Nous célébrons en ce moment l’anniversaire du Concile Vatican II.
A l’époque, la transmission des textes du Concile n’a pas été effective (ou a été limitée) dans toutes les paroisses, loin s’en faut, et une certaine catégorie cléricale en a profité, dans cette période de révolution sociétale, pour régler des comptes avec une Eglise qu’ils jugeaient rétrograde. De nombreux fidèles, obéissants, les ont suivi, et c’est ainsi que nous avons pu voir en Bretagne un grand chambardement qui, au grand dam des paroissiens, a sonné le glas de l’usage de la langue bretonne dans la liturgie (cantiques, … ), au mépris de l’ancrage de l’évangélisation dans la Pentecôte, et au mépris des textes conciliaires. Une Eglise qui s’était enracinée depuis des siècles est devenue, via une culture hors-sol, moribonde, et la langue bretonne avec. Et ne parlons pas de l’usage du latin.
Il est d’ailleurs très intéressant de constater que nous nous retrouvons face à un problème similaire en parlant aujourd’hui « langage numérique » aux mêmes populations héritières du fameux « esprit de Vatican II », qui ne comprennent pas forcément le besoin ou la façon de s’adapter aux cultures propres de chaque peuple pour annoncer l’Evangile. Considérant qu’il existe ce que nous pouvons appeler un « continent numérique », il y a cette « population numérique » à laquelle on doit s’adresser par de nouveaux codes, propres à cette génération numérique. De même, il y a ces peuples et cultures qui ont leur génie propre dans lesquels peut (doit) s’enraciner le message du Christ, attendant qu’on entretienne ensuite ces racines… tout en prenant conscience que les échanges culturels sont devenus internationaux et dépassent les clivages d’autrefois. Prendre conscience de cela ne veut pas forcément signifier le reniement de ses propres racines, mais d’user de tout ces facteurs pour se propulser dans une dynamique d’avenir.
L’essentiel aujourd’hui n’est plus de ressasser le passé. Il convient de définir objectivement les dégâts qui ont été faits, mais aussi quels fruits ont pu en ressortir, pour rebondir et aller vers l’avant. Le Pape Benoît XVI vient d’ inaugurer l’année de la Foi et le Synode pour la Nouvelle Evangélisation. Osons croire que les chrétiens sauront relire et appliquer à cette occasion les textes du Concile. Notons ici cet extrait du décret Ad Gentes, qui traite de l’activité missionnaire de l’Eglise : « la vie chrétienne sera ajustée au génie et au caractère de chaque culture, les traditions particulières avec les qualités propres, éclairées de la lumière de l’Evangile, de chaque famille des peuples, seront assumées dans l’unité catholique. C’est ainsi que les Eglises particulières, enrichies de leurs traditions, auront leur place dans la communion ecclésiale, la primauté de Pierre, qui préside l’universelle assemblée de la Charité, demeurant intacte ». (cf AG III, 22).
Il est évident qu’il ne saurait être question de se placer en position de « demandeurs de droits » suivant des textes, chose qui ne peut qu’être contre-productive, mais de comprendre et faire comprendre comment l’Evangile peut être diffusé et appliqué via notre culture bretonne, et comment cela peut être porteur de fruits pour la mission, mais aussi pour la Bretagne elle-même (faisant nôtre cette devise « Evit Doue ha Breizh, Pour Dieu et la Bretagne). Avoir ainsi une vision globale, et non parcellaire, pour replacer le Christ au centre de nos vies, en tenant compte de nos cultures, dans la communion ecclésiale.
Bretons… et si chacun de nous profitait du 50ème anniversaire de Vatican II pour relire, étudier et faire découvrir les textes du Concile, et le faire appliquer correctement dans sa paroisse, tenant compte du « génie et du caractère propre de notre culture, éclairée de la lumière de l’Evangile » ?
Eflamm Caouissin
Illustration : lettre pastorale de Mgr Gourvès, évêque émérite de Vannes (lettre que vous pouvez retrouver en cliquant ici)
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