Saints bretons à découvrir

29 juillet : Saint Guillaume Pinchon, évêque de St Brieuc

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Evêque de Saint-Brieuc de 1220 à 1234
Second patron du diocèse
Fêté le 29 Juillet.

Guillaume est né en 1184 (on ignore la date exacte), nous rapporte la tradition, à Fleur d’Aulne, un domaine situé sur la rivière de la Flora dans la paroisse de Saint–Alban. Son père se nommait Ollivier Pinchon ou Pichon ; sa mère Jeanne Fortin, de la paroisse de Pleurtuit. Il est élevé à Saint–Brieuc dans les rangs de la cléricature. Par la suite, il sera amanuensis, c’est-à-dire secrétaire et familier de l’évêque. Il est permis de penser qu’il était présent le 18 octobre 1212 lorsque les reliques de Saint–Brieuc furent rapportées d’Angers à Saint–Brieuc.

En 1220, le siège épiscopal de Saint–Brieuc se trouva vacant par la mort de Sylvestre. Le chapitre lui donna pour successeur Guillaume Pinchon. Celui-ci avait alors 36 ans. Son nom est lié, dans l’histoire de Bretagne, au conflit qui l’opposa avec les évêques de Tréguier et de Rennes à Pierre de Dreux. Celui-ci avait été marié par Philippe-Auguste, son oncle, à Alix, l’héritière de Bretagne : le roi de France avait pensé par là soustraire la Bretagne à l’influence anglaise.

Pierre de Dreux entra d’abord en conflit avec l’évêque de Nantes à propos de fortifications. Ce conflit assez simple se développa et devint crise aigüe. Pierre déplaça la question et s’en prit à des droits fiscaux perçus par le clergé local : le tierçage, les dîmes inféodées et le past nuptial. Pierre se posait par là en champion des réformes. Les évêques bretons –à l’exception de celui de Quimper- s’unirent et portèrent leur plainte au Saint Siège. Le comte, alors, confisqua le revenu temporel des évêques de Rennes, de Saint–Brieuc et de Tréguier. Ceux-ci durent s’exiler.

Où se retira Guillaume Pinchon durant son exil ? Fut-ce à Poitiers ? Ses plus anciens biographes l’affirment. Mais il n’y resta pas. Ce fut lui, en effet, qui avec l’évêque de Rennes, rencontra à Rome les envoyés de Pierre de Dreux. La réponse du Saint Siège fut sévère. Le 29 mai 1228, l’interdit était jeté sur la Bretagne. Pierre Mauclerc tergiversa. Mais les difficultés augmentaient. La guerre d’escarmouches que Pierre de Dreux menait contre le roi de France menaçait de devenir sérieuse. En 1230, il capitulait. Les évêques exilés –y compris Guillaume Pinchon- revinrent dans leurs diocèses.

Guillaume fit de son manoir « la maison du Bon Dieu ».

Il recevait lui-même tous les pauvres et maintes fois on le vit activer le feu pour faire bouillir la marmite. L’année 1225, nous rapporte Albert le Grand, fut particulièrement terrible. Les groupes qui venaient chaque jour au manoir épiscopal s’accrurent. Guillaume fit face dans la mesure de ses ressources. Ses greniers se vidèrent ; il emprunta du blé à son chapitre. Lorsque la famine devint plus pressante, il se fit mendiant et alla à travers la ville quêter le pain de ses enfants.

Il avait trouvé une cathédrale en chantier. Il continua les travaux de la façade ouest. A son retour d’exil, il commença, écrit René Couffon, sur le flanc sud l’édification d’une chapelle dédiée à Saint Mathurin en laquelle il désirait être enterré. Il avait assuré aux architectes « qu’il achèverait son Eglise, vif ou mort ».

Il tomba malade vers la mi-juillet 1234.

« Connoissant qu’il n’en rechaperoit pas, il se munit de ses Sacremens ; et ayant exhorté ses Chanoines à élire en son lieu un homme digne de cette charge, il leur recommanda, de rechef, son Eglise ; puis absorbé en une profonde contemplation, il ferma les yeux du corps pour ouvrir éternellement ceux de l’Ame, le 29 jour de juillet 1234, le 53 de son âge et le 17 de son pontificat »

Les miracles à son sépulcre provoquèrent tant de dons et d’aumônes qu’elles suffirent pour achever la cathédrale. L’évêque Philippe, son successeur, fit prendre note de toutes les guérisons qui s’accomplissaient et présenta ce rapport au pape Innocent IV qui était alors à Lyon. Celui-ci, après enquête, canonisa solennellement saint Guillaume le 15 avril 1247.

Guillaume Pinchon, premier saint breton canonisé ?

Précisons un point qui concerne sa canonisation. Il est fréquemment dit que Guillaume Pinchon est le premier saint breton à être canonisé, suivi de saint Yves en 1347, patron de la Bretagne. Cette vision est erronée et consiste à dire que les saints antérieurs (bretons mais aussi d’ailleurs) aux procédures de canonisation ne sont pas réellement canonisés. En fait, il est le premier saint breton à être canonisé selon la nouvelle procédure établie par Rome au XIIIème siècle, mais pas le premier saint breton canonisé.  Car  il faut bien avoir en tête que si la finale de la Réforme grégorienne définira les critères de sainteté pour les canonisations ultérieures (cf IVème Concile de Latran) cela ne veut en aucun cas dire que la canonisation n’existait pas avant (que ce soit en Bretagne ou ailleurs). Ce sont les normes de canonisation qui ont simplement changé, de la même manière que Jean-Paul II a lui aussi profondément modifié les conditions de canonisation, ce qui ne remet pour autant pas en question les canonisations antérieures.

D’après les sources  du  Diocèse de Saint Brieuc & Tréguier

1ère publication le 29/07/2013

Révision de l’article le 29 juillet 2020

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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