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[ROME] Le KENAVO du recteur de Saint Yves-des-Bretons

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

Père guillaume le floc'hLe Père Guillaume Le Floc’h, originaire du Diocèse de Nantes, a célébré sa messe de Kenavo en l’église Saint Yves-des-Bretons, ce dimanche 14 juin. Beaucoup de monde assistait à cette eucharistie en ce jour particulier. 

Ce jeune prêtre bretonnant, envoyé à Rome pour booster sa formation exégétique et former lui aussi à son tour un jour les futurs prêtres du Diocèse de Nantes, avait été nommé recteur de l’église bretonne au 1er octobre 2012. 

Son idée était que « chaque Breton de passage à Rome puisse visiter Saint Yves-des-Bretons ». Il a donc fait preuve d’un fort dynamisme pour faire de ce lieu un phare de la Bretagne, un lieu de recueillement pour les Bretons (et bien d’autres) auprès de leur Saint Patron, un but de pèlerinage.

Trois ans plus tard, il est envoyé comme prévu à Jérusalem pour terminer cette formation exégétique. Que retient-il de ces années passées au service de la communauté bretonne dans la Ville éternelle ? Nous avons souhaité nous entretenir avec lui : 

 

Père Guillaume Le Floc’h, vous êtes recteur de l’église Saint Yves des Bretons. Vous avez célébré votre messe de Kenavo dimanche dernier, appelé ailleurs. Que retenez-vous de votre passage à Rome et  particulièrement comme recteur de ce haut-lieu breton ? 

 

Tout d’abord, mon passage à Rome ne s’achève pas immédiatement car je poursuis encore mes études bibliques à l’Institut Pontifical jusqu’en février 2016 avant de passer le dernier semestre d’études à Jérusalem à l’Ecole Biblique. C’est une grande chance et un beau cadeau que m’ont offert mon diocèse et que j’espère faire fructifier dans les années à venir. 

Lorsqu’il m’a envoyé à Rome, l’évêque de Nantes m’avait invité à vivre les différentes grâces de ce temps d’études à Rome : 

  • le travail intellectuel avec les joies qu’il procure et l’ascèse qu’il demande, 
  • le fait de vivre dans une communauté de prêtres à Saint Louis des Français où j’ai rencontré des confrères édifiants et où chaque jour nous sommes replacés devant le commandement de la charité à laquelle nous appelle Jésus 
  • la catholicité de l’Eglise dans son coeur géographique. A Rome, il y a bien sûr les chrétiens du monde entier, de tant de cultures et langues différentes, il y a aussi une diversité de rites (latin sous les deux formes, orientaux sous toutes leurs variantes…) mais unis dans une même foi à Jésus mort, ressuscité et Seigneur de l’univers. Il y a aussi le pape, signe de cette unité. D’ailleurs un des grands souvenirs marquants de ces trois années aura été la renonciation de Benoît XVI et l’élection du pape François. 
  • Et puis, il y a eu un cadeau supplémentaire, celle d’être nommé recteur de l’église Saint Yves des Bretons. J’y ai été très heureux d’y accueillir les pèlerins de plus en plus nombreux (soit en groupe, soit en démarche personnelle), de cheminer avec les prêtres, séminaristes, religieux(ses) bretons présents dans la Ville éternelle lors de rencontres assez régulières. Heureux aussi de célébrer l’eucharistie dans une très belle église bien restaurée, priante et dont le « caractère » breton s’est vu affirmer au fil des années. Et surtout heureux d’avoir côtoyé souvent comme ami sur mon chemin de prêtre Saint Yves dont l’exemple de vie et l’intercession actuelle me touchent beaucoup. 

 

Comment avez-vous vécu cette charge pastorale unique ? 

