6 août : c’est le jour où la Sainte Eglise Catholique fête la Transfiguration de Notre Seigneur. C’est le moment où le Christ pendant sa vie terrestre montre sa nature divine aux Apôtres l’accompagnant !
Cet épisode de la vie de Jésus est relaté dans le Nouveau Testament. Il s’agit d’un changement d’apparence corporelle de Jésus pendant quelques instants de sa vie terrestre, pour révéler sa nature divine à trois disciples. Le mot « transfiguration » procède en français de la traduction latine du mot grec metamorphosis (métamorphose).
Cet état physique, considéré comme miraculeux, est rapporté dans les trois Évangiles synoptiques : (Mt 17,1-9, Mc 9,2-9, Lc 9,28-36). C’est, selon le christianisme, la préfiguration de l’état corporel annoncé aux chrétiens pour leur propre résurrection. Jésus, ce jour-là, sera entouré d’Elie et de Moïse, devant Pierre, Jacques et Jean, qui reconnaissent en lui le Messie. Jésus a déjà annoncé une fois qu’il doit mourir et ressusciter trois jours après, et qu’il doit se rendre à Jérusalem.
San Salvador et le saint patron des Asturiens
Ceux qui nous ont déjà lu savent qu’actuellement à la Vallée des Saints, est sculptée la statue de San Salvador (autrement dit en français Saint Sauveur, ou en breton Salvér Jezuz / Sant Salvér et non pas Sant Salvador), qui n’est clairement pas breton mais que la Vallée des Saints fait réaliser dans le cadre d’un partenariat avec les pays celtes : en 2018, Piran, le saint patron des Cornouailles, commémorait la 100e sculpture et les dix ans du site. En 2019, c’était au tour de Dewi, saint patron du Pays de Galles. Pour 2020, ce sera saint Sauveur, patron des Asturies, sculpté par Adolfo Manzano, artiste asturien et le talentueux Goulven Jaouen.
San Salvador est vénéré à la cathédrale d’Oviedo qui lui est dédiée… mais il ne s’agit pas d’un saint comme les autres puisqu’il s’agit du Christ lui-même, considéré comme le sauveur du monde, le Saint Sauveur, que nous retrouvons aussi sur le drapeau des Asturies par la croix, ornée de l’alpha et de l’oméga.
Il est intéressant de souligner que si la cathédrale d’Oviedo est sous le patronage du Christ Sauveur, la patronne des Asturies est la Vierge Marie, sous le vocable de Nuestra Señora de Covadonga (plus connue sous le nom de Santina), fêtée le 8 septembre. Un co-patronage des Asturies entre Jésus et sa mère, en quelque sorte.
Saint Salvador ou Saint-Sauveur ?
Qu’est ce qui nous dit que saint Salvador correspond au Christ et non à un dénommé Salvador / Sauveur ? Bien des éléments, comme par exemple sa représentation si contre (orbe crucigère en main gauche et main droite en position de bénédiction), la fête patronale placée le 6 août (date au calendrier liturgique de la transfiguration). Tenons aussi compte de l’absence d’une relique d’un éventuel saint Salvador (ce qui aurait été la norme dans un tel édifice) mais la présence comme relique principale du suaire d’Oviedo (celui qui aurait été appliqué sur le visage du Christ après sa crucifixion) depuis la construction de la cathédrale. Le soudarion (suaire) étant en quelque sorte un signe de la manifestation divine de Jésus comme l’a été la transfiguration pour les trois disciples, il n’est pas hasardeux de considérer un lien entre le patronage de la cathédrale au Saint Sauveur, la date de la fête patronale et la présence de la relique du soudarion comme irradiation iconique de la puissance salvatrice du Christ sauveur.
Une icône de la transfiguration à la Vallée des Saints
Il n’y avait pas de croix sur la Tossen sant Weltaz, excepté en guise d’attribut pour certaines sculptures. A partir de la fin de l’été, nous pourrons cependant, au milieu de la cohorte des saints bretons, retrouver comme un buisson ardent le Christ transfiguré, nous invitant à nous retourner vers l’Essentiel. Sant Weltaz / Saint Gildas, c’est celui qui sait voir. C’est dans la pureté de son cœur que l’homme voit le Dieu invisible comme dans un miroir, disait le moine Pacôme au 4ème siècle. Or la transfiguration intérieure exige un changement radical ou, pour utiliser le vocabulaire théologique, la metanoïa … Nous ne pouvons pas être transformés, si nous n’avons pas d’abord été purifiés de tout ce qui s’oppose à la transfiguration, si nous n’avons pas compris ce qui défigure le cœur humain. Une invitation à délaisser la voie métallique, pourrait-on même rappeler à ceux qui battent le damier…
Sur la Tossen de Quénéquillec, ce ne seront plus Pierre, Jacques et Jean qui seront autour de Jésus comme au jour de la Transfiguration, mais bien l’ensemble de nos saints bretons et tous ceux qui se rendent sur la Tossen, comme une icône inculturée de la transfiguration. Il est peu probable que cette vision ait été voulue, mais dans les faits, l’Esprit Saint a parfois de ces clins d’oeil qui n’échappent pas.
