainement beaucoup de gens, parfois loin de l’Eglise mais attachés au personnage de Saint Yves et à la tradition locale. Les gens chantaient d’ailleurs les cantiques bretons avec coeur, bien plus que les chants français. Il est bien évident que le côté bretonnant de ce pardon attire, comme c’est le cas dans certains autres lieux. 

– les cantiques bretons avaient leur traduction sur les feuillets de messe, permettant aux non-brittophones de suivre, de comprendre, voire de chanter car ils savaient ce qu’ils chantaient (donc un blocage en moins). Tout le monde n’y pense pas, et c’est donc un point que nous soulignons. Notons qu’en ce jour de Pentecôte, le chant d’entrée était “Spered Santel, O guir sklerdér”, un cantique en breton à l’Esprit Saint. Très bon choix d’autant qu’il est beau, tant dans sa partition que dans ses paroles. 

 

 

POINTS A AMELIORER : 

– LITURGIE : Si dans l’ensemble la messe était de bonne tenue, accompagnée par un bon organiste, voici quelques points qui seraient toutefois à améliorer. Il serait par exemple souhaitable d’opter pour un vrai Je crois en Dieu ou Credo (Symbole de Nicée-Constantinople ou Symbole des Apôtres, au choix) et un vrai “Sanctus” conformément à ce qui est demandé dans la liturgie. Il faut aussi savoir que le chant de paix à la place de l’Agnus Dei (Agneau de Dieu) est à proscrire, conformément à l’instruction approuvée par le Pape François le 7 juin 2014 (téléchargeable ici)

Quant au Notre Père, la version sur l’air de “Silvestrig” est une paraphrase de la prière bien connue mais n’est pas un Notre Père ayant sa place dans la liturgie, notamment parce que toutes les paroles n’y sont pas. 

– RETOUR DE LA PROCESSION : Le retour de la procession était plutôt chaotique, car elle se retrouvait transformée en défilé dont les stars étaient les bagadoù. C’est une procession : la croix de procession devrait précéder les musiciens, les reliques juste derrière le bagad de manière à honorer et mettre en valeur le saint de la Paroisse. Des bannières pouvant encadrer ces reliques et d’autres réparties dans la procession. Lorsque les bagadoù s’avancent, tout est carré. Inspirons-nous de cela pour donner de la tenue à l’ensemble de cette procession. 

– LIVRETS : les feuilles de messe sont faites, comme dans beaucoup de pardons, pour des gens qui connaissent la liturgie. Or beaucoup de “pardonneurs” ne sont pas habitués à la messe mais ne demandent pas mieux que d’en savoir plus. Soyons missionnaires ! Nous invitons donc les organisateurs des divers pardons à décrire en 3 lignes chaque étape de la messe. Croyez-le : c’est une recette qui a déjà fait ses preuves. Nous en publierons un modèle d’ici quelques jours sur AR GEDOUR. 

 

Crédit Photo / vidéo : Ar Gedour – 2015

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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4 Commentaires

  1. merci de nous donner de tels documents !
    Oui, j’ai trouvé davantage de “tenue” dans le défilé des bagadou,que …dans la pauvre croix et le prêtre ,arrivant derrière… On peut ici mesurer combien nous avons “régressé” par rapport à nos processions en … 1915! Alors,les fidèles accueillant le Christ et les saints, avant de venir zoomer les musiciens et “faire des photos”. (Si l’on avait alors disposé du matériel actuel, nous aurions,en effet,de prodigieux documents sur les pardons que connurent nos arrière-grands parents)
    Un souhait quant à l’habillage: pourquoi les “sonneuses” sont elles en jupes laissant voir les cuisses ou en pantalons,alors que le costume est tellement plus seyant ?

  2. l’année prochaine le pardon sera prêché par Mgr Maurice Roger, vicaire général, – si on le lui demande – les barreaux de Vannes et Lorient seront dignement représentés et la présence des étudiants en théologie de l’UCO rendue obligatoire pour la validation de leurs acquis au titre des travaux pratiques !

  3. Félicitations pour cette sorte de guide Michelin des pardons. Espérons que vous serez entendus par ceux qui les organisent.

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