Saints bretons à découvrir

Le CRBC lance sa bibliothèque numérique avec le Barzaz Bro Léon

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

leon.jpgLe Centre de Recherche Bretonne et Celtique vient de mettre en place un site internet très intéressant, dont nous nous faisons volontiers le relais, étant donné que les premiers documents publiés sont issus des archives de l’un de nos proches collaborateurs, collectage numérique qui fait suite au travail d’ Eva Guillorel (Université de Bretagne Occidentale) diffusant et développant les premières approches d’un fonds inédit de près de 1 000 chansons en breton, étude qui est sortie en mars 2013. Ce fonds constitue une pièce majeure au dossier de la genèse de l’ethnologie en Bretagne. 

 

En 1906, un concours lancé dans les colonnes du Courrier du Finistère à l’initiative du jeune et dynamique vicaire Yann-Vari Perrot invite les lecteurs à envoyer les chansons en breton qu’ils connaissent et à en recueillir d’autres auprès de leurs proches. Il est précisé que les envois les plus intéressants seront récompensés par des prix et publiés dans un livre intitulé Barzaz Bro-Léon. Le titre prévu pour l’anthologie inscrit d’emblée ce projet dans la lignée du Barzaz-Breiz, le célèbre recueil de chants bretons publié pour la première fois en 1839 par Théodore Hersart de La Villemarqué. Pourtant, le contenu du fonds rassemblé par Yann-Vari Perrot s’avère très différent de celui qui compose le Barzaz-Breiz, et plus largement toutes les autres collectes du XIXe siècle. Ce constat s’explique avant tout par le mode de constitution du Barzaz Bro-Léon, qui est réuni grâce aux contributions directes des chanteurs sans l’intermédiaire de collecteurs. Cette inversion des perspectives, qui laisse place au regard que les interprètes eux-mêmes portent sur leur répertoire, conduit à s’interroger sur les méthodes qui ont fondé la recherche ethnologique dans le domaine de la chanson de tradition orale et sur les orientations mises en œuvre dans le travail d’enquête orale.

 

Ce fonds, qui n’a jamais été publié, a donc été édité en 2013 avec un travail complet qui mérite d’être lu et connu. Cette publication de plus de 600 pages arrivait 110 ans après le lancement de l’idée, 70 ans après l’assassinat de l’abbé Perrot, et 10 ans mois pour mois après la mort d’Herry Caouissin, qui détenait le fonds complet et qui a servi de base au travail d’Eva Guillorel. La mise à disposition du grand public de ces documents est une excellente nouvelle pour nombre de gens. C’est donc avec ce fonds qu’est lancée la bibliothèque numérique du CRBC, à découvrir par ici

 

Nous avons interviewé pour vous Philippe Lagadec et Jean-Baptiste Pressac, du CRBC :

 

AR GEDOUR : Le CRBC lance une bibliothèque numérique accessible au grand public. Quel est l’intérêt d’une telle initiative ? 

 

CRBC : Donner une meilleure visibilité aux fonds déposés au CRBC mais aussi inciter les gens à consulter les documents dans notre bibliothèque, au sens physique du terme, ouverte à tous publics à Brest, car le CRBC recèle d’autres trésors et tout ne sera pas numérisé. 

Le BBL est un projet de numérisation un peu à part dans la mesure où il s’agit de la numérisation d’un fonds privé qui, une fois numérisé, sera restitué à la famille Caouissin qui en est propriétaire.
La bibliothèque permet aussi de diffuser non seulement les documents numérisés mais également la connaissance que l’on en a. Par exemple, chaque document fait l’objet d’une description détaillée dont une note rédigée par Eva Guillorel, enseignante-chercheure spécialiste du fonds. Cet outil a également pour vocation de croiser les documents avec d’autres sources de données. Nous sommes par exemple en relation avec l’association Dastum pour permettre le signalement d’éventuels enregistrements sonores de chansons du fonds (Dastum ne permet pas une écoute en ligne de ses fonds sonores, mais publie des notices librement consultables sur internet).

 

AG : Quels type de documents comptez-vous proposer ? 

CRBC : Le processus de numérisation est un processus lent qui requiert l’inventaire des documents du fonds, la numérisation selon les normes en vigueur, la saisie de métadonnées. Tous les fonds du CRBC n’ont donc pas vocation à être numérisés et un choix sera effectué en fonction de la pertinence patrimoniale et scientifique des fonds. D’autant que la consultation de documents en entraîne d’autres. Par exemple, une partie du BBL a été transcrit et traduit en français par une équipe de bénévoles et de chercheurs sous la direction de l’historienne Eva Guillorel. L’ouvrage dans lequel est publié le résultat de ce travail est par exemple en consultation à la bibliothèque du  CRBC.

 

AG : Les premiers documents que l’on peut découvrir proviennent du Barzaz Bro-Léon. Pourquoi avoir choisi ce travail en priorité ? 

CRBC : La numérisation du fonds avait été prévue de longue date entre le CRBC et la famille Caouissin. Ce projet a donc servi de moteur à la mise en place d’une plateforme pouvant héberger des documents numérisés. Notez que les archives sonores sont quand à elles diffusées sur le site Cocoon du CNRS où vous pouvez notamment retrouver les enquêtes dialectologiques de Jean Le Dû (http://cocoon.huma-num.fr/exist/crdo/rechercher.xql?pays=FR&langue=Breton).

  

AG : Le site est très bien fait. Le travail de collectage atteint une autre dimension par la numérisation, les informations proposées, la localisation sur carte concernant la provenance, etc…  Plutôt qu’un archivage accessible à une minorité, c’est le monde qui prend conscience de la richesse du patrimoine, notamment grâce à ce travail de fourmi. 

Un particulier peut-il prendre contact avec vous s’il a justement des documents d’intérêt certain qu’il souhaite mettre à disposition ? 

 

CRBC : Toute personne peut prendre contact avec le CRBC s’il souhaite faire des dépôts pour conservation. Mais la numérisation ne sera pas systématique. 

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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