Saints bretons à découvrir

Alan Stivell : « avoir la hargne, sans complexe, pour faire bouger les choses » (interview)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 13 min

Q uel breton n’a pas eu une discussion autour d’un verre avec de bons amis, une discussion enflammée quand l’un d’entre eux s’est mis à dire que parler breton n’était pas si utile et que la culture bretonne ne parle pas aux jeunes d’aujourd’hui ?  Qui n’a pas eu des observations sur le sens d’un combat pour la Bretagne qui semble perdu à ceux qui ne voient pas au-delà d’un présent ?

Au vu du nombre de jeunes dans nos bagadoù et cercles celtiques, comment penser que la culture bretonne n’intéresse pas les jeunes ? Et pourtant, il y a peu, j’ai moi-même eu un échange viril avec des amis qui affirmaient -sujet récurrent – qu’user des cantiques bretons lors des pardons était l’expression d’un folklore suranné qui ne touchait pas les jeunes. Ou encore que la langue française étant majoritaire, le combat était d’arrière-garde.

Dans le domaine musical profane, une réelle vivacité existe. On peut par contre déplorer une certaine absence de compositions bretonnes dans le domaine religieux, mais les discours disqualifiants sont surtout là pour justifier l’abandon de nos chants traditionnels au profit d’un répertoire uniforme que l’on trouvera à travers tout le territoire hexagonal. L’uniformisation, confondue avec une volonté d’unité, va souvent de paire avec une ignorance de la dimension culturelle locale ou un certain désintérêt, quitte à faire partie, activement ou non, de ceux qui coupent les racines d’un peuple et contribuent directement ou indirectement à son annihilation. Ici en Bretagne, ou ailleurs dans le monde, comme j’ai pu le constater en parlant avec des étrangers.

Georges Pompidou, président de la République, dans la lignée d’Anatole de Monzie, assénait dans un discours prononcé à Sarre-Union en 1972, « qu’il n’y a pas de place pour la langue bretonne dans une Europe que la France est appelée à marquer de son sceau » . 

Ces discours étant régulièrement entendus, il parait essentiel de voir comment tordre le cou à des visions hégémonistes qui font fi de l’humain et paraissent hermétiques à toute argumentation. Et pourtant,  est-ce prétentieux de nous croire égaux ? Est-ce trop demander que de vouloir vivre ?

C’est pourquoi diverses interviews donnant des pistes de réflexions seront livrées sur Ar Gedour, invitant au questionnement. En premier lieu, nous avons interrogé Alan Stivell qui a su au-delà des décennies montrer une route. Sa musique, plongée dans la culture bretonne et aux inspirations multiples, a su toucher les générations jusqu’à aujourd’hui. Son témoignage, vigoureux, est aussi une invitation pour chacun à trouver le don qui fera bouger les lignes, pouvant interpeler et démontrer que, la hargne au coeur, on peut tout !

Déjà avant, mon but était aussi de susciter d’autres vocations, et, heureusement, beaucoup de nouveaux artistes et musiciens m’ont suivi (Alan Stivell).

alan stivellAlan, tu as été un précurseur dans la popularisation d’une musique bretonne ancrée dans son temps, et tu as su à cette époque créer un véritable engouement auprès d’une certaine jeunesse. Comment l’expliques-tu ?  

Alan :   Mon implication, pour la cause bretonne en général et la musique en particulier, date de mes 10 ans. Dès 1954, j’ai passé plus de temps à réfléchir à comment s’en sortir et à étudier la culture celtique (toutes matières confondues) qu’à mes études primaires et secondaires.

Dès les premières fois que je me suis montré en public (à la harpe celtique) dès fin 53, on a trouvé que j’avais un don pour la musique. J’ai vite conclu que ce serait par elle que passerait mon combat.

Une fois la réinstallation de l’instrument dans le paysage breton un rêve accompli (fin des 50s), l’arrivée du rock ‘n roll et de la guitare électrique m’a tout de suite donné l’idée d’un rock en langue bretonne et d’un rock de fusion celtique.

Photo Korentin Keo (DR / fonds Ar Gedour)

Avant que je mette en pratique mes idées, j’ai eu plusieurs années de réflexion. Je complétais ma culture celtique, dont le Brezhoneg. Je travaillais des arrangements et compos, notamment pour bagad et l’ébauche d’une cantate. D’autres dans ma tête ont fait que, le jour où j’ai lancé ma machine, j’étais prêt.

En 1966, je me lance avec une conviction que rien ne pouvait m’arrêter.

Un an après, j’ai déjà mon contrat signé avec une major et en 68 je suis déjà à Londres en 1ère partie d’un groupe anglais n°1 les Moody Blues.

Mais je ne me suis pas contenté de penser qu’une maison de disque devait tout faire. Et j’ai investi le peu que je gagnais en affichage, etc. Et de la tristesse d’habiter cette capitale française que je détestais, j’en ai fait un énorme atout. Je slalomais du matin au soir, d’un interview à un autre rendez-vous, et j’étais vraiment comme une fusée.

