Saints bretons à découvrir

L’inculturation : un point essentiel de la nouvelle évangélisation.

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

incuturation,nouvelle évangélisation,vie chrétienne,eflamm caouissinConnaissez-vous l’inculturation ? Sous ce terme parfois incompris, une méthode d’évangélisation par la compréhension des peuples et de leurs cultures propres, en y enracinant l’Evangile qui touche alors au plus profond des coeurs. L’inculturation, pourtant prise en compte par de nombreux missionnaires à travers le monde auparavant, est devenue une question quasi inexistante dans l’hexagone (où l’on parle « culture de masse » et non « culture propre »), et qui plus est en Bretagne.

Certains diront que la culture bretonne est là, notamment dans les pardons. Nous ne parlons pas ici des pardons (encore que la question de la francisation quasi-intégrale de certains pardons mériterait d’être posée…) mais bien de la prise en compte de la culture locale dans la vie chrétienne, cela incluant la messe dominicale, mais non limitée à celle-ci, et dans sa capacité propre à être un terreau fertile pour l’annonce de l’Evangile. 

 

Comme nous l’avons déjà développé par ailleurs (cf rubrique « inculturation » de ce blog), la culture hors-sol proposée a eu une efficacité limitée. Le 3 avril 2013, le Pape François a canonisé Marie de l’Incarnation, Marie Guyart-Martin de son nom de baptême), ursuline ayant vécu au Québec qui étudia les langues indiennes extrêmement difficiles, et rédigea un dictionnaire algonquin-français, ainsi qu’un dictionnaire et un catéchisme iroquois.  Si le Pape François veut la montrer en exemple à l’Eglise, c’est bien pour sa vie et sa mission, allant jusqu’à toucher les coeurs des peuples en prenant en compte la totalité de leur être, incluant leur culture propre. Jean-Paul II avait dit qu’elle était « un modèle de ce que l’on appelle aujourd’hui l’inculturation : l’Incarnation de l’Évangile dans les cultures autochtones, en même temps l’introduction des ces cultures dans la vie l’Église  » (2 juin 1985).

 

Mais, alors qu’elle est mise à l’honneur, les chrétiens vont-ils voir là le travail effectué par Mère Marie de l’Incarnation ? Cela serait souhaitable.

Il existe différents textes, que nous vous proposons régulièrement de découvrir, et nous nous référons souvent à Ad Gentes (Vatican II). Nous vous proposons donc aujourd’hui de nous pencher sur la IVe Instruction de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements pour une juste application de la Constitution conciliaire sur la liturgie (n. 37-40), traitant de la liturgie romaine et de l’inculturation, que nous avons mis en ligne sur AR GEDOUR dans sa totalité, pour qu’il vous soit accessible sans trop de recherches.

  

Commençons ici par le préambule. Que dit-il ?

    1. De légitimes diversités dans le rite romain ont été admises dans le passé et de nouveau prévues par le Concile Vatican II dans la Constitution Sacrosanctum Concilium, surtout dans les Missions (1). « L’Eglise, dans les domaines qui ne touchent pas la foi ou le bien commun de toute la communauté, ne désire pas, même dans la liturgie, imposer la forme rigide d’un libellé unique » (2). Elle qui a connu et connaît encore une diversité de formes et de familles liturgiques, estime que cette diversité, loin de nuire à son unité, la met en valeur (3). 


     2. Dans sa Lettre apostolique Vicesimus quintus annus, le Pape Jean-Paul II a indiqué l’effort pour enraciner la liturgie dans les diverses cultures comme une tâche importante pour le renouveau liturgique (4). Déjà prévu dans les précédentes Instructions et les livres liturgiques, ce travail doit être poursuivi à la lumière de l’expérience, en accueillant, là où c’est nécessaire, des valeurs culturelles « qui peuvent s’harmoniser avec les aspects du véritable et authentique esprit liturgique, dans le respect de l’unité substantielle du rite romain, exprimé dans les livres liturgiques » (5). 

 

A ceux qui se réfèrent sans cesse à l’esprit du Concile, aux textes de Vatican II, etc… et qui rejettent pourtant toute idée d’utilisation de la culture bretonne dans l’évangélisation des populations de Bretagne, nous leur disons : relisez tous les textes conciliaires, penchez-vous sur les enseignements des Pontifes, sur le travail fait par les Pères de l’Eglise, des « Marie de l’Incarnation », des « Père Maunoir, des Saint Patrick… et voyez comment nous pouvons toucher profondément les peuples en faisant vibrer en eux un patrimoine immatériel millénaire qui résonne en eux et leur parle, porte entrouverte par laquelle s’engouffrera l’Esprit Saint (ce qui implique aussi de Lui laisser de la place…)

Donald Cloutier (6) précise ainsi que « la bonne volonté d’une personne et son zèle apostolique ne sont plus des éléments suffisants pour que l’annonce de la Bonne Nouvelle soit efficace et réponde aux besoins de la société contemporaine. Il faut indéniablement connaître la culture dans laquelle on s’insère ». Il n’y a pas plus clair ! 

 

Eflamm Caouissin

(rediffusion article du 03/04/2014)

  

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(1) Vatican II, Sacrosanctum Concilium (SC), 38; cf. aussi 40, 3. 

(2) Ibid., 37. 

(3) Vatican II, Orientalium Ecclesiarum, 2; SC, 3 et 4; Catéchisme de l’Église catholique (CEC), n. 1200-1206, en particulier n. 1204-1206. 

(4) Jean-Paul II, Lettre apost. Vicesimus quintus annus (VQA) (1988), 16. 

(5) Ibid. 

(6) Inculturation de la liturgie – 2009 (p38

 

 

ARTICLES EN RELATION :

 

– LE FOLKORE DANS NOTRE MONDE MECANISE (Pie XII)

– L’ EGLISE ET L’INCULTURATION

– LA VIE CHRETIENNE AJUSTEE AU CARACTERE PROPRE DE CHAQUE CULTURE

– DEFIS DE L’INCULTURATION DE LA FOI (Pape François)

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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