Biographie
Né aux alentours de l’an 800, comte de Vannes à partir de juillet 819, Nominoë est désigné missus imperatoris de Louis le Pieux et ducatus ipsius gentis des Bretons à partir de 831.
À la mort de ce dernier, auquel il reste loyal jusqu’à la mort, en 840, il soutient dans un premier temps son successeur Charles le Chauve puis entre en rebellion ouverte contre l’administration franque. Dans sa volonté d’assurer l’autonomie de la Bretagne face au royaume franc, il s’allie avec Lambert II de Nantes, fils du précédent comte de Nantes mais non-confirmé dans cette charge par Charles le Chauve..
Le roi Charles doit le reconnaître en 846 [1] à la suite des batailles de Messac (843) et de Ballon (845), bataille sanglante qui vit la fuite de Charles Le Chauve en pleine nuit en abandonnant son armée. Battu trois fois par les Vikings, Nominoë doit traiter avec eux pour qu’ils s’éloignent de Bretagne [2]. Deux ans après, il s’empare d’Angers et des pays voisins [3]. A cause de la défection de Lambert II de Nantes, il annexe ensuite Nantes et Rennes en 850, lance des raids sur le Bessin et le Comté du Maine.
Nominoë meurt en campagne, le 7 mars 851 [4] près de Vendôme, après avoir conquis le Maine et l’Anjou.
Contrairement à la croyance générale, Nominoë n’a jamais porté le titre de roi (bien que le chroniqueur médiéval Réginon de Prüm lui donne ce titre). Dans le cartulaire de Redon, il est tour à tour qualifié de duc des Bretons, de duc en Bretagne, de duc de toute la Bretagne, de prince de Bretagne et de prince de toute la Bretagne. C’est son fils et successeur Erispoë qui a le premier usé de ce titre, confirmé par Charles le Chauve après la bataille de Jengland (proche de Redon). Avec Alain Barbe-Torte, le titre de roi sera abandonné et les souverains de Bretagne prendront le titre de Dux Brittonum. Ce titre de duc n’est pas moindre par rapport au roi, mais explique notamment une autre conception du pouvoir. Par sa politique et ses victoires, Nominoë donna à la Bretagne un début d’unité géographique confirmée par la suite par son fils Erispoë, des institutions durables et une indépendance, dont les prémices avaient débuté en 410 par le Tractus Armoricanus [5], qui allait durer jusqu’en 1532.
Son nom en breton est Nevenoe. Dans son Histoire de la Bretagne, Arthur de La Borderie lui a décerné le qualificatif de Tad ar Vro, c’est-à-dire « père de la patrie ».
En français, la graphie Nominoé est aussi utilisée.
Ses origines
Certains le qualifient de prince des Vénètes, mais c’est peut-être seulement en raison de sa fonction de comte de Vannes. D’autres pensent que s’il possédait beaucoup de biens familiaux dans la cité des Vénètes, il y ferait davantage de cadeaux à ses amis vénètes. Son nom, rare, a été rapproché du nom breton Nevenou, mais les noms sont parfois trompeurs, surtout à cette époque. On trouvait de nombreux Bernaardt en Basse-Bretagne mais ils n’étaient pas francs, c’est-à-dire qu’ils n’avaient rien de germanique à part leur prénom. A contrario, les Geoffroy qui allaient bientôt devenir très nombreux en Europe, ne partageaient pas forcément les origines bretonnes de leur prénom. Plus tard, sur la base de généalogies imaginaires, on trouva à Nominoë des origines dans le Poher. D’autres ont situé ses origines à Dinan ou dans ses environs, sans doute en raison des bienfaits qu’il prodigua aux moines de Léhon, près de Dinan. Chez les Francs, Réginon de Prüm indique que Nominoë était fils d’un paysan enrichi par la découverte d’un trésor, indications reprises par les Francs d’Anjou de la famille Foulques (Plantagenêt).
Après la mort de Nominoë
et l’assassinat de son fils Erispoë, leurs descendants réussissent brillamment à Rennes, toujours grâce à l’efficacité de leur cavalerie. Comme l’a révélé le conflit entre Gurvant et Pascweten en 875, les Vénètes n’avaient pas de cavalerie digne de ce nom.
