Saint-Brieuc : messe en breton pour Anne et la Bretagne

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

anne de bretagne,vie chrétienne,saint brieucUn grand succès pour la messe célébrée à la cathédrale de Saint Brieuc ce jeudi 9 janvier à l’occasion du 500ème anniversaire de la mort d’Anne de Bretagne. Ce sont pas moins de 200 personnes qui sont venues prier et chanter, principalement en breton, avec une liturgie de qualité que nous avions présenté précédemment, accompagnée de la chanteuse traditionnelle Anne Auffret, l’orgue (Michel Dubois) et la bombarde (Romain Sponnagel) réhaussant l’ensemble. Merci à ceux qui ont ainsi oeuvré pour la réussite de cette cérémonie, en particulier Goulven Airault, chef de choeur de la manécanterie de St Brieuc. 

Le hasard du calendrier a voulu que ce 9 janvier soit aussi dans le Sanctoral du Diocèse de Saint Brieuc la date dédiée à la mémoire des Saints évêques, pères de la Bretagne, soit donc pour les 7 saints fondateurs Brieuc, Tugdual, Corentin, Malo, Pol-Aurélien, Patern, Samson. Cela ne pouvait mieux tomber… 

L’antienne d’ouverture disait ainsi : “Célébrons avec joie les premiers évêques de notre pays : ouvriers de la paix, ils ont préparé la moisson ; sans repos, ils ont parcouru les chemins en semant la Bonne Nouvelle : Le Royaume de Dieu est là, tout près de vous.”

La prière d’intercession est un écho au Da Feiz hon Tadoù Koz : “Seigneur, tu as appelé nos pères à la lumière de l’Evangile grâce au travail apostolique des premiers évêques de notre pays ; accorde-nous, à leur intercession, de te rester fidèles et de progresser dans la connaissance de ton Fils, Jésus, le Christ, notre Seigneur… “

Voici l’intégralité de l’homélie prononcée à cette occasion par le Père Antoine Le Meur, curé de la cathédrale. 

 

HOMELIE PRONONCEE PAR LE PERE LE MEUR, CURE DE LA CATHEDRALE DE SAINT BRIEUC

Messe à la mémoire d’Anne de Bretagne. 

Cathédrale Saint Etienne. Jeudi 9 janvier 2014.

 

“Trois expressions surgissent de la Parole de Dieu, en ce moment où nous célébrons cette messe à la mémoire d’Anne de Bretagne. 

 

La première expression : c’est la renommée, la bonne réputation de Jésus. Elle surgit, non pas de son histoire longtemps discrète à Nazareth, mais à d’événements et de rencontres, de miracles qui apportent de l’humanité et la restaurent : l’attention aux petits, aux faibles, aux malades, le respect des personnes. La réputation est une tradition biblique, depuis Abraham que Dieu bénit dans sa descendance,  jusqu’à la Vierge Marie que toutes les générations diront bienheureuse, sans oublier la femme qui vient verser du parfum sur les pieds de Jésus et les essuie de ses cheveux. Ainsi sont reconnues, et pour très longtemps,  les personnes qui ont accompli de bonnes œuvres pour les autres. 

 

En des circonstances difficiles pour l’histoire de la Bretagne, Anne de Bretagne a marqué par sa personnalité et ses choix l’avenir de la Bretagne.  Elle aussi voit sa renommée arriver jusqu’à nous. Son histoire personnelle et sa place dans la vie du pays en sont la source :  duchesse de Bretagne à 11 ans,  reine pour la première fois à 14 ans, elle a vu mourir 7 de ses 9 enfants. Veuve à 21 ans, elle reprend la responsabilité du duché de Bretagne, et assume avec ce qui en découle, avec le souci de l’intérêt des bretons et du pays. Elle s’est voulue proche de son peuple, ce qui l’amène, de juin à septembre 1505, à réaliser son Tro Breiz pour aller à la rencontre des habitants.  Et elle y a réussi. Sa mémoire en témoigne. 

 

La deuxième expression, nous l’entendons dans la lettre de Saint Jean : « les commandements de Dieu ne sont pas un fardeau. » dit-il. Jésus nous donne le sens de cette parole, et c’est pour nous une heureuse découverte. Un jour, on lui demande :  « quel est le premier commandement ? »  Sans hésiter, il répond : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta force, de toute âme… » et il ajoute   Et voici le second :  tu aimeras ton prochain comme toi-même. »  Aimer  est tout le contraire d’un fardeau, c’est un moteur extraordinaire, un élan, une puissance de rencontre, d’action.   Mais avec Saint Jean aussi, nous l’avons compris, il faut que l’amour s’inscrive dans la réalité des personnes, des choses, du temps. L’amour ne va pas sans action pour ceux qui sont plus faibles, les malades, ou encore ceux qui sont sans moyens.  Si Dieu peut sembler loin, le frère est réel : c’est le voisin, le citoyen, le collègue, le conjoint… Et il attend de nous respect, attention, disponibilité, confiance. Et au niveau de la société, l’amour des autres nécessite organisation et solidarité, pour que la société soit bien construite et vive en paix…. Le prophète Jean-Baptiste avait annoncé un Messie justicier, et voyant Jésus il a des doutes que Jésus dissipe : « Allez dire à Jean : « les aveugles voient, les sourds entendent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvre… »  Ce que Jésus dit, il le fait. 

 

L’Evangile est vraiment parole de Dieu, mais Parole qui passe par l’humanité. On comprend que le Pape Jean XXIII, en son temps,  ait dit que la politique, au sens le plus noble, est le niveau le plus élevé de la charité.

 

La troisième expression : c’est le commentaire de Jésus, après avoir lu le prophète Isaïe. « Aujourd’hui, cette parole s’accomplit» dit-il.  En effet, ce qu’il dit, il l’accomplit. Qu’il y ait donc le moins de distance possible entre nos paroles et nos actes.  Il y a trois ans, pendant mes vacances, j’ai lu avec intérêt un livre assez volumineux sur Anne de Bretagne : et j’ai découvert qu’on lui avait donné une formation chrétienne très sérieuse.  Sa vie et son action pour les autres et le pays en ont été profondément marqué. Aujourd’hui, que la Parole de Jésus s’accomplisse aussi pour et par chacun d’entre nous.”  

 
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Nous vous présentons un extrait du reportage que vous retrouverez ce soir au journal d’Armor TV (le lien permanent du reportage complet se trouve ici, à 3’50) :

 

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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