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Les fraternité paroissiales missionnaires, vous connaissez ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 7 min

Ar Gedour lance une série d’articles dédiée à la mission et aux pardons, alors que ceux-ci commencent à foisonner à l’arrivée de l’été. Ar Gedour depuis des années, que ce soit ici sur ce blog ou sur le terrain, invite à réfléchir à la manière d’aborder certains sujets. Certaines idées ont déjà été tentées, d’autres ne sont à ce jour qu’à l’état d’embryon et attendent une opportunité pour voir le jour.

Il y a trois ans, des « fraternités paroissiales missionnaires » ont été lancées sur le diocèse de Vannes, une intuition qui se déploie aussi dans d’autres diocèses. Sous l’impulsion donnée en 2019 par Monseigneur Centène avec le projet missionnaire « Christus vivit », la dynamique avance et produit de beaux fruits au sein des communautés paroissiales. La mise en oeuvre peut être différente selon les lieux et les besoins.

Un des articles consacrés par le diocèse de Vannes à cette initiative dit ainsi que « les modalités de création des fraternités sont également variées. Souvent les fraternités paroissiales se mettent en place après un parcours Alpha ou une préparation à un sacrement, c’est le cas à Pontivy, Elven, Plescop. D’autres fois, elles se créent à l’initiative du Prêtre et de son conseil pastoral qui organisent des rencontres de présentation et de lancement, comme à Auray. Elles peuvent aussi se mettre en place à partir des propositions contenues dans les numéros hors-séries de Chrétiens en Morbihan prévus pour les temps de l’Avent et du Carême… La formule est souple afin d’être adaptable aux différentes caractéristiques des paroisses tant en milieu urbain, que péri-urbain ou rural… La création d’une fraternité paroissiale missionnaire doit toujours être validée par le prêtre de la paroisse ».

L’approche est en soi intéressante car, disons-le, il manque quelque chose au chrétien s’il oublie sa dimension missionnaire, à la suite du Christ qui a demandé que « de toutes les nations, faites des disciples et baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit… »

Etre missionnaire, c’est déjà accepter de se laisser transformer soi-même par le Christ et faire de son mieux pour le suivre personnellement, lui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie. C’est ensuite par notre exemple que d’autres pourront suivre le même Chemin.

Sur Pontivy, outre les autres fraternités, une entité dédiée aux néophytes a été créée, tandis que sur la paroisse de Crac’h, deux fraternités ont démarré en février 2023 : la fraternité Saint Mathurin et la fraternité Sainte Appoline, qui se réunissent toutes les 3 semaines. Marc témoigne :

Les fraternités sont un bon moyen pour ouvrir la paroisse à sortir de ses bancs et à aller à la rencontre d’autres paroissiens, une façon de se connaître, de vivre quelque chose ensemble, en petits comités pour être appelés à la mission. Le but n’est pas de rester entre paroissiens mais aussi d’aller vers ceux qui sont à la périphérie. Ce qui est important c’est de respecter les rythmes et les chemins spirituels de chacun, de s’accueillir mutuellement avec bienveillance.

Par ailleurs, sans forcément être vues à ce jour comme des « fraternités paroissiales missionnaires » à ce jour, des initiatives existent parfois même avant le lancement de cette intuition missionnaire. A Pontivy, depuis trois ans, les Compagnons de Saint-Ivy vivent cette fraternité entre hommes, se rassemblant une fois par mois pour vivre une convivialité, chercher à s’édifier mutuellement par des topos et des échanges, et prier ensemble. Sans oublier un autre rendez-vous mensuel invitant à dire ensemble les complies dans la basilique dédiée à Notre-Dame de Joie.

Dans le cadre du pèlerinage du Tro Breiz, des fraternités ont aussi été créées, comme la Fraternité Saint-Patern à Vannes ou encore la Fraternité Saint-Corentin à Quimper, invitant à des marches régulières à la découverte du patrimoine religieux, précédées d’une messe pour ceux qui le souhaitent. Les Missions Etudiantes des divers diocèses pourraient également être vues comme une sorte de Fraternité Missionnaire.

Des idées, il y en a…

… et on en lance une ici, à l’adresse de tous les bretons, qui n’est pas sans lien avec une idée que nous proposions déjà en 2012. La mission nous concerne tous, mais la Bretagne a peut-être des points qui peuvent amener à développer cette belle intuition de fraternités missionnaires, même dans des lieux insoupçonnés.

Prenons par exemple les pardons : si certains peuvent parfois considérer cet héritage comme vieillot et embarrassant quand s’accumulent les dates des pardons sans avoir assez de célébrants, il n’en demeure pas moins que les ilôts que sont les villages, accueillent dans le comité de chapelle ou lors des pardons aussi bien des cathos pratiquants que des chrétiens du bout du banc. Le jour du pardon se vit aussi bien la dimension religieuse qu’une approche festive touchant tout un chacun, avec une dimension ecclésiale forte, pour peu que l’on ne soit pas tombé dans l’entre-soi. Autant dire qu’une force missionnaire existe au niveau de ces pardons, si l’on voit les choses au-delà du seul service courant. Certes, des initiatives au niveau de la pastorale du tourisme sont réelles, mais il peut aussi exister d’autres approches complémentaires. Pourrait-on ainsi imaginer des fraternités missionnaires capables de travailler en inter-chapelles sur un même ensemble paroissial / doyenné, créant à la fois une dynamique de rencontre et d’échange, le tout en se basant sur l’héritage spirituel, culturel et patrimonial du saint fondateur et de nos aïeux qui, pour ériger de tels lieux mettaient le Christ au centre de leur vie ?

La célébration des pardons ne serait plus alors une simple date à renouveler chaque année pour perpétuer une tradition, mais plus encore des rendez-vous missionnaires, point d’orgue d’un parcours fraternel qui se déploie au fil de l’an… Il suffit de souffler sur les braises pour que le feu missionnaire revienne !

Une fraternité missionnaire des pardonneurs, comment faire ? 

  • en parler au recteur de votre paroisse et attendre qu’il vous donne le feu vert.
  • imaginer la catéchèse possible depuis la théologie portée par les saints dédicataires et le patrimoine local. Le cantique du saint, l’histoire de la chapelle et de la fontaine peuvent être des supports.
  • inviter les comités de chapelles à se retrouver pour une première rencontre autour d’un verre amical
  • présenter cette proposition missionnaire avec plusieurs points :
    1. en quoi cette proposition peut nous ressourcer
    2. en quoi cette proposition peut redynamiser nos pardons
    3. en quoi la proposition du pardon peut être missionnaire
    4. sujets divers à creuser : théologie portée par les saints dédicataires, catéchèse possible par leur exemple et par le patrimoine matériel et immatériel, la notion de pardon, la notion de tantad (feu de joie), etc…
    5. inviter ceux qui se sentent concernés à se rencontrer à hauteur d’une rencontre par mois, soit dans un même lieu, soit tournant de chapelle en chapelle. Le moment de convivialité étant alors proposé par le comité de chapelle local.
  • Au moment des pardons respectifs, les membres se rendent dans la mesure du possible aux pardons des autres membres, permettant ainsi de souder encore plus cette fraternité, au-delà des sensibilités diverses qui peuvent exister.

Ar Gedour travaille sans relâche à soutenir les initiatives missionnaires sur la Bretagne. Vous pouvez soutenir notre travail par un don en cliquant ici.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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