L’édition du Pèlerinage des Bretonnants 2023 à Sainte Anne d’Auray s’est déroulée ce dimanche 30 avril, avec une belle programmation. La messe en breton, qui était célébrée par le Père Ivan Brient, vicaire général du diocèse de Vannes, a débuté dehors auprès de la fontaine, pour une bénédiction des fidèles de toute la Bretagne, portant de nombreuses bannières, avant d’entrer dans une basilique où l’assemblée était fournie.
La cérémonie a laissé une large place aux cantiques traditionnels bretons chantés par Roje Abalain et Uisant Er Rouz, à la harpe et au uillean-pipe, à la bombarde et aux grandes orgues. La liturgie étant évidemment en breton à cette occasion. L’articulation entre le sanctuaire, la commission diocésaine pour la pastorale en langue bretonne et l’académie de musique sacrée offre ainsi un bel instant d’enracinement portant vers le ciel.
Après une petite aubade sur le parvis, puis un pique-nique tiré du sac où les familles se sont retrouvées, moment d’échange en breton privilégié, c’est le concert du Trio Kervarec qui a fait résonner la basilique des plus beaux thèmes du Barzaz Breiz, pour près de 200 mélomanes venus écouter ce que murmure la mémoire d’un peuple. La bombarde de Per Vari Kervarec, puissante et émouvante, dialoguait passionnément avec le koz de René Le Gonidec ou de Loeiz Méhat, aussi talentueux au biniou qu’au saxophone. Quant aux grandes orgues, elles faisaient aussi bien rejaillir les entrailles de la terre dans un Gwerz Keriz, qu’un chant des oiseaux venus du ciel, donnant tout le jeu d’un instrument liturgique pour la beauté d’un patrimoine immémorial. Le discret Tony Dudognon, caché derrière les claviers, sait emplir avec brio l’édifice sacré.
Rendez-vous en 2024
Ce pèlerinage des bretonnants s’est achevé avec un chapelet puis les vêpres en langue bretonne. Rendez-vous est pris pour la messe mensuelle en breton, le premier dimanche de chaque mois, puis pour l’édition 2024 du Pélerinage des Bretonnants, qui aura lieu le 7 avril 2024.
Les organisateurs nous chargent de vous faire part de cet appel :
Perc’hindourion ger,
Trugarez vras deoc’h bout deuet ken niverus da berc’hinded ar Vrezhonegerion. E gwirionez, n’eo ket hepken perc’hinded ar Vrezhonegerion, met ar Vretoned ; ha ledanoc’h c’hoazh, perc’hinded an holl dud a zo stag doc’h sevenadur Breizh.
Ar Pab sant Yann-Baol II a lâre : Ma faot deoc’h avieliñ un den, a-raok kinnig dezhañ ar feiz, roit dezhañ ur sevenadur. Mod’all ne vo e feiz nemet un tan-plouz.
Nag a dud disheñvel e oamp disul ! Ha dres, dre hon disheñvelded hon eus savet hor speredoù, hor c’halonoù a unvouezh. Estaolet hon eus hon unaniezh dre ma oamp a bep seurt bro. N’hon eus ket dibabet genel en ur vro : roet eo bet deomp. Hag an dle hon eus da zoujiñ anezhi, d’he anavezout, d’he c’harout. Rak ar vro (er ster ledan, da lâret eo hor c’harter, hor c’hêr, hon douar, bro-Wened, bro-Leon, bro-Dreger,…) a gizell pep hini ac’hanomp hag a ro ul liv disheñvel da bep unan.
Ar berc’hinded da GêrAnna a rank hon tolpiñ aveit lidiñ hon unvaniezh get hon disheñvelded, hor pinvidigezhioù, hon trezolioù dastumet a-zeiz-da-zeiz dre hon hêrezh boutin, hini Breizh.
Daoust ma viro Perc’hinded KêrAnna ul liv gwenedek atav, da lâret eo, lec’h m’emañ gwriziennet (aveit pardon ar Folgoat e vo liv bro-Leon da skouer), hon eus da glevet livioù arall peogwir eo perc’hinded an holl a zo stag doc’h sevenadur Breizh.
