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C’est la semaine de prière pour l’unité des chrétiens !

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Nous venons d’entamer la semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens. Du 18 au 25 janvier, les chrétiens de toutes confessions se rassemblent pour prier ensemble. Une bien belle initiative, datant de 1908. Et cette année, cette initiative prend une dimension différente avec le 500ème anniversaire de la Réforme. En effet, Le 31 octobre 1517, Martin Luther affichait sur la porte de l’église du château de Wittemberg ses 95 thèses sur les indulgences qui déclenchèrent le mouvement de la Réforme protestante.

Une question me turlupine, et c’est pourquoi je reprend ici en partie un billet qui avait été publié en janvier 2016, en pleine refonte du site Ar Gedour.

Avant de continuer, précisons juste que le site Ar Gedour ne peut être taxé de ne pas avoir une certaine approche oecuménique, étant donné les relations et les projets réalisés ou en perspective avec des frères chrétiens, mais cela sans renier le côté catho.

Nous voyons des initiatives fleurir, et c’est une bonne chose … même si parfois nous nous posons la question du sens quasi systématique de protestantiser nos offices sous prétexte de rejoindre nos frères issus de la Réforme. Faut-il s’effacer pour pouvoir laisser une place à l’autre ? Nous ne le pensons pas. C’est au contraire – et nous le disons souvent ici- en s’assumant, en sachant qui l’on est et d’où l’on vient que nous sommes à mêmes de nous ouvrir pleinement à l’autre, dans un respect mutuel sans pour autant se renier.

Il n’est pas question pour nous de critiquer les initiatives de cette semaine pour l’unité des chrétiens, ni celles qui fleurissent toute l’année, car elles ont le mérite d’exister et travaillent à cette unité si désirée :

« Conduis-nous vers l’unité parfaite », demande le prêtre à la messe.

Mais justement : quelqu’un peut-il nous expliquer pourquoi c’est valable ici (et ailleurs), mais par contre, quand il s’agit le reste de l’année de relations avec des pratiquants dits tradis (voire «intégristes» pour reprendre un mot fourre-tout stigmatisant et disqualifiant toute réconciliation), la question de prier ensemble ne semble plus si nécessaire à bien des gens ? Combien de prêtres qui se font jeter parce qu’ils célèbrent aussi la messe en latin (et peu importe de savoir si c’est selon la forme ordinaire ou extraordinaire du rit romain) ou en français mais ad orientem ?

Mais même sans parler de cette forme de la liturgie, combien de jeunes et de moins jeunes, qui en paroisse réclament une catéchèse conforme au Magistère et une liturgie digne de ce nom, qui ne ferait que respecter la Constitution sur la Liturgie «Sacrosanctum Concilium» issue de Vatican II , se font mettre au ban de la société ecclésiale locale et sont contraints soit d’assister à des offices minimalistes mettant en danger la foi proclamée dans notre Credo, soit à faire des kilomètres pour enfin trouver une messe digne de ce nom et qui fera grandir en eux la foi. Sont-ils comme le lépreux qui se fait jeter par tout le monde sauf par le Christ ?

J’ai même lu sur Facebook il y a quelques jours les commentaires d’un catho « bien comme il faut » dire qu’il « préfère encore parler avec des orthodoxes qu’avec des intégristes de Saint Pie X » (sic). J’ai entendu il y a quelques mois une paroissienne parler de prêtres de la communauté St Martin qu’elle qualifiait d’intégristes… (euh… de traditionalistes, ‘scusez-moi !). Rien que le port du col romain cataloguait le prêtre comme intégriste il n’y a pas si longtemps. Maintenant, le port de la soutane de plus en plus fréquent est le « nouveau signe distinctif d’intégritude » sans chercher à voir que …ben non, ils ne sont pas si intégristes que ça, nos jeunes prêtres qui portent la soutane !

Comment peut-on se réclamer à cors et à cris du Jubilé de la Miséricorde qui a eu lieu et prier pour l’unité des chrétiens, tout en balayant d’un revers de manche tout ceux qui seraient un peu trop « intégristes » ou « traditionalistes » pour nous ? Ou de l’autre côté jeter les autres parce qu’ils seraient trop « progros » à notre goût. Ou encore parce que trop « chacha « . Comment peut-on dire d’aller « aux périphéries » alors même que nous ne sommes parfois pas capable d’aller voir nos propres frères dans une même église ? En fin de compte, il y aurait ceux qui seraient fréquentables et ceux qui ne le seraient pas ? Quand on s’ouvre à l’autre, on le fait en totalité, non  en dimension variable « à la tête du client ».

Certainement, parfois quelques « tradis » peuvent être un peu trop crispés et ont tendance à voir du modernisme partout même là où il n’y en a pas. Certainement, parfois quelques « progros » peuvent être trop crispés et ont tendance à voir du tradi partout, même là où il n’existe finalement qu’une demande claire du respect du Concile Vatican II. On se demande si les chrétiens finalement n’ont pas tendance parfois à être de ceux qui veulent chacun pour eux une part de la tunique du Christ. Et mettre des étiquettes, c’est finalement un peu ça !

Participer à la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens ne saurait être un blanc-seing dédouanant de tout effort complémentaire le reste de l’année.

On nous demande de trouver un consensus différencié, de trouver ce qui nous rapproche plutôt que ce qui nous divise avec les protestants et les orthodoxes … et pourquoi pas ? Mais cela ne se peut que si on est capable d’assumer soi-même sa propre catholicité, de nourrir sa foi, et de la transmettre. D’où la nécessité de se former et de connaître les textes du Magistère.

Alors, lors de cette semaine pour l’unité des Chrétiens, et même s’il y a besoin de prier pour et avec nos autres frères chrétiens, je prierai aussi en particulier pour l’unité au sein même de l’Eglise Catholique. Y’a déjà du boulot…

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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2 Commentaires

  1. Mad tré, Tugdual. Ha memestra ged en offis é brezhoneg hag e zo bet laked er-maes. Perag e vé ken diaes de gavein oferenneu èn hor yezh?

  2. Bravo je vie cela dans ma paroisse ici dans les hautes alpes (qui en fait est au sud de Grenoble ???)
    Notre paroisse est en fièvre constante, il faut veiller a la manière d’on on dit les choses car la spontanéité finie toujours en » guerilla ». Je suis solliciter pour le lectorat et l’acolytat et je revendique être un »tradi charismatique » ramenant l’office a un certain standard décrit dans l’ordo. Encore bravo.

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