Autre indice, Renac, le domicile préféré de Nominoë se situait certes sur le territoire de la cité des Vénètes comme il convenait à un comte de Vannes, mais dans ses confins limitrophes de la cité des Riedones, juste à côté du lieudit Roton ou Conwoïon faisait construire une abbaye grâce au soutien actif de Nominoë. On sait combien Lambert tenait à Nantes, mais Nominoë ne tenait-il pas tout autant à Rennes ? En 850, c’est d’abord de Rennes qu’ils sont venus s’emparer, juste avant de récidiver dans la foulée à Nantes. Leurs demeures respectives de Craon et de Renac n’étant pas très éloignées avec un bon cheval, on peut penser que ces deux cavaliers confirmés se rendaient visite à domicile pour parler politique. Renac faisait sûrement très campagne à côté de Craon, la ville antique avec son abbaye Saint-Clément et son prieuré, toutefois Conwoïon avait déjà bien compensé en faisant construire l’abbaye Saint-Sauveur sur le chantier du lieudit « Roton ».
Notes
- ↑ Annales de Saint-Bertin AD846
- ↑ Annale sde Saint-Bertin AD 847
- ↑ Annales de Saint-Bertin AD 849 Le Breton Nominoë avec sa perfidie accoutumée s’empare d’Angers et des pays circonvoisins
- ↑ Annales de Saint-Bertin AD851
- ↑ Cf rescrit d’Honorius
Source : GrandTerrier ; Wikipedia
Illustration : Le triomphe de Nominoé (Jeanne Malivel)
____________ KAN BALE NEVENOE (Glenmor, adkempennet gant Gilles Servat) __________________
Skoulmet mat eo hirie
chadenn ar goskored
kousket noz, kousket deiz,
kalon ar Vretoned
ma ‘z eo du an noz
dindan gwask pounner ar Gall,
disoñjet-krenn eo ho anv.
ma ‘z eo du an deiz
d’argadourien ‘r vro dibal,
piv a sammo bir ha kleze ?
Met un deiz e c’hwezho
avel menez Are,
met un deiz e luc’ho
tan-gwall menez Kerne
ra vo dihunet
nerzh ha lorc’h an argadour
e skeud pounner
ar gwenn-ha-du,
ra vo dismantret
korf ha gwad an enebour
n’eus forzh penaos e vo ludu.
Skeud an trec’h war o dremm
ho pugale ‘yay d’ar brezel,
dorn kalet lagad lemm,
stagañ raint war-du an avel.
gant tan ar serr-noz
e deun o daoulagad
war ar c’huzh-heol
ez int fennoz,
gant youc’h ar re gozh,
war leurenn an argad,
ar re yaouank ‘varvo fennoz.
Nevenoe Nevenoe Nevenoe
Traduction / Troidigezh
1. Bien nouée demeure aujourd’hui
La chaîne de notre servage!
Tu dors le jour, tu dors la nuit
Breton oublieux de l’entrave.
Ténébreuse est la nuit pourtant
Tandis que le Franc nous oppresse
Pour que notre nom disparaisse.
Quant au jour, il l’est tout autant,
Guerriers d’une terre égarée!
Qui saisira l’arc et l’épée?
2. Mais le jour vient où soufflera
Le vent depuis les Monts d’Arrée;
Et s’embrasera, ce jour-là
Le bûcher sur le Menez Bré.
Réveillez-vous, réveillez-vous,
Sublime fierté de nos pères,
Ainsi que leurs vertus guerrières!
Que la blanche et noire bannière
Voie tomber enfin sous nos coups,
Exsangues, ces corps ennemis
Au milieu de fumants débris!
3. Sous les drapeaux de la Victoire
Vos enfants monteront au front.
Le poing serré, prunelle noire
Marchant au gré de l’aquilon.
Avec le feu du crépuscule
Luisant au fond de leur regard
Vers ces bords où finit le soir,
Vois-les partir, tandis que hurlent
De joie leurs anciens, accourus!
Ce soir, ils mourront, tant et plus,
Ces jeunes gens, ivres de gloire!