[Soñjoù] “LE JOAILLIER DES AMES” – Matelin

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Ar Gedour accueille un nouveau contributeur, qui nous propose aujourd’hui cette réflexion poétique. 

Tout Etre est semblable à une pierre précieuse que l’on ramasse dans un ruisseau, dans les rochers ou dans la boue.

Certaines pierres sont visibles immédiatement : elles n’ont pas de gangue, cette croûte qui les entoure. Et le ruisseau qui coule empêche la boue de les recouvrir.

D’autres sont incrustées dans les rochers, et sont plus difficiles à extraire.

D’autres encore, et ce sont les plus nombreuses, sont entourées d’une croûte, parfois si épaisse, si dure qu’il peut sembler impossible d’en extraire la moindre pierpierre precieuse.jpgre de valeur. La plupart d’entre nous, voyant ces pierres si insignifiantes, les rejetons loin de nous lorsque, rarement, nous les remarquons.

 

Le Joaillier pourtant, en véritable expert, sait que sous une croûte parfois si dure, si épaisse et si sombre, se cachent de magnifiques pierres, chacune unique. Mais, pour accéder à ce Trésor qu’est chacune de ces pierres, il faut détruire cette croûte pour qu’il apparaisse au grand jour.

Pour certaines d’entre elles, un ou deux coups de burin et de marteau, en délicatesse, suffiront.

Pour d’autres, il faudra un peu plus de vigueur, mais jamais de force brutale, afin de ne pas en détruire le Cœur.

Pour d’autres enfin, il faudra de la patience, du temps, de la délicatesse et, parfois, un peu plus de vigueur. La croûte est si épaisse et si dure, et le Cœur si fragile, qu’il est nécessaire de l’effriter tout d’abord, régulièrement, au fil des jours. Puis une zone plus fragile de la croûte apparaît. Il est possible d’en fissurer quelques parties. De jour en jour, la croûte s’amincit, s’éclaircit, tombe en morceaux parfois grands, parfois petits….

Et un jour enfin apparaît la pierre, luisant au soleil. Elle est unique ! Elles sont uniques, ces pierres ! Parfois grandes, parfois petites, et toutes aussi belles les unes que les autres….

Le Joailler n’a pas terminé son travail : afin que sa pierre brille de mille feux, et qu’elle soit en harmonie avec les autres pierres qui sertissent sa couronne, il la taille avec douceur, lui donne une forme particulière plus belle encore.

Le Joaillier savait que cette pierre, qui se cachait dans la boue, était celle qu’il cherchait pour rendre sa couronne plus belle encore.

Le Joaillier savait que cette pierre, qui se croyait si inutile, si laide, si insignifiante, était celle qui lui manquait pour rendre son œuvre plus belle encore.

Le Joaillier savait que, sous l’aspect dure, sombre et banal de ce petit caillou se cachait un Trésor si beau et si fragile qu’il alla le chercher dans la boue, le nettoya, et, avec patience, lui donna tout son éclat.

La pierre, c’est chacun d’entre nous : toute créature créature vivante. Tout Etre. Tout homme et toute femme. Enfant, adulte, vieillard….

La croûte, c’est tout ce qui nous empêche d’être nous-mêmes : d’aimer et d’être aimer. D’aimer Dieu et son prochain. D’aimer Dieu et de s’aimer soi-même. D’aimer Dieu et toute créature vivante.

Le Joaillier, c’est Jésus. Le Christ, Fils de Dieu et Dieu fait homme. La couronne est celle que son Père lui donne afin de régner sur toute la Création. Il forge lui-même sa couronne, et y place chaque créature afin de régner avec elles, avec Amour et Justice. Avec Amour et Miséricorde.

Matelin

À propos du rédacteur Matelin

Matelin, bercé par le patrimoine culturel et spirituel du Diocèse de Quimper & Léon, propose ici des réflexions poétiques.

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