INCOLLABLE SUR NOËL ! VRAIMENT ?!…

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

incollable-sur-noelOuest-France, le quotidien de référence catho-humaniste, dans son édition du mercredi  21 décembre a consacré sa page ludique pour ses jeunes lecteurs à Noël, enfin, façon de parler, car il ne s’agit que d’un petit encart. La prétention du papier « Chic, c’est mercredi ! » est : dans quatre jours, tu fêteras Noël. L’occasion de vérifier que tu es au point sur cette fête traditionnelle, « Sois incollable sur Noël ! », et est ainsi proposé six questions :

La première : « Pourquoi met-on une étoile en haut du sapin ? » Réponse : elle rappelle l’étoile du Berger, en fait la planète Vénus. Sa lueur aurait guidé les Rois Mages vers la crèche de Bethléem où est né Jésus. » Mais encore, question religion, origine christique de cette fête ? Rien, c’est à l’évidence un peu court. On notera la référence à « cette fête traditionnelle » sans spécifier que c’est une fête chrétienne. C’est évident, nous dira-t-on, mais vu l’ignorance religieuse d’aujourd’hui des jeunes (et des adultes) le préciser n’est pas un luxe. On aurait pu s’attendre d’un quotidien qui se réfère à tous propos aux « valeurs humanistes », c’est-à-dire en fait aux valeurs (vertus) chrétiennes, mais trop souvent dépouillées de cette qualité, plus de précisions pour rendre « incollables » ses jeunes lecteurs. Sans donner dans une leçon de catéchisme, et encore moins théologique, il était possible de rappeler que Noël, nom dans lequel on retrouve la racine de « nativité » (du latin dies natalis, jour de naissance), est la fête de la nativité du Christ Rédempteur, qu’elle est la fête du Mystère de l’Incarnation, de Dieu fait homme  (Incarnatus es). N’est-ce pas nos si beaux cantiques, chants, bretons latins, français, et dans toutes les langues que cet « Avènement » est exprimé avec des mots simples et une musique qui élève l’âme.

Si Ouest-France, qui a monté cette page en collaboration avec la très progressiste Maison Bayard Jeunesse avait dit simplement cela, oui, alors ses jeunes lecteurs auraient pu prétendre à être « incollables ». C’est dommage, car ils resteront surtout ignorants.

 Les autres questions tournent autour du profane : quelle est la signification du proverbe « Noël au balcon, Pâques aux tisons ? » – « Pourquoi le sapin est-il l’arbre de Noël ? » –  « Selon la légende, où vit le Père Noël ? » – « Qui a inventé le Père Noël ? ». Rien à redire sur les très brèves réponses, tant l’essentiel n’est pas à ce niveau.

Et pour terminer, « Est-ce qu’on fête Noël dans toutes les religions ?». Réponse : non, chaque religion a ses fêtes ; Hanouka (Fête des Lumières) chez les Juifs, l’Aïd-el-Adha chez les musulmans. Mais Noël est fêté dans beaucoup de pays, dans les familles, chrétiennes ou non, et partagent un bon repas et échangent des cadeaux. La réponse pourrait dans sa formulation laisser croire aux jeunes lecteurs que les deux fêtes, juive et musulmane, ne sont qu’un décalque du Noël chrétien. Il est vrai, qu’aujourd’hui, des chrétiens, y compris dans un certain clergé, préfèrent voir dans le Noël chrétien une autre symbolique que le Mystère de l’Incarnation, et cela donne : Noël fête de la Lumière, de la Paix, de la solidarité et du partage, voir même, de la naissance du «Prophète Jésus» (sic). Ainsi, ceux qui ne partagent pas notre foi ne se sentent, nous dit-on, ni agressés, ni exclus : c’est le parfait consensus. Nous en avons une idée avec les affligeantes décorations de Noël des villes, qui ont évacuées toutes références chrétiennes, et qui finalement pourraient rester en place pour n’importe quelles fêtes. De même, en certaine paroisses, les crèches sont très révélatrices de la déchristianisation de leurs créateurs, de tous ceux qui les acceptent. On ne voit pas trop pourquoi les gouvernements, les excités de la laïcité et autre « Libre » pensée s’inquiètent  à ce point du « prosélytisme » chrétien des crèches, des décorations, du sapin, puisque les chrétiens eux-mêmes s’évertuent à dépouiller Noël de tout son merveilleux chrétien, qu’il soit religieux ou profane, et ce, jusque dans la liturgie.

Noël, devenu plus que jamais un produit de consommation, dont les lumières et les musiques sont celles du tiroir-caisse, a un besoin urgent de retrouver toutes ses racines chrétiennes et cela passe par la redécouverte de tout le sens profond de cette fête, et son affirmation dans une belle liturgie de Noël qui exprime bien « Qu’aujourd’hui un Sauveur nous est né »

Que Noël soit aussi une fête de la Lumière, certes, encore convient-il de préciser que cette Lumière n’est pas n’importe laquelle, mais La Lumière du Christ. Que Noël soit aussi la fête de la paix, tout le monde est d’accord, et n’est-ce pas le Gloria qui l’exprime le mieux « Gloria in excelsis Deo, et in terra pax hominibus bonnae voluntatis (Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté). Et quant au partage, c’est une évidence, tant il est intrinsèque au Message du Christ, mais il s’appelle alors « Charité », la plus importante des trois vertus théologales. D’où aussi l’urgence de redonner à ces trois sens leur dimension chrétienne, loin des sollicitations idéologiques et d’une foi au rabais …

À propos du rédacteur Yvon Abgrall

Publiant régulièrement des articles dans la presse bretonne, il propose pour Ar Gedour des articles documentés sur le thème "Feiz & Breizh" (foi et Bretagne), d'un intérêt culturel mais aussi ancrés dans les préoccupations actuelles.

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Un commentaire

  1. A la faveur de Noël et de son Octave, je tombe sur cet article. Un peu tard (c’est peu dire), je me permets de faire remarquer que Notre-Seigneur est effectivement « prophète », le catéchisme nous dit ceci :

    « Le Messie devait être oint par l’Esprit du Seigneur (cf. Is 11, 2) à la fois comme roi et prêtre (cf. Za 4, 14 ; 6, 13) mais aussi comme prophète (cf. Is 61, 1 ; Lc 4, 16-21). Jésus a accompli l’espérance messianique d’Israël dans sa triple fonction de prêtre, de prophète et de roi. »

    Ceci étant dit je ne doute pas que ce titre puisse parfois être rappelé pour entretenir un certain flou, et il va de soi que Jésus-Christ n’est pas que prophète comme le prétend l’islam.

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