Saints bretons à découvrir

La Vallée des saints lance « la traversée des géants »

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min
Photo-montage Ouest-France – DR

Les paris fous de Philippe Abjean et de ses équipes continuent de faire rêver la Bretagne. Le Tro Breiz, la Vallée des Saints, mais pas seulement. Le coeur battant de l’Armorique sera-t-il sur cette Tossen Sant Weltaz, ancien lieu druidique accueillant la chapelle de St Gweltaz (« celui qui sait voir »), omphalos désormais christianisé par cette présence des géants de pierre qui, dans la brume et au vent murmurent à nos enfants ces témoignages, ces poèmes et ces histoires séculaires dans la langue de la terre ?

Audacieux de l’Evangile, tous ceux qui devinrent les saints vénérés dans nos chapelles et honorés lors de nos pardons, créèrent ermitages, monastères et plou, traçant peu à peu les contours ecclésiaux de la terre bretonne, formant cette âme si particulière et toujours si présente.

A l’instar des évangélisateurs des premiers siècles voguant sur leurs curragh vers ce qui deviendra la Bretagne, cette odyssée fondatrice de plusieurs centaines d’années et qui n’a rien à envier à Ulysse, la Vallée des Saints souhaite la transposer en ce XXIème siècle, en proposant une Traversée des Géants / Giants crossing.

« Chaque année, confie Sébastien Minguy (responsable administratif et financier de la Vallée),  une oeuvre monumentale sera sculptée dans un des 4 pays celtiques. Chaque géant sera ensuite rapatrié en Bretagne sur un vieux gréement ».

 Et le premier saint à faire cette traversée sera sant Piran (saint Péran), qui devrait être la centième statue de la Vallée, augurant les festivités du dixième anniversaire en 2018 (du 26 au 29 juillet) augurant bien des surprises, que nous relaierons sur Ar Gedour.

Les deux sculpteurs retenus, le Cornouaillais David Paton et le Breton Stéphane Rouget, un Briochin installé en Cornouailles depuis quelques années, travailleront un bloc de granit de 3,20 m, extrait de la carrière de Carnsew qui produit une belle pierre au grain gris argenté veiné de marron.

Maquette Saint Péran
Maquette St Péran – Photo Vallée des Saints

Ouest-France du 15/02/2017 précise que vers la fin mai 2018, la statue de près de cinq tonnes quittera l’atelier de Mabe, bourg de 2 000 habitants, pour gagner Falmouth, où elle sera installée à bord de La Nébuleuse, ancien thonier dundee de Camaret reconverti en voilier de croisière et de transport. Après avoir remonté Carrick Roads, l’aber de Falmouth, le voilier mettra le cap sur un autre estuaire, celui du Trieux. Après 24 heures de mer, il touchera Pontrieux. Saint-Pêran y sera sans doute installé sur un wagon, tracté, espère-t-on, par le Vapeur du Trieux, jusqu’à la gare de Carhaix. De là, il gagnera Carnoët, tiré par des chevaux.

Saint Pêran sera représenté avec une roue autour du cou. La légende cornique raconte comment, Piran, déjà âgé, a été capturé par les Irlandais païens locaux.

Jaloux de ses pouvoirs miraculeux de guérison, ils lui ont attaché une meule au cou et l’ont jeté d’une falaise, dans une mer déchaînée. Lorsque Piran a frappé l’eau, la tempête s’est calmée et la meule a sauté à la surface comme si elle était faite de liège ! Sur cette roue sera gravé en langue cornique un proverbe de marin breton : Oh Dieu, mon bateau est si petit et l’océan si grand !

D’après Bernard Rio, Saint Peran (Petran / Pedrwn d’après AJ Raude) serait le père de saint Patern. Il se serait retiré en Cornouailles britanniques pour vivre en ermite, puis dans un monastère irlandais (fêté le 6 janvier). Un saint Péran est aussi mentionné comme moine et disciple de st Gwenolé de Landévennc. Un saint irlandais, également nommé Perran, est honoré le 5 mars. Nous reviendrons sous peu sur ce(s) saint(s) Péran dans notre « Chronique des Saints Bretons ».

Il n’est pas inutile de remettre en perspective les différentes initiatives : d’un côté existe le Tro Breiz, pèlerinage en circumvolution qui en sept ans fait le tour de la Bretagne à travers les diocèses bretons, circuit ressuscité mais aux racines très anciennes. De l’autre, la création de la Vallée des Saints, mettant en avant l’épopée des saints fondateurs et faisant redécouvrir cette richesse à des gens qui souvent sont loin de la question religieuse, une Vallée des Saints qui est en pleine expansion et (comme le Puy du Fou à son niveau) possède des perspectives d’avenir très intéressantes. Il y a aussi ce projet de la Cité de la Paix, dont nous vous avons déjà parlé, qui s’installe en Centre Bretagne, et qui a vocation a mettre en avant l’engagement des missionnaires bretons à travers le Monde, mis en valeur dans des habitats traditionnels des peuples des 5 continents. Et enfin l’Oeuvre St Joseph (en plein développement) qui permet notamment de récupérer les chapelles abandonnées et de leur redonner leur vocation spirituelle (et culturelle) tout en devenant des chapelles hospitalières pour les pèlerins. Ces projets, initiés par Philippe Abjean et lui-même épaulés de gens passionnés, vont tous dans le même sens que ce qui animait ces voyageurs de l’extrême traversant la mer pour s’installer et évangéliser la Bretagne, puis le monde.

La civilisation qui a perdu le sens de l’actualité de son héritage, qui a perdu le sens de la dimension profondément vivante de la tradition qu’elle a reçu, cette civilisation-là ne peut que s’écrouler de l’intérieur. Mais inversement, une civilisation qui reprend conscience du sens de l’actualité de son héritage ne peut que se relever, surtout si cela se base sur cette pierre angulaire qu’est le Christ. « Apprends-moi les mots qui réveillent un peuple, et j’irai, messager d’espérance, les redire à ma Bretagne endormie » disait Yann-Ber Calloc’h / Bleimor. Ces mots sont gravés dans ces initiatives, capables d’insuffler ce renouveau dont la Bretagne et le monde ont besoin, des actions pour redonner ce souffle spirituel à la Bretagne, cette espérance qui peut parfois manquer et qui pourtant est si recherchée de chacun dans un monde qui semble en perte de sens.

Découvrez la page Facebook de l’événement : The Giants’crossing

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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