Cela n’a pas été toujours facile car il a fallu composer avec les études qui étaient ma mission prioritaire. Mais cette présence quasi quotidienne dans l’église m’ a aussi souvent équilibré à côté de l’aspect très cérébral de mon travail exégétique. Et puis, j’ai fait de très belles rencontres : des gens qui voulaient prier ou remercier Saint Yves parce que c’était un saint qui leur était proche, des artistes, un ministre et même le président du Salvador ! 

J’étais aussi marqué par la fidélité des voisins qui venaient chaque semaine à leur rendez-vous avec le Seigneur lors de la messe du lundi, de 3 ans à plus de 60 ans… 

Une de mes grandes joies, comme prêtre du diocèse de Nantes, a aussi été de voir à quel point de nombreux habitants de Loire-Atlantique sont venus en ce lieu et témoignaient que notre histoire nous rattachait aux quatre autres diocèses bretons sans exclure nos liens avec d’autres. Mais quand on fait le compte des recteurs de cette église dans l’histoire et aussi les pèlerins d’aujourd’hui à venir à Saint Yves, les gens du pays nantais sont les plus nombreux juste devant les Morbihannais et les Finistériens. 

 

Vous avez initié ou accompagné de nombreux projets : rénovation de l’église, remise à l’honneur du pardon de Saint Yves, participation au rayonnement de cette église,  la veillée d’adoration lors de la canonisation des Papes Jean-Paul II et Jean XXIII, le concours pour donner une nouvelle bannière, etc… Quel est votre sentiment au moment de laisser cela derrière vous ? 

 

Dire qu’il n’y a pas une certaine émotion et quelque chose d’un deuil serait mentir. Mais quand je me retourne, je rends grâce à Dieu car de nombreux projets ont effectivement pu être menés à terme. J’en retiens trois : 

  • un évènement : la veillée d’adoration lors de la canonisation des papes Jean-Paul II et Jean XXIII avec le témoignage vivant de la langue bretonne vivante dans la prière et les chants. Spontus brav ez oa ! 
  • une  oeuvre : la splendide croix de choeur, oeuvre d’un moine artiste breton, financée grâce à de généreux mécènes rencontrés lors de cette canonisation. 
  • une pratique bien installée maintenant : le Grand Pardon de St Yves avec la procession dans les rues de Rome au son des binious, bombardes ou veuzes selon les années. Avec, en 2015, la présence magnifique de 25 danseurs et sonneurs en costumes qui ont illuminé la procession des éclats des « giz » ! 

Mon successeur n’est pas breton. Mais je lui fais confiance pour faire vivre cette belle petite église et pour continuer d’accueillir les pèlerins ou passants d’Armorique ou d’ailleurs ! J’espère être présent pour la bénédiction de la nouvelle bannière représentant des saints de l’histoire moderne des cinq diocèses en octobre. Un beau projet dont l’initiative remonte à Mgr d’Ornellas, lui-même. 

 

De nombreux pèlerins (écoles, retraités, actifs) passent maintenant par Saint Yves des Bretons. Quel message donneriez-vous aux Bretons qui ne s’y sont pas encore rendu ? 

Venez ! (sourire) Ha degemer mad deoc’h e lec’h santel-man !

 

Crédit Photo : Site St Yves des Bretons (Pardon de St Yves 2015)

 

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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3 Commentaires

  1. Avec mon épouse, bien qu’étant de la Cornouaille Morbihannaise, nous étions en pèlerinage à Rome avec le diocèse de St Brieuc. .A la porte de St Louis des Français, nous avons rencontré le père Le Floc’h qui nous a invité à le suivre à St Yves des bretons. Quelle joie de chanter à Rome: Tridal a ra; Kalon Sakret Jesus; Nann n’eus ket en Breiz puis pour finir : Da feiz hon tadoù Koz. Pour accueillir un groupe de 49 pèlerins en plus de ses paroissiens habituels, il a rajouté des chaises partout! Ce fut, pour nous une messe inoubliable, et pour lui c’était sa dernière messe à St Yves; il ne l’oubliera sans doute pas non plus!
    Denis.

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