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[PLANTES DE BRETAGNE] La sauje / saoj

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

Ar Gedour vous permet d’en savoir plus sur les plantes que l’on trouve en Bretagne, grâce à l’arrivée d’un nouveau venu dans l’équipe. Les conseils contenus dans cet article sont purement informatifs et ne se substituent pas à l’avis d’un professionnel de santé pour toute pathologie ou symptôme manifeste et ne sauraient engager son auteur ni la rédaction d’Ar Gedour pour tout retard de diagnostic médical ou d’effet indésirable.

La sauge est aussi ancienne dans son usage que mystérieuse dans ses effets. C’est une bonne à tout faire qui recèle des propriétés singulières pour les femmes. Là encore, plusieurs espèces de sauge existent. Nous parlerons principalement de Salvia officinalis : la sauge officinale mais nous n’oublierons pas sa sœur, la sauge sclarée : Salvia sclarea.

 

Description.

La sauge fait partie de la famille des lamiacées tout comme la menthe ou la mélisse. L’espèce « officinalis » est un sous-arbrisseau touffu et buissonnant de 20 à 70 cm, à tiges et rameaux ligneux qui pousse naturellement dans les lieux arides du Midi. On utilise principalement ses feuilles et ses parties aériennes. Elle est cultivée dans le monde entier comme plante condimentaire et médicinale. Son nom breton est Saoj.

 

Origine.

Dès l’antiquité la sauge est considérée comme une panacée. Pour Dioscoride (milieu du 1er siècle de notre ère, médecin, pharmacologue et botaniste grec) elle agit comme tonique, emménagogue (provoque les règles et facilite leur évacuation), diurétique et hémostatique (arrête les saignements). Chez les Gaulois, comme dans de nombreux peuples anciens, elle était considérée comme une plante merveilleuse, capable de guérir toutes les maladies. Les druides la jugeaient si efficace qu’ils lui attribuaient jusqu’au pouvoir de ressusciter les morts et en mettaient dans l’hydromel et la cervoise afin de se mettre en condition prophétique et pour renforcer leurs incantations1. Nombreux sont les maux auxquels, d’après sainte Hildegarde de Bingen elle remédie. Etymologiquement, « salvare » signifie « sauver » et par ses multiples propriétés, la sauge est bien la plante salvatrice par excellence. L’école de Salerne va lui dédier une phrase célèbre : « Cur moriatur homo, cui Salvia crescrit in horto » : Homme pourquoi meurs tu, lorsqu’en ton jardin pousse la sauge ? La médecine populaire va s’emparer de cette plante et de ses multiples usages comme en témoigne ce dicton : « Qui a de la sauge dans son jardin n’a pas besoin de médecin. » La sauge réunit à elle seule les propriétés de la famille à laquelle elle appartient, les lamiacées. En 1942, le Dr Henri Leclerc (1870-1955) déclare que de ses vertus, « l’une des mieux établies est l’action qu’elle exerce sur l’appareil génital de la femme » et trouve ses indications dans l’aménorrhée, la dysménorrhée, la leucorrhée, dans les affections congestives du petit bassin. Aujourd’hui, de nombreux travaux vont mettre en évidence la présence de phyto-œstrogènes dans cette plante et confirmer les conseils thérapeutiques des Anciens.

 

Propriétés.

La sauge officinale est tonique des voies digestives (stomachique et antispasmodique) et du système nerveux (antifatigue). Elle protège le foie (hépatoprotectrice). C’est une plante des convalescents qui combat les sueurs (réduction de 18 à 50% de la sudation), la faiblesse (asthénie), le manque d’appétit, les digestions pénibles, l’abattement physique et morale (anxiolytique)1. Elle calme aussi les douleurs qui accompagnent parfois les règles et régule le cycle menstruel grâces à ses propriétés emménagogue. Son action hormonale est indiquée dans les troubles de la ménopause tels les vertiges et les bouffées de chaleur. Par ailleurs elle est antibactérienne, antiseptique, antivirale, anti-inflammatoire et immuno-modulatrice.

