Saints bretons à découvrir

Suivez les étapes du Tro Breiz 2016 (MàJ du 6/08/2016)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 14 min

Article et suivi sur les réseaux sociaux proposés par Eflamm Caouissin et Erwan Kermorvant, avec l’aide de quelques pèlerins du Tro Breiz. Un hashtag pour suivre le périple : #TroBreiz

JOUR 1 : Quimper – Briec

C‘est parti ! Le Tro Breiz 2016, partant de Quimper pour aller jusqu’à Saint Pol-de-Léon, vient de débuter. Il a commencé par une messe en la cathédrale Saint Corentin, présidée par Mgr Centène, évêque de Vannes, entouré de nombreux prêtres, du vicaire général du Diocèse de Quimper et Léon le Père Alain Guellec et de nombreux prêtres, dont les aumôniers du Tro Breiz, dans une cathédrale pleine de pèlerins. La liturgie était en français, avec deux cantiques en breton, l’un à l’offertoire (Deit ni hou ped, Spered santel) et à l’envoi (Da feiz hon Tadoù kozh). Lorsque le chant d’envoi fut lancé, hommage à la foi de nos ancêtres résonnant sous les voûtes de la dame de pierre, les marcheurs se pressèrent sur le parvis, drapeaux et bannières en main, pour entamer leur marche sous un soleil magnifique, accompagnés de quelques militaires et policiers (état d’urgence oblige) jusqu’à la sortie de la ville.

Les pèlerins pouvaient croiser à l’entrée de l’édifice l’un de nos rédacteurs Yves Daniel, qui proposait en avant-première son ouvrage « chroniques du Tro Breiz » dont vous aviez pu découvrir certains extraits sur Ar Gedour. Un ouvrage à ne pas manquer dont nous vous reparlerons d’ici peu.

Aujourd’hui, c’est à la paroisse de Briec que les « Trobreiziens » se rendront en méditant sur la miséricorde. Un parcours de presque 25 kilomètres leur feront découvrir la chapelle de Saint Gwenolé (Ergué Gabéric), celle de St Corentin ( Kreisker / Briec de l’Odet), une autre dédiée à St Tugdual en Landudal, l’église Notre Dame de Populo (Landudal), la superbe petite chapelle de St Guenolé en Trolez (Briec de l’Odet) récemment vandalisée, et enfin l’église paroissiale de Briec, datant du XVIème siècle.

 

Au total, ce sont environ 1400 pèlerins, jeunes et anciens de tous horizons, qui feront l’étape 2016. Si vous les croisez, saluez-les, encouragez-les. S’ils passent devant chez vous, offrez leur un verre d’eau comme cela arrive parfois !

Retrouvez ici régulièrement les photos du parcours et la mise à jour au fil des étapes. Vous pouvez aussi suivre sur Twitter  via le hashtag #TroBreiz et sur notre compte Twitter. Nous vous invitons à nous partager vos photos sur les réseaux sociaux ou par mail à redaction.argedour[a]gmail.com

Jour 2 : Briec – Pleyben

Hier soir, pieds échauffés et mollets endurcis se sont glissés dans les duvets, après un bon repas pris à l’abri. Les tentes dressées sous le ciel maussade n’attendaient plus que l’heure du coucher, repos bien mérité pour le maintien du pèlerin. Un petit fest-noz organisé par la commune de Briec rivalise avec l’adoration : les uns se ressourcent par une envolée des pieds pendant que d’autres retournent à LA source. Le livret spirituel 2016, judicieusement placé dans le carnet de route, peut trouver écho auprès du catho, mais peut-être aussi auprès du marcheur agnostique dont le regard glisse sur les mots de miséricorde. L’Esprit Saint se faufile souvent où on ne l’attend pas et fait chavirer les coeurs. C’est d’ailleurs lui qu’on a appelé hier durant le chant d’offertoire.

Toujours est-il que le lever sera dur. Toujours moins que les suivants. Petit-déj’ histoire de ne pas partir le ventre vide. Tant pis pour le jeûne eucharistique : on ne tiendrait pas la route. 26 kilomètres à faire dans la journée, entre 9h et 17h30. Après la messe, à laquelle on chantera en français, latin et breton (evel just!), on passera auprès de la modeste chapelle de Saint Symphorien, construite sous le règne de Louis XIII. Edern nous dévoilera la chapelle du Hellen. A Gouëzec, l’enclos paroissial et l’église raviront les marcheurs. Apparemment, il y en a qui viennent du Québec et du Pays Basque.  Pont Coblant et le passage de l’Aulne, avant d’arriver en la chapelle Saint Laurent, mentionnée dans les archives dès 1550. Et nous serons arrivés à Pleyben, notre étape du jour. Un endroit à connaître : le majestueux calvaire s’offrent aux yeux des curieux pour les éclairer des scènes de la vie du Christ, cours de caté en forme de dessin animé planté dans le granit. L’ossuaire, qui n’en est plus un et enfin l’église dédiée à St Germain l’Auxerrois.

