Et si j’optais pour mettre du breton à la messe ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Nous le disons régulièrement, il est essentiel d’enraciner l’annonce de l’Evangile dans la culture locale. Le Cardinal Daniélou, rappelant que « si l’unification de l’humanité consistait à créer une uniformité, elle serait la destruction d’une des choses les plus précieuses de l’humanité et qui est la richesses des différentes cultures » précisait qu’un « humanisme intégral est celui où l’Afrique, la Chine, l’Amérique et les anciens pays d’Europe apportent chacun et leur langue propre et leur culture propre et leur génie propre. ». Evidemment, la Bretagne aussi  a sa langue et sa culture propres et un humanisme intégral nécessite donc de ne pas participer à l’éradication de la langue et de cette culture, mais d’en faire la promotion à la lumière de l’Evangile, comme le précise toujours le décret Ad Gentes (III, 22) : «  …la vie chrétienne sera ajustée au génie et au caractère de chaque culture, les traditions particulières avec les qualités propres, éclairées de la lumière de l’Evangile, de chaque famille des peuples… ».

Mais comment, au niveau pratique, avancer en ce sens ? Suivant la note publiée en 2001 par la commission Langue & Culture Bretonne du Diocèse de Quimper et Léon, voici quelques pistes pour aider à vivre une foi enracinée dans notre culture propre. Il est ainsi proposé de :

– Introduire dans chaque assemblée, au minimum, une mélodie bretonne, accompagnée ou non d’un cantique breton. Dans un premier temps, cela serait souhaitable dans toutes les paroisses de Bretagne.

– Ajouter le Kyrie, le Sanctus et un refrain de prière universelle en breton. Pas compliqué à mettre en oeuvre, car il existe de nombreux airs simples en breton, aisés à reprendre par l’assemblée. Par ailleurs, il y a aussi la possibilité d’utiliser des airs connus en français, traduits en breton.

– Prévoir que l’ensemble des chants seront en breton, accompagnés de leur traduction. Ce qui revient souvent est que les gens ne comprennent pas ce qu’ils chantent. En fournissant la traduction, vous les aidez dans leur compréhension, tout en désamorçant cette excuse. Par ailleurs, ils apprennent ainsi la langue.

– Prévoir une lecture en breton, avec son résumé en français ; prévoir également des intentions de prière bilingues, ainsi que l’homélie. Il existe des ouvrages avec ces lectures en breton. N’hésitez pas à nous demander si vous avez du mal à les trouver.

– Célébrer toute la messe en breton, tout en tenant compte qu’il faut permettre à un non bretonnant de participer (et donc de s’ouvrir à cette culture bretonne et de la vie de foi e brezhoneg). Certaines paroisses proposent des livrets de messe rédigés de manière bilingue (avec la totalité des monitions, prières, etc… traduites). Une messe totalement en breton ne pose donc plus de problème de compréhension. Nous pouvons vous aider en ce sens.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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5 Commentaires

  1. Groupement celto-breton du nord ouest de la France (L’Anneau Celtique) nous fêtons la Saint Yves chaque année dans l’une ou l’autre des paroisses (celle qui veut bien nous recevoir).
    Plusieurs années de suite nous avons cherché à faire dire la messe par un prêtre bretonnant mais impossible, tous les prêtres bretonnants que nous connaissons sont super bookés !
    Je n’ai pas contacté le diocèse mais je crains que dans la région de St Omer il n’y ai pas de curé bretonnant.
    Si qq’un avait une idée, et l’oreille du diocèse pour organiser une messe en breton dans le chnord, nous serions heureux d’y participer, en costume SVP !

  2. Pauline Uí Argáin

    Un grand merci pour cet article sur l’annonce de l’évangile enracinée dans la culture locale. En Irlande l’église catholique semble avoir oublié sa langue d’origine qui est la langue des manuscrits qui transmettaient l’évangile au quatre coins du monde!
    L’usage des langues celtes n’exclut personne. Au contraire, cela permet aux croyants de rendre grace a Dieu avec la musique qui ne résonne pas faux! Les gens de tous les pays apprécient et participent.
    Mais…qui nous écoute parmi les éveques? Nos communautés se disloquent!
    Beannacht Dé!
    Que Dieu vous bénisse!

  3. Louis-Marie SALAÜN

    La volonté d’utiliser la langue bretonne dans le cadre de la messe est une bonne chose et un bon moyen pour que les bretons n’oublient pas leur langue. L’idéal étant de permettre aux Bretons et aux non-Bretons qui ne parlent pas la langue de pouvoir saisir le sens des paroles: pour cela si ce n’est déjà fait il faudrait des livres de chant avec les textes de la messe (notamment la prière eucharistique) en français et breton comme cela se fait pour le latin dans certains missel. Ainsi la langue bretonne ne pourra pas être invoquée comme obstacle et mise au rencart comme on a pu le faire avec le latin et le chant qui lui correspond au motif que les fidèles ne comprennent et ne connaissent plus ou pas le latin.

