Saints bretons à découvrir

Bretagne, Europe, chrétienté : une utopie contradictoire ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 min

On entend de tout sur les Scouts d’Europe et les Scouts Bleimor. Afin de mieux informer nos lecteurs, Lionel Christien – professeur certifié d’histoire géographie et auteurs de plusieurs travaux universitaires sur l’histoire des mouvements de jeunesse et du scoutisme – a mis à disposition des lecteurs d’Ar Gedour son étude publiée dans « La décomposition des chrétientés occidentales ».

Dynamique et diversifié, le scoutisme français des années 1930 et 1960 en Bretagne s’inscrit sans doute dans l’esprit de son temps et bien des traits le rapprochent des autres mbleimorouvements de jeunesse que l’époque a vu naître et se développer. Il s’en distingue pourtant et son originalité tient à la fois à sa sociologie, à sa pratique et à son idéologie : triple détermination qui s’impose quelles que soient par ailleurs les évolutions suscitées par les circonstances extérieures ou par ses conflits internes.

Moyennement implanté en Bretagne, mais fortement enclin à se ressourcer dans le mythe d’une chrétienté bretonne idéale, il rencontre finalement,  plus que bien d’autres organisations analogues, les divers problèmes de la question nationale bretonne. Toutes ces considérations seraient, bien entendu, à nuancer, d’autant plus que certaines ne valent que sous bénéfice d’inventaire. En toute hypothèse, elles laissent de côté une interrogation majeure : comment s’articulent, dans la redistribution du paysage scout, au milieu des bouleversements des années soixante, les identités bretonne, française et européenne ? Ou, pour le dire autrement, quelle est la part de l’affirmation bretonne des Bleimor dans le développement des Scouts d’Europe ?

Nous nous proposons ici de tenter de répondre à la question posée il y a quinze ans, que sous-tend une autre interrogation : comment se fait-il que le scoutisme Bleimor, identitaire et voulu national pour la Bretagne, catholique parce que Breton, s’est intégré en 1962, comme un seul homme ou plus exactement à la suite d’un seul homme, dans une fédération scoute transnationale à vocation européenne, œcuménique puisque européenne, organisation devenue paradoxalement et malgré elle, à la fin des années soixante pour la France, une des composantes malvenues, dans l’Église conciliaire, du courant catholique intransigeant ?

L’histoire est connue, les scouts et guides Bleimor sont nés à Paris en 1946 sous l’impulsion d’un couple, Pierre et Lucienne Géraud. L’histoire certes, mais l’archéologie qui la rend intelligible, en revanche… Et puis, le projet Bleimor, de quoi est-il réellement porteur, au delà de sa réalité vécue du moment et du souvenir qu’il en reste ? Et d’abord, qu’est-ce que le projet Bleimor ? Ce qui revient à se demander ce que voulait son promoteur principal, Pierre Géraud dit Perig Keraod. [… ]

Téléchargez l’article complet ici : Bretagne, Europe, chrétienté.pdf

Article publié initialement en 2014

À propos du rédacteur Lionel Christien

Né en 1966, Lionel Christien est professeur certifié d’histoire-géographie. Auteur de plusieurs publications et travaux universitaires sur l’histoire des mouvements de jeunesse et du scoutisme.

3 Commentaires

  1. Il n’y a ni foi ni loi chez ces anciens du KGB et alliés à ce jour des mafieux. Ils sont aussi et toujours la longévité malsaine des communistes bretons de la guerre et l’après-guerre. Ces épisodes pré criminels de la guerre d’Ukraine ( la vérité était elle du côté de Poutine ou Biden), le moment où le mensonge de Poutine a atteint un paroxysme. m’ont définitivement convaincu : 1944 je ne savais pas ce que c’était un « faque new » j’avais 4 ans c’ était une arme employée contre des honnêtes bretons pour les assassiner Ils étaient qualifiés de collabos ou pro allemands . 77 ans après Il est temps de revoir l’histoire : qui peut, après ce qu’on vient de vivre, ce qu’on vit, croire à la véracité des accusations portés contre Bleimor, l’abbé Perrot et innombrables bretons. Pour moi c’est le parti communiste français et lui seul le responsable. ….mais les copains mafieux c’étaient qui ? Jean Briac

  2. war zao ! signifie debout ! En-avant se dit war-raok !

    Paotr Tréouré, auteur de paroles tout à fait honorables (voir les couplets) de ce chant délibérément enthousiaste voire primesautier, est un excellent bretonnant qui a aussi traduit en breton des Fables de la Fontaine. Pour avoir une idée du répertoire (en breton et en français) des scouts Bleimor à cette époque (début des sixties), voir le carnet de chant (en ligne sur le site idbe.org) : http://bibliotheque.idbe-bzh.org/data/cle_74/Bleimor_a_Gan_.pdf

    Urz skaouted Bleimor signifie Organisation des scouts Bleimor (et non pas ordre scout !). Ne pas confondre un substantif au pluriel et un adjectif qualificatif. Cf aussi le mot urzhiater qui désigne un ordinateur.

