Alerte ! Une chapelle va disparaître ! Une fois de plus un témoin de l’histoire de notre pays risque d’être enlevé aux générations à venir ! Jusqu’à nous, en effet, de nombreuses générations se sont relayées pour concevoir, pour bâtir, pour entretenir, pour se rassembler,dans la chapelle Saint Mathurin et Saint Cado, en Laniscat. Gracieuse construction au chevet à trois pans, à la corniche à modillons, la chapelle élevée en bordure de la petite rivière du Sulon, montre le savoir faire, tant de l’architecte que des ouvriers du temps de Louis XIV : équilibre et harmonie se dégagent de cet édifice, dans lequel, toutes classes réunies, les habitants de ce terroir se retrouvaient à dates régulières, et entraient par la porte, toujours ouverte, de cette « maison de prière », pour y trouver la paix pour vivre les épreuves des années et admirer « la belle ouvrage » des sculpteurs et des peintres et verriers, qui l’ornèrent au fil des siècles.
Est-il possible qu’à notre époque, où l’on se gargarise de « retour aux racines », d’écologie, de « promotion touristique », une commune se laisse dépouiller sous de fallacieux prétextes d’un morceau de ce patrimoine que des pays voisins nous envient ? Hélas, trop de municipalités, par négligence et faute d’un élémentaire bon sens, ont ainsi « à leur actif »(!) la perte de plusieurs chapelles, chacune emportant avec elle un pan de l’histoire des habitants et plus largement de l’histoire de notre Bretagne.
La chapelle Saint Mathurin peut encore être sauvée, comme le furent celles de Sainte Brigitte, en Saint Comté, à Motreff, ou celle du Loch près de Maël Pestivien, ou de Saint Thégonnec, au Guerlesquin et tant d’autres, abandonnées par des « édiles » qui n’ont même pas vu leur « poule aux œufs d’or »! Car, pour ne parler que d’économie, la disparition d’un document tel que Saint Mathurin constitue une perte sur tous les plans. Les associations, qui se sont constituées pour la sauvegarde des chapelles, ont toujours enregistré d’heureuses rencontres et souvent observé la revitalisation de quartiers moribonds.
Alors ? A quand un élan de solidarité pour sauver Saint- Mathurin ? Les lieux se prêtent à quelque « pardon des lutteurs »; on verrait bien un « gouren » se dérouler dans l’espace verdoyant près du Sulon. On sent d’ailleurs les bonnes volontés à fleur de terrain; il suffit d’une étincelle pour allumer le « tantad ». Qui sera l’étincelle à Saint Mathurin et Saint Cado en Laniscat ?
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Illustration : « chapelle St Mathurin – Laniscat » par Keranforest (DR)
Peut on en savoir plus ?