Avant d’installer les tentes, n’oublions pas le pot d’accueil par la municipalité, ce petit moment sympa tant espéré dans les interminables kilomètres tandis que sonnent les cloches, saluant les pèlerins. Bon… les premiers marcheurs tracent. Rando ou pèlerinage ? Espérons qu’ils garderont un peu de cidre pour les retardataires…

Anecdotes du jour : un vent frais battait les visages sous le gris céleste, mais les pèlerins allaient bon train. De notre côté, nous devions gagner en voiture le lieu du déjeûner.  Au détour d’un virage, c’est la chapelle dédiée à Notre-Dame des 3 fontaines que nous découvrons. Un peu à l’écart avant Gouézec, cet édifice placé sur l’ancien tracé du Tro Breiz vaut le détour : superbes vitraux, belles statues, maître-autel travaillé. La tradition était que les femmes trempaient leur sein dans la fontaine pour provoquer une montée de lait. La rédaction d’Ar Gedour n’a pas testé pour vous.

On nous demande d’amener demain de quoi proclamer l’Evangile e brezhoneg. Parfait ! Hep brezhoneg, Breizh ebet ! A la messe, on chantera aussi le Kyrie, le Santel, le Ra vo meulet et le Da feiz hon tadoù kozh, proposé en polyphonie cette année, pour le bonheur de bien des pèlerins. Ar Gedour a l’honneur et la confiance des organisateurs, des aumôniers et de l’animateur (merci à eux !), et la langue bretonne est donc à l’honneur ! Justement : arrivés à Pleyben, ce sont des retrouvailles entre bretonnants, des rencontres. Une discussion à bâtons rompus avec Mgr Centène, évêque de Vannes, fidèle marcheur du Tro Breiz depuis 11 ans. Nous revoyons aussi des lecteurs fidèles d’Ar Gedour, nous en rencontrons d’autres : Saint Nazaire, Nantes, Morlaix, Vannes, Plouay, Treflevenez… la conversation e brezhoneg bat son plein avant d’aller prendre l’apéro. Vraiment, il y aurait matière à mettre en place un bon groupe à mettre en place pour le Tro Breiz l’an prochain. Chiche ?

Le fest-noz qui initialement avait lieu sur la place de la mairie, a été déplacée dans une petite salle municipale. Très sympathique, à l’ancienne, sans artifices et un incontestable succès. D’autres pendant ce temps sont allés prier à l’église alors que se déroule une veillée mariale. Des jeunes revenant des JMJ ont rejoint le pèlerinage. Mais avant, c’est le verre de l’amitié dans les bars. Ha da gousket…

JOUR 3 : Pleyben – Le Nivot

Petite étape que celle de ce jour. Enfin… au niveau kilométrage, j’entends. Les pioupious (service sécurité) seront comme d’habitude bien occupés et les pèlerins commenceront à sentir le poids des kilomètres sous leurs semelles de plomb. Ce mercredi matin, c’est petit déj’ avant tout. Hier, les commerçants, le comité des fêtes et la mairie de Briec avaient tout préparé, à disposition des marcheurs. A Pleyben, ce sera différent. La superbe église nous accueillera pour la messe (à 8h… ce qui fait un lever qui pique un peu!) avant de démarrer en direction de Lopérec, à la belle église et au calvaire digne de ceux de nos superbes enclos paroissiaux, puis en direction du Nivot, bien connu pour son importante école d’agriculture.

Anecdotes du jour : à la messe, ce matin, il y avait des cantiques en breton (en majorité), du français et du latin. Un Da feiz hon tadoù kozh magistral chanté en polyphonie, accompagné de la bombarde, nous a fait vibrer sous les voûtes de l’église de Pleyben. Les pèlerins restaient chanter, jusqu’à la fin. Applaudissements en fin de cantiques : on voit qu’il existe une réelle demande de chanter en breton, et c’est de bon augure.Bravo à tous ceux qui rejoignent les rangs pour cela !

