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[LORIENT] FX Bellamy et « l’urgence de transmettre » ce 27 mars

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

bellamyFrançois-Xavier Bellamy, normalien, agrégé de philosophie, professeur en classes préparatoires et maire-adjoint de Versailles, sera en conférence à Lorient ce 27 mars 2015 à 20h30, invité d‘Avenir Humain – 56, au Cercle Saint Louis (cliquez sur l’image pour plus d’informations). La veille, 26 mars à 20h30, il sera à Nantes, invité par l’ AFC locale. 

Le thème : « La transmission, une urgence », dans la ligne de son livre « Les Déshérités, ou l’urgence de transmettre ».  Dans ce livre, François-Xavier Bellamy interroge l’un des maux essentiels de notre société : le refus de la transmission. Pourquoi avons-nous abandonné ce devoir fondamental à l’égard de nos enfants : transmettre notre culture ?

 

Selon FX Bellamy, notre époque a érigé en idéal un modèle d’individu libéré de toute dette envers ceux qui l’ont précédé : reniant toute transmission, il n’a lui-même rien à transmettre. Mais c’est ainsi que meurt une civilisation.

 

Nous avions déjà évoqué cela lors de sa venue à Saint-Brieuc en novembre dernier et certains de nos lecteurs avaient pu l’interpeller sur certains points qui ne paraissent pas d’importance pour ceux qui voient la Bretagne comme un territoire lambda, mais qui sont essentiels pour qui connait réellement la question bretonne.

Nous reprenons ci-après la présentation qui en avait été faite: 

 

1.     A travers l’acte de transmission, l’enseignant exprime sa générosité à l’égard de son élève. Il lui prouve qu’il ne lui est pas indifférent, laissant ainsi à l’enfant devenu adulte la possibilité de lui exprimer une gratitude. Dans la culture qu’on lui a transmise, l’élève se reconnaît, et s’en sentira à son tour reconnaissant : devenu adulte, il transmettra ce qu’il a reçu. La reconnaissance est efficace : elle sert à fonder notre action.

 

2.     Mais notre époque est marquée par l’ingratitude : nous ressentons en effet une véritable fascination pour le « self made man », celui qui ne doit rien à personne, muré dans l’orgueil de sa solitude indifférente. Nous n’acceptons pas de reconnaître en toute humilité que nous avons été des enfants, que nous avons eu besoin de recevoir ce qui nous précédait pour devenir adultes. Notre culture meurt de cette ingratitude.

 

3.     Dès lors, en condamnant notre culture, nous condamnons nos enfants et notre civilisation. Et il y a désormais urgence : la déculturation progressive engendre l’ensauvagement accéléré du monde, et notre patrimoine, s’il n’est pas transmis, risque de disparaître définitivement. On ne protège pas la culture en la stockant égoïstement, mais en la partageant.

 

Extrait : « Ne pas nous remettre en question, laisser s’imposer ce climat de pauvreté intellectuelle et spirituelle qui naît de notre passivité, serait ainsi devenir coupables ou complices de ce crime  contre notre propre humanité. Quand reconnaîtrons-nous enfin la nécessité de cette médiation, et la valeur de ce qui nous a été donné ? Quand renoncerons-nous à l’ingratitude des esprits forts, qui oublient d’où leur vient la liberté  qu’ils ont conquise ? Quand aurons-nous l’humilité de nous reconnaître héritiers de ce trésor qui nous précède, accumulé pour nous pendant des millénaires par le travail des hommes marchant vers leur propre humanité ? Et quand offrirons-nous à nos enfants ce même trésor, augmenté pour eux de notre propre effort ? […]

Il est donc nécessaire de vivre, comme une urgence personnelle et collective, l’expérience de la reconnaissance. » (Les Déshérités, p. 205_206)

 

Son livre est un excellent ouvrage que tout un chacun devrait lire. Il dit par exemple que « la civilisation qui a perdu le sens de l’actualité de son héritage, qui a perdu le sens de la dimension profondément vivante de la tradition qu’elle a reçu, cette civilisation-là ne peut que s’écrouler de l’intérieur. »

Nous sommes totalement d’accord avec lui, mais via le prisme breton car, qu’on le veuille ou non, la Bretagne a une culture propre qui n’est devenue française que par la force de l’Histoire. A Saint-Brieuc, Mr Bellamy avait d’ailleurs parlé de « la Bretagne, terre ou la culture est inscrite dans le roc, terre de transmission… »

Dans l’un des paragraphes de son livre, il dit, concernant la transmission de la langue, que « Ceci se vérifie dans toutes les cultures, régionales ou sectorielles. Prenons le cas concret d’un univers particulier : l’œnologie; le vin est bien une culture – au sens le plus simple du terme puisqu’il est d’abord une agriculture. Pour le profane, tous les vins se ressemblent, à peu de choses près. On les identifie en rouges, blancs ou rosés, ils sont plus ou moins agréables; mais, au-delà de ces considérations primitives, leur différence est imperceptible. Il faut, pour la repérer, acquérir un savoir, entrer dans une culture, développer une expérience, recevoir les connaissances nécessaires pour qu’enfin apparaissent, au creux du palais, les résonances singulières de chaque millésime, l’écho toujours spécifique d’une région, d’un cépage, d’un ensoleillement, d’une maturation… » (p168 §2)

 

Evoquera-t-il, revenant en Bretagne, la nécessité de prendre conscience de notre héritage propre, c’est-à-dire breton ? Car, pour le paraphraser, notre culture bretonne meurt de cette ingratitudeQuand aurons-nous l’humilité de nous reconnaître héritiers de ce trésor qui nous précède, accumulé pour nous pendant des millénaires par le travail des hommes marchant vers leur propre humanité (NDLR : que nous chantons dans le « Da Feiz hon Tadoù kozh« ) ? Et quand offrirons-nous à nos enfants ce même trésor, augmenté pour eux de notre propre effort ?

 

 

Pour rappel : 

 » Pour liquider un peuple, on commence par lui enlever la mémoire. On détruit ses livres, sa culture, son histoire. Puis quelqu’un d’autre lui écrit d’autres livres, lui donne une autre culture, lui invente une autre histoire. Ensuite, le peuple commence lentement à oublier ce qu’il est, et ce qu’il était. Et le monde autour de lui l’oublie encore plus vite  »    – Milan HÜBL (1927-1989), historien tchèque.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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