 

Indications.

La sauge est indiquée en cas de fatigue digestive, d’insuffisance hépatique, de maladies chroniques, de spasmes du côlon, d’aménorrhée ou dysménorrhée, de bouffées de chaleur de la ménopause, d’hypersudation ou de transpiration nocturne, de troubles de la mémoire, de l’humeur, de vertiges, de céphalées…

 

Conseils d’utilisation.

La sauge s’utilise en infusion, en teinture, en extrait sec, en hydrolat, en vin médicinal ou en décoction pour des usages externes.

En infusion (pour un adulte en bonne santé) : 1 cuillère à café de plante par tasse d’eau bouillante ou 2 cuillères à soupe pour 1L. Faire infuser 10’, filtrer et boire jusqu’à 3 tasses par jour.

 

Précautions d’emploi.

En raison de la présence de thuyone (cétone monoterpénique), la sauge peut avoir des effets neurotoxiques et convulsivante en cas de surdosage (plus de 15 g de feuilles séchées). On peut observer des bouffées de chaleur, une accélération des battements du cœur, des vertiges et des convulsions. En usage interne, la dose de thuyone ingérée chaque jour devrait être inférieure à 3 mg, pendant deux semaines au maximum. C’est pourquoi il est conseillé de limiter les cures de tisane à neuf jours et de les espacer de trois semaines. Toutefois à la dose recommandée, les effets indésirables de la sauge officinale sont rares (nausées et vomissements). La poudre de sauge totale ne provoquerait quant à elle aucune manifestation toxique. La sauge officinale ne devrait pas être utilisée par les personnes souffrant d’épilepsie. Elle est contre-indiquée chez les personnes atteintes de cancers hormono-dépendants (prostate, sein).

Selon l’Agence européenne du médicament, il est préférable de ne pas prendre de sauge officinale pendant la grossesse et l’allaitement, ainsi que chez les enfants et adolescents, à l’exception de son usage alimentaire.

L’huile essentielle de sauge est toxique et présente des risques de convulsions et possède des effets abortifs.

 

La sauge sclarée [Salvia sclarea].

C’est également une plante médicinale. Elle est cultivée pour son utilisation en parfumerie, elle peut s’employer comme la sauge officinale, en infusion comme stimulante, antispasmodique, antisudorale et emménagogue. Du fait de sa teneur réduite en thuyone, cette espèce a un peu détrôné la sauge officinale. Elle est aussi utilisée en cuisine, mais son arôme est plus puissant, plus âcre. Son huile essentielle est moins toxicité que celle de la sauge officinale, mais elle nécessite un emploi avisé.

 

Précautions d’emploi.

Elle reste déconseillée aux femmes enceintes et à celles qui allaitent et aux enfants de moins de 8 ans. Lorsque la prise de sauge sclarée s’accompagne d’alcool, elle peut être à l’origine de nausées et de cauchemars.

Pour des conseils d’utilisation précis et individualisé je vous recommande de consulter un praticien de santé naturelle.

1 : Le petit Larousse des plantes qui guérissent.

Les conseils contenus dans cet article sont purement informatifs et ne se substituent pas à l’avis d’un professionnel de santé pour toute pathologie ou symptôme manifeste et ne sauraient engager son auteur pour tout retard de diagnostic médical ou d’effet indésirable.

À propos du rédacteur Bertrand Guérin

Quarantenaire et fervent catholique, Bertrand Guérin est un officier à la retraite qui s’est reconverti dans les pratiques de santé naturelle. Titulaire d’un diplôme de naturopathie obtenu à la faculté libre de naturopathie de Dijon, il se spécialise dans les plantes médicinales. Il exerce au cabinet « la boite à aider » à Pontivy, plus particulièrement auprès des sportifs et des personnes en surmenage professionnel.

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