Puis la marche a commencé sous la pluie, pendant un bon bout de temps. Un dénivelé de 160m pour rejoindre Lopérec et le lieu de déjeuner. Nous rejoignons les marcheurs avec des hosties supplémentaires et le Saint Sacrement pour la veillée de ce soir au Nivot. Le devoir nous appelle ailleurs, mais c’était sans compter deux « blessés » qui, ayant mal aux genoux, nous demandent de les pousser jusqu’au Nivot. C’est chose faite ! Et une oeuvre de miséricorde assurée ! Une !

Le soleil s’est mis à briller, déjouant les pronostics météo confiés ce matin par Joëlle, la chef (?) des pioupious. Au grand bonheur des marcheurs !

D’ailleurs, ce soir, c’est veillée de miséricorde à la chapelle du Nivot ! Le Seigneur attend chacun de nous pour nous donner son pardon. L’occasion est donnée en cette soirée d’aller à sa rencontre. Et puis après, il y a fest-noz !

JOUR 4 : Le Nivot – Sizun

Hier soir, la veillée de miséricorde avait lieu dans la chapelle du Nivot. A proximité, le fest-noz. Deux éléments de l’âme bretonne qui se retrouvent dans ce Tro Breiz. Mais ce n’est pas tout… presque 25 kilomètres nous attendent pour rejoindre Sizun. Au fil de la route nous allons découvrir deux villages avec leurs belles églises et enclos : St Rivoal et St Cadou. Ce dernier guérit des furoncles, il paraît. Il faut juste lui offrir des clous, nous dit la légende :

« Da zant Kadou, it gand tachou ‘vit kaoud remed deuz ar goradoù ».

Faute de clous, ce sont des hallebardes que nous avons pu offrir à St Cadou. En effet, après la messe (avec deux cantiques bretons), le périple a été arrosé de grosses averses. Pèlerinage pluvieux, pèlerinage heureux ?

JOUR 5 : Sizun – Guiclan

Aujourd’hui, l’étape fait 26 kilomètres, en direction de Guiclan. A Lampaul-Guimiliau, nous découvrirons la chapelle dédiée à Ste Anne. Une petite prière pour la Bretagne, les Bretons, et nos frères chrétiens d’Orient évoqués par Mgr Jeanbart à Ste Anne d’Auray fin juillet. Nous passerons à Guimiliau et son superbe calvaire, qui ce soir sera illuminé par l’association des 7 calvaires, avec un nouveau scénario proposé par l’entreprise bretonne Spectaculaires, donnant au calvaire cette impression de polychromie parfaite.

Puis ce sera le calvaire de Luzec qui interpellera plus d’un pèlerin. Nous reviendrons bientôt sur ce calvaire.

Mgr Dognin, évêque de Quimper & Léon, nous a rejoint pour un jour de marche, moment qu’il a particulièrement apprécié. Peut-être effectuera-t-il l’étape jusqu’à Tréguier l’an prochain ?

Ouf… enfin arrivés, après avoir marché sous un ciel couvert. La veillée de louange qui aura lieu ce soir nous invitera à rendre grâce au Seigneur pour les merveilles qu’il accomplit sur les chemins du Tro Breiz… et dans nos vies. Chemins de halages qui nous tirent vers de larges horizons, éclairés par le Dieu de miséricorde, pour passer de pèlerins à pèlerins-missionnaires.

JOUR 6 : Guiclan – Saint Pol-de-Léon

Ca y est, c’est le dernier jour ! Les kilomètres se font sentir et rendent de plus en plus lourds les souliers. Le soleil est magnifique mais l’on marche inlassablement vers St Pol. La pause déjeûner est à Henvic, en la chapelle Ste Marguerite, sur les bords de l’eau. Le soleil magnifique nous invite à rendre grâce à Dieu, point d’orgue extraordinaire qu’offre la Création alors que certains jours étaient bien humides. Nous croisons quelques connaissances qui se posent quelques instants sous les rares coins d’ombre qu’offre la chapelle. Eric nous informe que, même harassé, il est motivé pour conitnuer en solo jusqu’à Tréguier… et pourquoi pas jusqu’à Saint-Brieuc. Béatrice s’excuse quant à elle de ne pas se lever « le sol est trop bas » nous dit elle souriante.

L’équipe liturgie se réunit pour caler les derniers détails de la grand’messe. Rôles, chants, déplacements, tout est revu de manière à ce que la messe se déroule le plus fluidement possible.