    Que l’on mette un maximum de cantiques bretons aux messes c’est aussi une bonne chose surtout lorsque leurs textes sont adaptés et directement liés au rite ou à l’action liturgique (il y a des cantiques bretons pour la communion, pour l’offertoire).

    En revanche je suis plus réticent voir opposé à ce que le commun de la messe (aujourd’hui on dit l’ordinaire à savoir kyrié, sanctus, Agnus) ainsi que le Credo et l’hymne du Gloria soit chantés en breton. Ceci pour deux raisons liés aux règles du chant liturgique et aux textes de l’Eglise sur le chant liturgique et la musique sacrée:

    -d’abord les règles du chant liturgiques nous disent qu’il revient à l’assemblée le chant de certaines parties à savoir justement l’ordinaire de la messe (Musicam Sacram chap3 points 32 à 36). Or tous les bretons ne parlent pas la langue et s’il y a des non-bretons dans l’assemblée ils ne pourront pas chanter, ne sachant pas la prononcer correctement.

    -ensuite parce que l’Eglise rappelle par le biais de deux documents importants : Motu proprio de St Pie X “Tra le sollicitudini” (point 2 “genres de musique sacrée”) et “Musicam Sacram” (chap VI point 50 a) que le chant grégorien est le chant propre de l’église catholique (c’est donc valable pour la Bretagne) et qu’il doit occuper la première place dans les rite latins. Or c’est précisément et particulièrement dans l’ordinaire de messe que le grégorien doit être utilisé. Qui dit chant grégorien dit latin donc cela exclu l’usage du breton pour ces chants.

    Ainsi, le soucis légitime de l’utilisation de la langue bretonne dans la liturgie de la messe (et dans toute liturgie en général) ne doit pas contredire les règles prescrites par l’Eglise et par la tradition de l’Eglise (confirmée au fil des siècles) en matière de chant liturgique.

    Un petit rappel qui me semblait nécessaire afin qu’en Bretagne au moins (puisque ce n’est que très rarement respecté ailleurs depuis 50 ans) on puisse utiliser la langue bretonne tout en respectant les directives de l’Eglise en matière de langue et de chant liturgique.

  4. Le dernier pardon de ND de la Palud (Finistère) vient de se dérouler (cette année deux jours seulement, en raison du contexte sanitaire, au lieu de quatre habituellement). La messe en breton a été concélébrée le samedi soir (célébrant excellent bretonnant, à la diction très agréable).

    La feuille de messe (deux pages A4 recto-verso) était particulièrement soignée, entièrement bilingue, à l’exception des lectures (imprimées en français seulement, sans doute pour des raisons d’économie de papier) mais dites en breton à l’oral. Ainsi chacun, bretonnant (un peu, moyen, beaucoup) ou pas pouvait suivre facilement.

    Initiative intéressante: en début de messe, certaines formulations ont été répétées (comme parfois l’on répète un chant).

    Homélie en breton, par Job an Irien, avec quelques incrustations de phrases en français.

    Un bon exemple de ce qui peut être fait, intelligemment, pour faciliter la participation à la messe en langue “régionale”, ou accueillir dignement quiconque, local ou visiteur de passage (à supposer que ce dernier connaisse le français, dans le cas contraire, le latin est effectivement utile. Ou alors, ce que je fais à l’étranger: avoir un petit livret dans sa langue habituelle, du style “Prions en Eglise”. Cette solution fonctionne très bien).

    Enfin, à signaler: article wikipedia très complet (date de consultation 2020 08 31) sur le déroulé de la messe de Vatican II.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Messe_de_Vatican_II

    De toute évidence, un très gros travail (références à l’appui), de qualité professionnelle, et qui mérite d’être salué. Très probablement rédigé par un service d’Eglise. Il existe des articles sur d’autres rites, notamment le “rite tridentin” (références à l’appui).

    • Salud deoc’h !

      Èl ma ouiet-c’hwi, ned eo ket mui posupl digoriñ ar lec’hienn internet :
      https://www.an-overenn-santel.fr/1-ordinaire-de-la-messe/ “.
      Perag ? Ne ouian ket me !

      Evid ma vo tu din prientiñ ” OVERENN ar FESTIVAL ETREKELTIEG ” en iliz Sant Loeiz en Oriant (14.08.2022), e karehen resev :

      1 / ar lennadenn gentañ : ( Jr 15, 10) (Jr 38, 4-6.8-10)
      2 / ar psalm : (Ps 39 (40), 2, 3, 4, 18) – ged ar follenn muzik (mar bez posupl ! )
      3 / an eil lennadenn : He 12, 1-4)

      Ma ned eo ket posupl, kemer a rin-me an troidigezhioù a vez kavet e levr Job an Irien.

      Mersi braz en a-raog evid ho skoazell !
      A galon ha joe deoc’h

      Alan HERVE

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