Saints bretons à découvrir

Pourquoi se fouler à traduire en breton ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

La signalétique bilingue français/breton est de plus en plus courante en Bretagne, mais il arrive parfois de tomber sur de bien étranges traductions. C’est le cas sur la commune de Ploemeur en pays de Lorient. Autour de l’étang du Ter, les promeneurs et leurs enfants peuvent découvrir le nom de la flore locale au travers de petits pannonceaux trilingues (français, latin pour les noms des plantes, et breton) installés depuis un certain temps vu leur ancienneté.

Panneau trilingue français latin breton pour le noisettier.Mais ce qui est à l’origine une iniative très appréciable frise le ridicule lorsqu’on y regarde de plus près. Le premier pannonceau est situé au pied d’un noisetier, dont le nom latin est correctement indiqué « Corylus avellana », mais est affublé d’une traduction en breton pour le moins atypique « Coat ». Pour les non brittophones, « Koad » (en orthographe moderne) signifie tout simplement « bois » en breton, pas grand chose à voir avec un noisetier qui se dit « Kelvez » en breton ni même avec un arbre qui se dit « Gwezenn ».

Panneau trilingue français latin breton pour le Houx.Une vingtaine de mètres plus loin, un autre pannonceau nous propose cette fois-ci de découvrir le Houx, là encore la traduction en latin est tout à fait correcte « Ilex aquifolium », mais rebelotte pour la traduction en breton « Coat » au lieu du terme breton « Kelenn » pourtant très connu.

Pourquoi se fouler à traduire en breton, il suffit de mettre Coat partout personne n’y fera attention !

Ces traductions fantaisistes sont assez étonnantes à Ploemeur, la ville étant en effet très engagée pour la langue bretonne. Signataire de la charte « Ya d’Ar Brezhoneg » depuis 2006, la ville a obtenu en 2016 le niveau 2 de la charte et s’est engagée pour atteindre le niveau 3. La commune fait également partie des villes ayant fait le choix de soutenir la réunification de la Bretagne en posant en 2016 un panneau « Breizh 5/5 » aux différentes entrées de Ploemeur.

Lorient Agglo en charge de ces panneaux

Contacté sur Twitter, le Maire de Ploemeur Ronan Loas, nous a rapidement donné l’explication. Les abords de l’étang en question ne sont pas de la responsabilité de la commune de Ploemeur, mais de la communauté d’Agglomération de Lorient. Lorient Agglo étant propriétaire des abords de l’étang et ayant donc la responsabilité de l’entretien et des pannonceaux en langue bretonne.

En 2012, Lorient Agglo a pourtant elle aussi signé la charte d’Ar Brezhoneg comme elle le met elle même en avant sur son site web.

« La langue est un véhicule, c’est une matrice. Et quand on a une langue aussi riche que la langue bretonne, il ne faut pas la laisser mourir. On sait qu’elle est en danger ! » (Norbert Métairie, président de Lorient Agglo)

Si la communauté d’Agglomération de Lorient avait su se monter précurseur au départ dans l’utilisation de la langue bretonne, la situation semble depuis avoir tendance à stagner voir à se dégrader bien au delà de petites traductions atypiques.

En 2015, Lorient Agglo avait été pointée du doigt pour son comportement vis à vis du breton. Le collectif  Ai’ta pour la promotion du breton dans la vie publique dénoncait dans un communiqué l’hypocrisie de Lorient Agglo qui 3 ans après la signature de la charte Ya d’Ar Brezhoneg inaugurait son nouveau siège avec une présence du breton réduite au strict minimum.

Le président de Lorient Agglo a pourtant conclu ses voeux de l’année 2017 par un « Bloavezh mat d’an holl ! », alors espérons que cette année 2017 soit l’année de la reprise pour la présence du breton dans la vie publique dans la communauté d’Agglomération de lorient.

À propos du rédacteur Florent Grouin

Trentenaire, marié, père de famille, et chrétien engagé dans la cité. Florent Grouin est impliqué dans de nombreux projets associatifs ou politiques pour la Bretagne et la promotion de la langue bretonne.

