Saints bretons à découvrir

VIE CHRETIENNE : salud deoc’h iliz ma farrouz (2)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

cantiques,bretons,paroisses,missionnairesVoici la suite de notre chronique dont la première partie se trouve ici : 1ère partie.

… Les voûtes de nos églises, cathédrales et chapelles ne résonnent plus guère de cette beauté liturgique qui témoignait de l’enracinement de la foi de nos ancêtres en terre bretonne, tel qu’on le chante dans le « Da feiz on tadoù koz » (A la Foi de nos Pères). On préfère nous servir des cantiques fades, parfois limités au niveau musical, théologique et spirituel, moment souvent privilégié pour que certains laïcs puissent y donner toute leur mesure, sans connaissance liturgique et musicale, malgré leur bonne volonté. Cela alors que le patrimoine musical religieux est riche en trésors.

Nous allons ici évoquer la question de l’usage ou non des cantiques bretons. Lors du grand chambardement d’après 68, et sous la fausse excuse du Concile Vatican II (que d’aucun, prêtres et laïcs, n’avaient réellement étudié) , il a été annoncé que la langue utilisée serait désormais le français. Exit les cantiques bretons ringards, basta le latin… aux oubliettes, et vive la modernité.

Sauf là où il y a des communautés nouvelles (et donc qui ont un certain élan missionnaire), on en arrive aujourd’hui avec des églises quasi-vides où ne subsitent que les seniors qui ont tenu le choc, avec des cérémonies mornes qui n’élèvent plus l’âme. Quant à la langue bretonne, elle n’est plus souvent que folklore ressorti pour les pardons. Pourquoi ?

Il existe diverses raisons, mais il convient ici de mettre le doigt sur un problème qui n’est que trop peu évoqué. Tout comme la liturgie n’appartient ni au curé, ni aux laïcs en responsabilité, la langue n’est pas non plus leur propriété. Ce n’est donc pas à eux de décider quelle langue sera utilisée. Ce n’est pas leur rôle que de confisquer le patrimoine musical de la paroisse (de trop nombreux exemples existent), mais c’est à eux de travailler avec les langues locales, qui parlent aux paroissiens. Or le Breton, même s’il est loin de l’Eglise, est attaché à ses racines ! Il convient donc de le toucher, et c’est par ce biais que cela est possible, et non via une culture hors-sol.  Le prétexte récurrent que les gens ne comprendraient pas n’est qu’une fausse excuse qui n’arrange simplement que la personne qui l’exprime. D’ailleurs, bizarrement, avoir un chant en anglais, en wolof ou en hébreu ne semble pas les émouvoir outre mesure.

Ainsi donc, si le breton (tout comme le latin) a disparu de nombreuses paroisses, la faute en revient aussi (et surtout) à des personnes qui n’ont aucune autorité pour en interdire l’usage, que ce soit un laïc ou un prêtre. Cela parfois malgré des demandes répétées des communautés locales.

Il convient donc de les informer et de les former à l’usage du breton, par exemple en leur proposant (non en leur imposant) dans un premier temps de prendre un cantique en rapport avec la fête du jour ou le temps liturgique, avec traduction française pour que chacun sache ce qu’il chante. Soyez persuadés que l’assemblée chantera bien plus un cantique issu des sources locales (quitte à le réapprendre), qu’une des multiples chansonnettes prévues pour des veillées et qui ont trouvé des places indues dans la liturgie. D’autant que ces cantiques sont des cours de caté à eux tous seuls… et que la mission peut commencer là où le chant résonne !

Si la terre et la moisson sont aussi présentes dans les paroles de Jésus, mais aussi dans les lettres de Saint Paul, c’est bien aussi parce que tout croît à partir de la Terre, d’Adam au blé, des tubercules aux arbres fruitiers… C’est en prenant conscience des racines christiano-bretonnes de la Bretagne que les paroisses se redynamiseront, en recueillant les fruits d’un élan missionnaire dans l’esprit des moines irlandais et bretons, ancrés au plus profond de la terre pour se mettre service de la Gloire de Dieu, loin d’une position de Cerbère sacristique. Cela avec l’aide de l’Esprit Saint !

Eflamm Caouissin

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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3 Commentaires

  1. Setu ur pennad skrivet brav!
    Gourc’hemennoù

  2. Eh, bien!!!! Quelle heureuse surprise de lire votre blog!
    Tres bon article, vous avez mis le doigt ou cela blesse.

  3. Voir les messes périodiques bilingue (liturgie et textes en breton, homélie bilingue) à Carhaix/ Karaez.

    La totalité des chants et textes figurent sur feuille spécialement préparées pour l’occasion. Beau travail des organisateurs!

    L’ensemble est conçu pour que chacun, bretonnant ou non, y trouve sa place et que la langue bretonne soit effectivement très largement utilisée .

    En 2014/2015, ces messes dominicales, en l’église Saint-Trémeur, sont prévues au rythme d’une tous les deux mois.

    Ces messes ont débuté il y a environ deux ans. A noter que la qualité des réglages linguistiques et de la liturgie est allée en progressant constamment pour atteindre un niveau qui sert la célébration et la prière de façon éminente et remarquable.

    Il est possible de faire de vraies messes à destination des bretonnants et des autres. Que ce soit au Minihi Levenez (29) ou à Karaez (29), la démonstration vivante en est faite. Alors oui, « il y a du plaisir » (bez ez eus plijadur) à participer à la messe.

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