Alors que le pardon du Folgoët approche, faisons un petit retour sur un film dédié à ce lieu sacré breton. En 1952, Herri, Perrig et Ronan Caouissin créent Brittia Film, association loi 1901 qu’on peut considérer comme leur maison de production. Brittia Film naît de l’envie de créer un cinéma breton autonome allant de l’écriture à la diffusion d’un film.
La première œuvre de cette entreprise familiale et artistique est réalisée en 1952. Le Mystère du Folgoët est la transposition d’un mystère du Moyen Age évoquant en une heure six siècles de l’histoire de la Bretagne. Le film reçoit un accueil enthousiaste du public breton. Si ce n’est certainement pas une réussite artistique, comme le notent plusieurs spécialistes, c’est en tout cas une aventure humaine incontestable. La participation de la population, le succès populaire du film en sont les signes évidents. Fort de ce succès, les frères Caouissin continuent ce travail cinématographique. Après Le Mystère du Folgoët suit Le Meilleur de ma jeunesse diffusé en 1955.
C’est à cause de ce film que la famille se retrouve endettée et l’entreprise compromise. Malgré ces difficultés, d’autres films seront produits, mais beaucoup plus confidentiels que leur premier film, qui symbolise l’œuvre des frère Caouissin.
Militants bretons, animateurs de théâtre, leurs premières images se mettent au service d’une Bretagne animée par la Foi.Tourné en 16 millimètres, synchrone, Le Mystère du Folgoët commence au Moyen-Âge, pendant la guerre de succession en Bretagne, traverse l’histoire et se termine en 1952 au Pardon de Notre Dame du Folgoët.
L’histoire retrace la vie, la mort, l’éternité de Salaün ar Fol qui mendiait au nom de la Vierge. Les trois frères se partagent la tâche. Ronan assure la régie et la production. Perrig est l’opérateur, Herri qui a été le collaborateur de Jean Delannoy pour Dieu à besoin des hommes, s’occupe de la mise en scène.
Comme nous l’avons vu récemment pour le son et lumière NICOLAZIC à Sainte Anne d’Auray, le clergé local participe activement au tournage ainsi que la population. Herri Caouissin rappelle : “ Sur les lieux de tournage, les jeunes et les vieux venaient nous proposer -bénévolement bien sûr! – Et leurs services. Certains avec le sourire- l’envie de faire du cinéma-, d’autres avec un air recueilli- l’idée de « gagner leur pardon » en participant à une œuvre à la gloire de Intron Varia, Madame Marie. ”
La musique est quant à elle signée du compositeur breton Jeff le Penven. Un disque 33 tours reprenant la bande originale du film fut édité et proposé à la vente.
Le film est donc 100% breton, selon le souhait de ses créateurs, mais il attendra 6 ans avant d’obtenir le visa nécessaire à sa distribution. Les frères Caouissin passent outre la réglementation et s’improvisent distributeurs et projectionnistes. La première projection a lieu à Brest. Elle est organisée au bénéfice de la reconstruction de l’Abbaye de Landévennec. Les trois frères sillonnent la Bretagne. La foule se déplace en masse (environ 1 million d’entrées).
« Ainsi ce cinéma breton « pen kil ha troad » (des pieds à la tête) était en communion totale avec le public breton car il était le reflet de ses visions intérieures, l’écho sonore qui faisait vibrer son âme. Nous avions gagné la partie ! Mieux : notre film dépassa les frontières du Couësnon. L’accueil qu’il obtint des étrangers nous surprit encore plus : un public qui n’était pas breton découvrait là un nouveau cinéma exotique, qui avait une langue et une âme… » se souvient Herri Caouissin.
Voici un extrait d’une émission où les deux frères évoquent ce film dont certains se rappellent encore du coté du Folgoët.
Nous rajoutons ici un documentaire sur le Folgoët trouvé au gré de nos navigations numériques :
Le mystère du Folgoet from robert lannon on Vimeo.
D’après sources Cinémathèque de Bretagne et INA
Première diffusion de ce billet le 5/09/2013
ou PUIS-JE acheter ce film?
Il sera disponible dans quelques temps à partir d’Ar Gedour et d’un autre site. Nous vous tiendrons informé.
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