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10 Commentaires

  1. Entre autres bizarreries, je m’étonne de la « traduction » de Ste-Anne d’Auray : Santez Anna Gwened. Déjà pourquoi Auray/an Alre est-il devenu Vannes/Gwened ? Mais surtout pourquoi allez inventer « Santez Anna » alors que le nom breton existe déjà : Ker Anna, nom du hameau de Pluneret qui deviendra la paroisse et commune de Ste-Anne d’Auray suite au développement du pèlerinage, et pourquoi traduire mot à mot sainte/santez alors que les toponymes portant des noms de saints commencent habituellement par loc, plou ou ker ?
    Je crains plus largement que la signalétique bilingue ne relève souvent d’un vernis neo breton artificiel et non d’une authentique tradition toponymique, et de même que pour les noms d’arbres on met du breton « pour faire joli » sans réel souci linguistique.

  2. Louis-Marie SALAÜN

    Pour le coup moi aussi j’aurais traduit « Santéz Anna an Alre » pour « Sainte Anne d’Auray ».
    Dans le cas présent la traduction mot à mot semble justifiée. Kêr Anna voulant dire « la ville d’Anne ».

    Pour éviter cette transformation toponymique peut-être aurait-il mieux valu dès le départ nommer ce lieu Locanna?

  3. Et moi j’ai , en ma paroisse de Landévan,un rond-point « kroazhent-tro » »croisement rond? »(Ofis er brehoneg)! Alors que Favereau donne un bon « kammdro » bien plus breton!…

  4. « Santez Anna Gwened » (enfin « Santéz Anna Guéned ») se dit dans certains endroits du vannetais. Mais en fait, sur les panneaux, l’Ofis a évidemment écrit « Santez Anna Wened », comme on dit en KLT car le breton vannetais n’a pas droit de cité sur les panneaux sur son propre territoire (chacun sait que l’Ofis se contrefout des dialectes et veut imposer le même charabia unifié dans toute la Bretagne – y compris en pays gallo).

    Dans certaines communes, on dit « Santéz Anna en Alré ». En fait, la plupart des Vannetais disent simplement « Santéz Anna ».
    Dans tous les cas, je ne vois pas l’intérêt d’aller inventer des noms là où il y en a déjà: puisque pratiquement tout le monde dit Santéz Anna, pourquoi aller mettre autre chose ? (sauf si c’est pour se moquer ouvertement des bretonnants de naissance, ce qui semble souvent être le cas).

    Quant à « kammdro », ça signifie « virage », pas « rond-point » (en vannetais « virage » se dit plutôt « kammdroienn » en fait). « Kroézhent-tro » n’est pas trop mal (l’Ofis a inventé bien pire, au moins là on comprend de quoi il retourne). Je connais une bretonnante de naissance qui a imaginé le mot « kroézhént a roñt », qui est encore mieux.

    Et le « bloavezh mat d’an holl » n’a pas sa place en Vannetais. En pays de Lorient, on dit « Bléeh mat de dout en dud ». C’est désolant de voir que 99% des maires ignorent tout du breton de leur secteur, et se contentent de recopier les bretonneries habituelles (« degemer mat » et j’en passe) ou de faire confiance à des incompétents plutôt que de simplement demander aux anciens, qui eux, parlent breton depuis toujours… On nous parle de patrimoine, mais en fait, le patrimoine linguistique de la Basse-Bretagne (je parle de la langue des gens, pas du breton standard KLT qui est farci d’inventions étranges, d’erreurs et de gallicismes), tout le monde s’en fout…

