Un concert original est à découvrir dans le cadre du Festival Itinéraires 2014 proposé par l’académie de musique sacrée de Sainte Anne d’Auray. Ce concert a lieu ce 1er juin 2014 à 16h30, et si vous le pouvez, ne le manquez pas. La qualité des musiciens autant que le travail de recherche mérite le détour. Et mine de rien, c’est aussi un travail de nouvelle évangélisation et de découverte de l’âme bretonne que de proposer une telle programmation. Amenez donc vos amis, votre entourage… Ils ne seront pas déçus. Profitez aussi pour aller visiter l’exposition « La fête et le Sacré » que nous avions évoqué il y a peu.
Voici la présentation de ce concert / spectacle, par Yann Fanch Kemener.
Il est nous difficile aujourd’hui de nous plonger dans l’univers de la ferveur populaire des siècles précédents. Au dire des voyageurs et différents collecteurs, les routes de Bretagne étaient jonchées de pèlerins, colporteurs, mendiants, chanteurs et voyageurs en tous genres.
Ceux-ci se rendant à un marché, une foire, un mariage, un pardon … D’autres s’en allaient invoquer tel ou tel saint afin de s’attirer ses bonnes grâces, car en Bretagne, on le sait, il vaut mieux s’adresser aux saints qu’à Dieu lui même. Dieu le père est seul et il ne saurait où donner de la tête avec toutes ces prières qui montent vers lui. Alors que ces nombreux saints sont les intercesseurs indispensables et les mieux placés pour une bonne gestion des affaires de ce bas monde. Moyennant quoi, il est naturel de récompenser ces actions par des offrandes à la juste mesure des services rendus.
Comme le dit le proverbe : Ar zant pellañ ‘vez enoret ar muiañ, hag ar zant tostañ ‘n ho anava ar gwelañ. Le saint le plus loin est le mieux honoré, mais le saint le plus proche te connait le mieux. Proche des humains et avant d’accéder aux joies de l’immortalité, les saints ont vécu des vies d’hommes, connu les faiblesses de la nature humaine et les turpitudes de la vie.
Outre leur pouvoir d’intercéder auprès de la Vierge ou de la Trinité, les saints disposent de pouvoir personnels : Faire marcher les enfants, redonner la vue, soigner la goutte, apporter une « bonne mort », rendre la vraie justice, protéger de la rage etc.
Élément important dans le culte des saints, particulièrement des guérisseurs, est la présence d’une fontaine. Certaines de ces eaux, hors de toute médecine, avaient le don de prédiction. Pour savoir si les jeunes gens allaient se marier dans l’année, il suffisait de jeter une pièce ou une épingle dans la fontaine.
Voir implorer la protection de son saint est un honneur et soi-même on n’hésite pas à entreprendre de longues pérégrinations à pied, pour rendre « ses devoirs » aux bienheureux protecteurs dont on attend quelques indulgences. À défaut, on aura recours à des professionnels de ces pèlerinages, moyennant quelques menues monnaies (St Yves de vérité, Notre Dame de Rumengol…).
Ces pardons ont lieu à des dates précises, à l’occasion de la fête annuelle de tel ou tel saint. C’est alors qu’une foule fervente et chantante défile derrière les bannières processionnaires, le tout accompagné du son des cloches. Elle chante la gloire et les miracles du saint en interminables couplets. Auprès des nombreux cultes aux diverses Anne, Marie, se côtoie celui des multiples saints autochtones.
Quant au pardon, qu’en savons-nous de ses origines ? Il n’en demeure pas moins l’un des lieux majeurs de l’expression de la ferveur bretonne. Depuis quelques années, comme pour renouer avec d’antiques rituels, des pèlerinages comme le Tro-Breizh, les Troménies de Locronan ou de Spézet, les chemins de St Jaques de Compostelle connaissent un regain d’intérêt.
Yann-Fanch Kemener
Conception et Chant : Yann-Fañch KEMENER
Bombarde : Fabrice LOTHODE
Orgue : Michel JEZO
Harpe : Quentin VESTUR
Uillepipe : Glenn GOUTHE
Accordéon : Jérémie SIMON
Cornemuse : Hubert RAUD
Plus d’informations en téléchargeant la plaquette.
Découvrez l’interview de Yann Fanch Kemener dans Ouest-France du 23 mai 2014 :
« Les pardons sont des lieux d’expression musicale. La ferveur en plus. La musique y rencontre l’intériorité d’une société qui s’interroge sur le sens de la vie, les limites de la science. Ce sont des lieux d’héritage en terme de répertoire musical, intimement lié au voyage intérieur.
Quand on assiste à un pardon, quand on apprécie le renouveau des pèlerinages, petits ou grands, l’envie de pérégriner musicalement est forte.
[…]
Chacun peut se reconnaître dans l’action d’un saint, qu’il soit connu ou pas. L’exposition de Sainte-Anne-d’Auray est importante à ce niveau parce qu’elle montre l’imprégnation populaire, parle de ferveur et de misère d’une société en majorité paysanne.
Les pardons se déroulaient au fil des saisons et rythmaient la vie des gens. J’ai naturellement suivi ce tempo. Je marche dans la voie des pardons d’antan. Le spectacle entre donc en résonance avec cette exposition, dans le religieux qui rencontre aussi le profane. »