    Le texte de M. CHRISTIEN joint à l’article d’Ar Gedour me parait surtout fondé sur une recherche archivistique (revue SKED en breton).

    L’auteur ne donne pas l’impression d’avoir perçu la différence entre la couleur du papier (certains écrits peut-être enflammés, voire idéologiques. Mais qu’est-ce qui n’est pas idéologique ?) au lectorat nécessairement limité (au début des sixties à Bleimor Paris, les enfants ne parlaient pas breton. Diwan était encore loin dans les limbes du futur), et la couleur du vécu en plein-air (s’évader de la ville étouffante et du béton, le temps d’un dimanche : une nécessité!) au goût d’aventure qui fait la force du scoutisme en général (et donc de Bleimor en particulier). Pourquoi reprocher à Bleimor d’être teinté aux couleurs bretonnes et catholiques ? Ce fut sa caractéristique et sa singularité, ce fut aussi ce qui limitât son vivier de recrutement et provoquât sa fin, au moins sur Paris.

    Qualifier Baden-Powell de breton me parait ridicule. BP fut un éducateur de génie, dont l’impact a été mondial, encouragé par le roi à se consacrer à son œuvre naissante quand il eut incliné plutôt à participer à la guerre de 14, et reste sans conteste une très haute figure britannique du XX° siècle. De ce côté-ci de la Manche (notre Mor Breizh) on garde trop souvent un regard un peu étriqué, pincé sur le scoutisme. Et c’est bien dommage.

    Il est vrai que la réforme des Scouts de France (initialement structurés sur le modèle 12-18 ans, la grande idée de BP), avec la césure Rangers/Pionniers pensée par Michel Menu, a porté un coup très rude aux Scouts de France qui ne s’en sont jamais vraiment remis. Si l’on cherche de l’idéologie, elle est aussi à dénicher de ce côté-là sans doute.

    Encore un mot sur l’Eglise et les Scouts d’Europe. A l’époque étudiée et bouillonnante du basculement déterminant de Bleimor vers les Scouts d’Europe – le Baussant, emblème des Scouts et Guides d’Europe, apparu en 1966 au Mont-Saint Michel, est clairement un héritage de cette époque – , il était impossible d’avoir un aumônier. Pourquoi cet ostracisme ? Sans doute du fait de la rivalité avec les Scouts de France ? Plus tard l’Eglise s’est ravisée, s’est rendue compte qu’elle mettait au ban une association catholique en plein essor, et a changé de posture.

    En 1966, Perig Geraud-Keraod et d’autres rêvaient de voir le Mont Saint Michel redevenir une abbaye vivante. Un rêve fou qui deviendra pourtant réalité quelques décennies plus tard avec l’arrivée des moines et moniales des Fraternités monastiques de Jérusalem. C’est le propre des visionnaires de sentir la sève de l’Histoire, et de travailler aux premiers frémissements.…

    Traou all a vefe marteze da lâret. A-walc’h eo evit poent…

  3. – rectificatif –

    La fiche Wikipedia de Michel Menu indique ceci:

    « À la suite d’un désaccord sur les orientations du mouvement, Michel Menu quitte les Scouts de France en 1956 ».

    Erreur de ma part donc, quant à son rôle dans la réforme. Il reste que cette réforme s’est révélée catastrophique pour le mouvement scout en France dont elle a cassé la dynamique, provoquant au passage l’émergence de multiples associations dissidentes, le mouvement des Guides et Scouts d’Europe étant la principale (pour une raison chronologique d’abord, mais aussi sans doute en raison probablement de son enracinement clair et affiché dans la foi chrétienne. D’où sans doute une hargne particulière à son égard, de la part des acteurs de la bien-pensance médiatique).

    Cette erreur (ancienne) montre combien il est difficile d’être lucide ou simplement bien informé quand le monde associatif traverse des turbulences, car l’accès à une information de très haut niveau (du plus haut-niveau) n’a rien d’évident quand l’on connait le fonctionnement parfois intrigant du petit monde associatif. Les luttes de pouvoir, même si elles restent dans l’ombre, peuvent y être très vives.

    Pour finir, Michel Menu a eu un rôle dans le développement des « goums »: ces expériences du type désert menées dans des territoires ad hoc, et qui peuvent indéniablement être vues comme un prolongement tardif du scoutisme classique.

    Goumerien pe skaouted ? Petra a blijfe deoc’h ar muiañ ?

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