    • Tout à fait d’accord avec vous : On pourrait faire un bêtisier des traductions aberrantes d’Ofis ar brezhoneg. Concernant la traduction de sainte Anne d’Auray, il y a eu confusion entre vocable, [l’appellation sous laquelle est désignée un saint] avec le toponyme. [le nom de lieu] C’est comme si on disait N.D du Folgoët pour la localité du Folgoët
      Quand on dit Santéz Anna Gwéned, (ou santéz Anna Wened, dans les autres diocèses de Basse-Bretagne) ce n’est pas du lieu dont on parle, mais d’un des noms sous lequel sainte Anne est invoquée : sous-entendu Sainte Anne-patronne du diocèse de – Vannes, ou Sainte Anne – du diocèse – de Vannes, pour la différencier des autres appellations comme sainte Anne La Palud. Ce vocable est encore pour certains vieux bretonnants, une interjection : « Santéz Anna Gwéned ! » transcrit par « Sainte Anne de Vannes ! » Il semble que l’appellation Santéz Anna en Alré, qui désigne pour ce coup-ci la localité soit un décalque du français : sainte Anne d’Auray ( sous -entendu sainte Anne près d’Auray) En effet, traditionnellement, on trouve comme toponyme soit Keranna (ancienne forme) soit Santéz Anna. Il convient donc de garder ces formes de toponymes dans la signalétique.

      Concernant les termes kammdro et kroézhent-tro, vous dites vrai : il arrive en effet qu’ofis ar brezhoneg ait des trouvailles judicieuses pour construire des néologismes.. La traduction alternative « kroézhent ar roñt, » si elle est tout à fait correcte sur le plan syntaxique et lexical, est tout de même un peu plus lourde à l’oreille que « Kroézent-tro » (mot-à-mot carrefour tournant)

    • Voici une autre variante en usage dans le pays de Lorient pour la bonne année :
      Bléad mat ‘souétan d’oh ! » (je vous souhaite une bonne année ! »
      Phrase à laquelle on répond : « ha hwi ha tout ! » (Ainsi qu’à tout un chacun ! »

    • Concernant « Saint-Anne d’Auray » aussi appelée « Santez Anna wened » ou tout simple « Sainte Anne » par ici, il y a eu un très bon article (bilingue) de Kerlenn Sten Kidna paru dans la gazette municipale de Pluvigner.

      Un extrait :

      « Nous savons pourquoi le village de Keranna est devenu un lieu très connu, une commune à part entière depuis la séparation d’avec Pluneret en 1950. La renommée du petit hameau se fit rapidement à partir de 1625; d’autant plus vite et mieux que les carmes, en charge du nouveau pélerinage à partir de 1628, ne lésinèrent pas sur les moyens publicitaires en usage au 17ème siècle, images, cantiques…. […]
      En 1656 paru un opuscule « Ar veah devot hac agreabl eus a perc’heniret Santes Anna e Gvened ». Pourquoi Sainte-Anne en Vannes ? Parce que ce lieu se trouvait dans l’évêché de Vannes ! Et c’est ainsi qu’on localisait à l’époque les lieux. Saint Pol en Léon, Kon en Cornouaile (Koncarneau)… »

      L’article en entier page 27 : http://www.pluvigner.fr/medias/2017/03/BM-Janvier-2017-web.pdf

  5. A part ça, dans le secteur de Lorient, noisetier se dit « kanaouen garh », et « (buisson de) houx » se dit « boud kelenn ».

  6. Pourquoi Ploemeur, près de Lorient, est-il traduit par Planwour alors que Plomeur (Pays bigouden) s’écrit Plo veur et Pleumeur Bodiou donne Pleuveur-Bodou ? Il me semble que l’orthographe de la ville du Bagad cap Caval est la meilleure, mais ? Pourquoi 3 orthographes différentes alors que les 3 noms ont la même signification, à savoir grande paroisse ? D’autre part, plutôt que des panneaux bilingues pourquoi ne pas adopter définitivement un seul nom, le nom breton, quand on est sûr de son orthographe ? par exemple écrire définitivement kemper, Kemperle ou Konk-Kerne….

    • D’après M. Briand Plañvour se refèrerait au saint « Memor-ius » cité dans le cartulaire de Quimperlé : > Ploue+Eñvor = Plañvor/our

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