Neuze eo mat da skipailh KêrAnna hag a aoz an devezh-se gouiet penaos ho peus bevet ar perc’hinded-se, petra a c’hortozit d’an deiz-se, petra a c’hellot degas d’an darvoud-se. Roit deomp ho soñjoù.
Tu a zo pismigiñ o reiñ evel-just soñjoù, alioù da ersevel dirak kement-mañ.
Aveit ar re a zo chalet get ar skritur implijet àr ar follennoù, kinnig a reomp dezhe kemer o levrioù « kozh » (« Gloer de Zoue », livr kanenneù 1933,…) rak bepred e vo kanet kanennoù hengounel a zo a-barzh.Ne rank ket ar skritur bout ur skoilh : n’omp ket aze aveit se, met bout asamblez aveit diskouezh hon unaniezh dre hor disheñvelded, ha mat eo miret anezhe : hor pinvidigezh eo, dreist-holl er bed a-vremañ hag a glask distrujiñ ar sevenadurioù.
Holl a-gevred, kavomp un hent da sevel hor speredoù, hor c’halonoù a-unvouezh.
Afer hon eus ag an holl ! Gortoz a reomp ho kinnigoù hag an tamm a blijehe deoc’h kemer en deiz-se.
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Chers Pèlerins,
Merci beaucoup d’être venus si nombreux au pèlerinage des Bretonnants. En fait, nous n’avons pas vu seulement des Bretonnants, mais des Bretons, et même des pèlerins attachés à la culture bretonne.
Le Pape saint Jean-Paul II disait : si vous voulez évangéliser quelqu’un, avant de lui proposer la foi, donnez-lui d’abord une culture, sinon sa foi sera un feu de paille.
Quelle diversité nous étions dimanche ! Et justement, c’est avec nos différences que nous avons élevés nos esprits , nos cœurs d’une seule voix !
Nous avons exprimé notre unité alors que nous venons de lieux divers : nous n’avons pas choisi notre lieu de naissance, il nous a été donné. Il est de notre devoir de respecter ce « pays » qui nous a vu naître, de le connaître, de l’aimer. Car ce lieu (au sens large, c’est-à-dire notre quartier, notre ville ou village, notre terre, le Vannetais, le Léon, le Trégor,…) nous a ciselé, chacun de nous, et cela donne une couleur différente à chacun.
Le pèlerinage à Sainte-Anne, justement, doit nous rassembler pour célébrer notre unité avec nos différences, nos richesses, nos trésors accumulés jour-après-jour à travers notre héritage commun, celui de la Bretagne.
Bien que le pèlerinage de Sainte-Anne conservera nécessairement une couleur vannetaise (lieu de son enracinement (pour le Folgoat, ce sera la couleur du Léon qui dominera forcément, par exemple), nous nous donnons le devoir d’entendre les autres intonations bretonnes car c’est le pèlerinage de tous ceux qui sont attachés à la culture bretonne.
C’est pourquoi l’équipe de Sainte-Anne aimerait savoir comment avez-vous vécu ce pèlerinage, qu’est-ce que vous attendez de ce moment de retrouvailles autour de notre culture multicolore, qu’est-ce que vous pourriez apporter à ce jour-là ? Donnez-nous vos idées.
Il est possible de critiquer évidemment mais dans un esprit constructif, en donnant des exemples, des conseils.
Pour ceux qui sont gênés par l’écriture adoptée sur les feuilles, nous vous proposons de vous munir de vos « vieux » livres (« Gloér de Zoué », livr kanenneù bro-Gwened 1933,…) car toujours nous chanterons nos cantiques traditionnels. Cela ne doit pas être un obstacle à votre participation, bien au contraire. On n’est pas là pour cela, mais pour être ensemble afin de montrer notre communion par nos différences. Et il est bon de les garder et de les exprimer : c’est la richesse de notre pays ! Surtout dans notre société qui cherche à détruire toutes formes de cultures, notamment ancestrales.
Tous ensemble, construisons un chemin pour élever nos esprits, nos cœurs. Nous avons besoin de vous tous !