Connaissez-vous Yann-Ber Kalloc’h, ce poête groisillon, surnommé Bleimor (le loup de mer), né en 1888 et mort au front en 1917 ?
Fils de pécheur « né au milieu de la mer », ce poète se destinait à la prêtrise, après avoir étudié au petit séminaire de Sainte Anne d’Auray. Refusé au séminaire, il rentre à l’école d’élèves officiers de Saint Maixent en 1914. Il est promu aspirant et devient ensuite lieutenant, mais tombe au front à Urvilliers, dans l’Aisne, en 1917. Bleimor nous a livré de nombreuses oeuvres, dont certaines n’ont pas perdu de leur actualité. Le sombre anniversaire de la grande guerre arrive dans à peine deux ans, et c’est l’occasion de (re) découvrir cet auteur comme la Bretagne sait engendrer. Son oeuvre majeure sera AR EN DEULIN (à genoux), chef d’oeuvre de la poésie bretonne, retranscrivant clairement l’âme profonde du pays. L’orthographe en breton de Vannes (gwenedeg) de ces extraits a été retranscrite telle quelle.
Kartér-noz ér hléieu (1916)
…
» Me zo er Gédour braz én é saù ar er hleu.
Goud e hran petra on ha me oér petra hran :
Iné Kornog, hé douar, hé merhed hag hé bleu,
Oll kened er bed é, en noz-man, e viran.
…
traduction …
Je suis le grand Veilleur debout sur la tranchée,
Je sais ce que je suis et je sais ce que je fais :
L’âme de l’ Occident, sa terre, ses filles et ses fleurs,
C’est toute la beauté du Monde que je garde cette nuit.
EXTRAIT DE PEDENN EVID BREIH (Prière pour la Bretagne) -1909
Noz du er baianeh, ur baianeh méhuz,
E léd ar er bed koh hé mantell blaoahuz :
Eid hé ambroug én hent téoél,
Jézuz, chomet ged Breih-Izél !
La sombre nuit du paganisme, d’un paganisme honteux,
Etend sur le vieil univers son effroyable manteau :
Pour la guider dans cette route sombre,
Jésus, restez avec la Bretagne.
JUDICA ME (psaume 42)
O doustér en overenneu én ur chapél,
Ur chapélig didrous é mézeu Breiz-Izél !…
Barnet mé, o men Doué, ha men dispartiet
A vesk en dud disléal hag er renavied.
Rag, ô Doué, Hui e zo me honfort ha me nerh.
Délézet genoh-Hui, en dristé mé e gerh.
Perak men délézel ém zristé divalaù
Pen dé en énébour ardro d’ein e klask daù ?
Dégaset d’ein Hou kouleu hag Hou kuirioné,
Geté mé e grapo, dilui, ar Hou mañné ;
Traduction : O douceur des messes dans une chapelle, Une petite chapelle silencieuse dans les campagnes de Bretagne. Jugez-moi, o mon Dieu, et séparez ma cause d’avec celle des infidèles et des rénégats.
Car Vous êtes, ô Dieu, ma consolation et ma force. Abandonné de Vous je marche dans la tristesse. Pourquoi me délaisser dans ma laide tristesse quand l’ennemi autour de moi cherche un point vulnérable ? Envoyez-moi Votre lumière et Votre vérité, Avec elles je monterai, alerte, sur votre montagne.
Photos : tombe de YB Kalloc’h – Enez Groé (Crédit photo Ar Gedour)
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