Aujourd’hui, je m’attarderai sur un ouvrage qui sort bientôt, non pas chez Ar Gedour mais chez un autre éditeur. Je ne suis certes pas totalement objectif car l’ autrice de ce projet n’est ni plus ni moins que ma belle-soeur. Mais il s’agit d’un projet qui mérite d’être souligné, comblant une véritable attente au vu du succès de la prévente lancée sur Ulule sous forme de financement participatif. Alors qu’il reste à peine 3 jours avant la fin du crowdfunding, c’est plus de 360% de l’objectif qui ont été atteints.
Une sensibilisation au deuil périnatal
Il faut dire que le sujet touche vraiment beaucoup de monde : le deuil périnatal et l’adoption d’enfants dits « différents ». Combien de couples ont ainsi perdu un bébé, voyant le ciel s’effondrer ? Combien de femmes, pleurant l’enfant disparu, se sont senties incomprises de proches qui eux-mêmes semblent bien démunis face à un drame ? Combien d’hommes, gardant pour eux les larmes de ceux qui doivent rester forts, ont souffert. Des souffrances différentes et si proches qui demeurent dans l’intimité des coeurs. Pour la première fois en BD, ce sujet est évoqué, se basant sur des témoignages glanés au fil du temps. Dans un style pictural naïf et épuré qui va à l’essentiel, Korrig’Anne, conte avec douceur et authenticité un parcours de vie, le deuil, la résilience, l’espérance… et la vie, tout simplement.
L’or du soir qui tombe
Le titre « L’or du soir qui tombe » en lui-même est déjà évocateur. Il reprend un vers d’un poème de Victor Hugo, issu de ses Contemplations :
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Ces lignes sont autant de larmes que l’écrivain coucha sur le papier après que, le 4 septembre 1843, sa fille Léopoldine et son mari se soient noyés dans la Seine. La douleur de Victor Hugo est alors immense, et son poème « Demain dès l’aube… » en témoigne. La tristesse laisse cependant la place à l’espérance. Demain dès l’aube, j’irai mettre sur ta tombe le houx vert et la bruyère en fleur, murmure le poète au-delà des siècles. Je poserai le houx vert symbolisant la persistance de la vie, et j’y joindrai la bruyère, ce petit arbuste solitaire des montagnes arides qui renvoie à la puissance de l’amour et à l’immortalité. Des plantes au parfum d’éternité.
Alors peut-être le regard plongé dans le néant, ne regarde-t-on plus l’or du soir qui tombe. Peut-être encore les jours qui s’égrènent sont-ils comme la nuit, offrant un vide abyssal au parfum de tristesse que rien ne comble. Mais cet ouvrage d’une centaine de pages, sans aucun doute, dessine un lendemain, invitant à contempler dès l’aube les couleurs éclatantes de l’aurore qui se dévoile, laissant poindre dans le ciel une étoile scintillante, une présence secrète dans l’existence.
Un livre à offrir et à s’offrir
Le succès de la campagne de financement en témoigne : ce livre était attendu, mettant les mots sur ce qui semblait indicible. Alors un conseil : ne manquez pas ce livre !
Et si vous lisez cet article avant la fin de la campagne qui a lieu dans à peine 3 jours, sautez sur l’occasion, pour vous ou pour l’offrir.