Mais déjà la pause s’achève, et les pieds encore engourdis semblent désormais porter des ailes. Six kilomètres à parcourir vers le château de Kernevez, d’où partira la procession. Des dizaines de bannières traversent la ville en procession, au son de la bombarde et de la cornemuse. Le thuriféraire s’en donne à coeur joie en faisant tournoyer l’encensoir fumant sur le parvis, l’évêque accueillant les pèlerins dans sa cathédrale antique.

Deux joélettes portant des personnes handicapées, tirées par des pèlerins motivés entrent par le grand porche, alors que les grandes orgues et la bombarde entonnent un air traditionnel breton s’envolant sous les voûtes de la dame de pierre. Ces personnes sont formidables : elles donnent de leur temps pour permettre à des gens qui ne peuvent marcher de faire leur Tro Breiz, en les accompagnant tout au long du parcours, ne comptant pas leur fatigue, arpentant les montagnes bretonnes avec ces joélettes, parfois sur des dénivellés importants ! Peut-être est-ce le germe d’une « hospitalité du Tro Breiz » comme il y a les Hospitaliers de Lourdes ?

Les pèlerins entrent tous dans la cathédrale, cherchant une place ou s’asseoir. Tous viennent, croyants ou non, pour ce moment de prière mais que certains voient aussi comme moment de communion fraternelle, point d’orgue de la longue marche sous le temps parfois incertain. Ces instants sont aussi moment d’évangélisation.

Entrent maintenant les bannières, provenant de toute la Bretagne aux 5 diocèses et la procession : servant d’autel, séminaristes, clergé avec l’évêque de Quimper & Léon et l’évêque de Vannes. Notre Dame du Tro Breiz est portée sur un brancard, solennellement posée sur une table prês de l’autel. Le cantique dédié aux 7 saints est entonné, repris peu à peu par l’assemblée qui ne le connaît pas encore très bien. Ce cantique en breton vannetais est ancien et a été popularisé par les Scouts d’Europe dans le album « An Hent ».

Quelques mots d’accueil de la part des élus, l’un mettant en avant le fait d’une messe en français, latin, breton et grec, l’autre qui parle plus du grand architecte et qui ne résonnait pas vraiment aux oreilles des pèlerins présents. Vite oublié puisque Monseigneur nous fait entrer dans la célébration, très priante. Viennent la consécration, la communion, la remise des parchemins à ceux qui ont bouclé leur Tro Breiz, quelques mots et est entonné le traditionnel Da FEIZ HON TADOU KOZH : la procession se met en marche pendant que chantent plusieurs pèlerins menés par Benoît ce cantique à la foi de nos ancetres à laquelle nous déclarons préferer mourir plutôt que de la laisser. Un frisson se fait sentir alors que l’assemblée reprend le refrain, porté par les grandes orgues de Marc et la bombarde de Stéphane : cet édifice de pierre érigé avec force foi et espérance retentit de ce chant ô combien porteur, affirmant cet enracinement fort de la foi dans cet esprit « feiz ha Breizh » qui a donné tant de missionnaires en cette Bretagne chrétienne, pour elle et pour le monde. Il faut le vivre, ce moment durant lequel chantent en communion les 1500 marcheurs ce qui pourrait être le second hymne breton !

Nous avions fustigé l’an passé le manque de cantiques bretons dans la liturgie et cela s’est nettement amélioré cette année. Nous y reviendrons car beaucoup de choses vont dans le bon sens pour que le Tro Breiz garde son âme bretonne, et les aumôniers y sont particulièrement attentifs. Nous consacrerons certains articles sur différents points de ce pèlerinage, nous ajouterons sous peu d’autres photos ici-même, des suggestions et invitations, et nous espérons que cette plongée dans le Tro Breiz en direct, sur Twitter et sur le site, aura comblé nos lecteurs, et motivé certains à s’inscrire l’an prochain.

Vivement l’an prochain !

 

En raison des difficultés de réseau, les photos seront mises en différé sur le site. Vous pouvez pour l’instant les visionner sur notre compte Twitter. 

 

 

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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2 Commentaires

  1. formidable, surtout les vidéos d’Yvon ! …
    alors comme ça, on s’installe dans les suites du Palace au Nivot !!
    je pense à vous tous
    fidèlement

  2. dominique de Lafforest

    quelle heureuse idée de nous permettre de « repasser » par les chemins de l’été! Merci de grand coeur!!!

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