Une recherche sur Google montre que « Sant Salver » au sens de Jésus-Sauveur est attesté en plusieurs endroits en Bretagne. Par exemple la très connue Basilique Saint Sauveur à Rennes https://fr.glosbe.com/br/fr/salver
Mais aussi l’abbatiale de Redon nommée « Sant Salver » sur une gravure de Langleiz pour une couverture de disque. Le lycée St Sauveur de Redon s’appelle en breton « Lise Sant Salver » https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Abbaye_Saint-Sauveur_de_Redon?uselang=fr#/media/File:Lise_Sant_Salver_e_Redon_2.jpg
L’église du Faou est dédiée au Sant-Salver
Ici il est fait mention de « Herve Boniou, ganet e Sant-Salver » https://docs.google.com/viewer?url=http%3A%2F%2Ffv.kan.bzh%2Fdocs%2FFv-Bibliotheques%5CLeMenn-Gwennole%5CFV-LG-170-Cl1-062.pdf sans doute Saint-Sauveur / An Dre Nevez près de Sizun
Il y a aussi « chapel Sant salver e Sant-Hern » http://www.poher.bzh/degemer_pocher/deiziataer…….
Je me permets de rajouter la basilique Saint-Sauveur de Dinan, qui remonte au XIIème siècle,où j’ai assisté à de nombreuses messes quand j’habitais Dinan dans les années 60-70
On a aussi ce qu’a entendu Anjela Duval : Gerioù ha troioù-lavar – Troioù-lavar – Anjela Duval
[Rechercher dans le domaine http://www.anjela.org/oberenn/geriou-ha-troiou-lavar-troiou-lavar/?lang=bz%5D https://www.anjela.org/oberenn/geriou-ha-troiou-lavar-troiou-lavar/?lang=bz
Alies e vez lavaret ivez : Va Doue benniget, Va Jezuz benniget (binniget), Sant Salver benniget, O Tad eternel leun a c’hloar, Da c’hras Doue pe Dre c’hras Doue a vez klevet alies ivez. Kas an Aotrou Doue, Taolioù an Aotrou Doue (evit ar gomunion d’ar re glañv hag ar c’hloc’hadoù pa’z a an Aotrou Doue ‘maez). Bremañ ne vez ket klevet se kalz.
Il y a aussi un « Coat Sant Salver » à l’emplaçement de la chapelle et de la fontaine Saint Sauveur à Plougonven, détruites par un acheteur des biens de l’Eglise à la Révolution française. https://www.paroissesaintyves.com/patrimoine/p%C3%B4le-tr%C3%A9gor-sud/
On peut néanmoins penser que c’est une traduction mot-à-mot du français mais alors ce serait une mauvaise traduction : on aurait eu « Salver santel ». On peut aussi penser que « Sant » ici est pris dans un sens de « sacré » : Jezuz est Le Saint par excellence, ar Sant-Salver.
Règle générale: en breton, l’adjectif qualificatif est placé derrière le nom. Oui, mais….
Il arrive que l’adjectif soit placé devant le nom, ce qui en majore l’intensité ou parfois peut en infléchir le sens.
Exemple:
Ur c’hastell kozh: un château ancien
Kozh kastell: un château délabré, pourri, en ruine. Penser aux innombrables « Cosquer » / kozh kêr si fréquents dans la toponymie bretonne, qui signalent une maison en piteux état, une ruine….
Quand Anjela Duval évoque l’expression « Sant Salver benniget », elle connaît évidemment mieux que quiconque ces nuances. Comment aurait-elle traduit? Mystère. Qui peut lire dans les coeurs?
Au cours de la messe, lors de l’échange du « geste de paix » – généralement une poignée de main avec les personnes voisines, ou également un regard avec les voisins plus éloignés (hors COVID19, car actuellement avec les restrictions liées à la distanciation physique, seul l’échange de regard est possible) – le « geste de paix » donc est/était accompagné d’un souhait simple: « la Paix du Christ! » (énoncé en français).
Son équivalent en breton (utilisé dans les messes bilingues ou entre bretonnants) est: « Peoc’h Or Zalver! ».
Le breton est , dit-on, une langue simple, concrète (et j’ajouterai théologiquement juste). En voilà la démonstration. Cette parole bretonne réjouis le coeur, n’est-ce-pas?
Neuze, ra vo Peoc’h Or Zalver ganeoc’h-holl, tudoù!
nota: on peut écrire Or Zalver (Brest) ou Hor Salver (Rennes). simple question de graphie, sans que celà impacte la prononciation habituelle du locuteur.