J’ai convaincu la direction de Philips (Universal) de me laisser la bride sur le cou. Mon premier single enregistré dans ces conditions (juillet 70) a, tout de suite, été un succès. Il y avait deux aspects contraires et complémentaires : la chanson à boire, qui pouvait débloquer le complexe par les juke-boxes des bistrots, et Brocéliande, qui amenait un côté plus culturel et profond, poétique et légendaire, voire philosophique. Ce single a vite séduit plusieurs milliers de personnes. C’est que le contenu a plu. Mais ça n’aurait pas été suffisant si je n’avais pas pris le pinceau de colle avec des potes, couvrant les murs face à la Maison de la radio et la gare Montparnasse et d’autres affichant en Bretagne.

Artistiquement, en concoctant une musique qui plaisait à un jeune comme moi, elle a assez naturellement plu à ma génération et à d’autres. Il fallait pour ça, quand même, que le contenu soit de niveau et qualité comparable aux grands groupes anglo-saxons. Mais je ne m’attendais pas à une telle réponse du public breton si complexé à l’époque (même si une minorité commençait à en sortir), ni à un public de tout l’hexagone me mettant au Top entre les Stones et Halliday! Ni l’accueil international : car les albums Renaissance de la harpe celtique et le live à l’Olympia ont été plébiscités dans toute l’Europe et même ailleurs.

Déjà avant, mon but était aussi de susciter d’autres vocations, et, heureusement, beaucoup de nouveaux artistes et musiciens m’ont suivi.

Le succès appelant le succès, Philips a ouvert grand ses portes aux Tri Yann, à Gilles Servat, etc. et d’autres boites ont suivi. Le déferlement des nouveaux festoù-noz a aidé bien sûr aussi. Cette vague celtique, je n’aurais quand même pas pu la porter tout seul.

Donc, à l’expérience, un conseil : un peu de chance (par exemple mon tadig), trouver le domaine où on est doué, et, sans attendre, une motivation sans bornes, donner du temps, pas seulement à la musique, mais à la com’ tout azimut, essayer d’être efficace dans les deux domaines. Ceci, avec pourtant toutes les difficultés, erreurs et défauts auxquels on n’échappe pas.

Cet engouement existe-t-il toujours en ce XXIème siècle ?  

Alan : Pour ça, vous pouvez en juger autant que moi. Cette grande vague, qui a éclaté surtout en février 1972 grâce à la réaction du public, se continue. On surfe encore dessus, même si elle ne reprend de la vigueur que sur des marées bi-décennales.

D’autres vagues dans la vague ont pu exister, comme celle de 1993 (Again, puis l’Héritage des Celtes et diverses choses); une petite autre en 2010-12 autour de Nolwenn Leroy. Elles ont redonné de l’énergie à la grande vague, sans que leurs conséquences puissent lui être comparées.

On a eu et on a une quantité d’artistes et de musiciens bons ou très bons.

Apparemment et hélas, aucun, aucune n’a pu se faire connaître du grand public (sauf exceptions dont ceux déjà cités). Peut-être que leurs goûts ne sont pas à 360° comme les miens, ce qui est naturellement plus fédérateur. On devrait les voir, comme moi, se défendre dans de grandes métropoles, pas seulement Brest, Nantes ou Rennes, mais Londres, Paris ou New-York. Bien sûr qu’on voit l’une ou l’autre ici ou là à l’étranger, mais ça reste beaucoup plus anecdotique. Ils ne peuvent espérer ni palais des sports australiens, ni stades italiens, ni Royal Albert Hall.  Car, pour retourner la situation en Bretagne, il fallait séduire jusqu’au Mexique.

On patiente et on espère. J’attends aussi, qu’au cinéma, quelqu’un, une va se lever et montrer qu’il, qu’elle est là et profite de son talent pour amener l’Histoire de Bretagne ou notre mythologie à Hollywood. …

En attendant, je suis là, je crée, je joue (Le Liberté à Rennes, salle Pleyel à Paris en avril).

 

Nombreux sont ceux qui disent que les jeunes aujourd’hui n’ont que faire de la musique bretonne, voire ceux qui ne voit pas d’utilité à user de la langue bretonne, que ce soit dans la vie quotidienne ou dans les arts. Ces mêmes personnes, qui n’ont pas été élevées dans une conscience bretonne, affirment que les jeunes parlant français, il faut leur parler en français. Notre combat pour la sauvegarde de la langue bretonne leur parait totalement inutile et sans intérêt. Tout discours semble inutile pour les convaincre.  La musique peut-elle être le biais d’une découverte de la chose bretonne, y compris pour des gens qui en sont loin ?  

Alan :  Excusez-moi, mais cette question ne se pose plus depuis 1970. Mon histoire a déjà répondu. On attend juste quelqu’un qui ait la hargne, avec peut-être aussi un peu de chance et, à la base, une musique dont une partie peut être ressentie par un grand public.

Je dois ajouter que, cette fois, le mouvement breton (très méritant par ailleurs), devrait être en meilleure synergie avec cet(te) artiste. A mon avis, cette synergie a manquée, sinon le problème breton serait du passé !

 

Toi-même, tu as su te remettre en question au fil de ta carrière, avec une musique enracinée mais puisant dans des influences diverses. De même, ta musique a évolué, jusqu’à utiliser aujourd’hui la MAO, en t’entourant aussi de jeunes musiciens apportant eux-mêmes leurs influences. Aucun de tes albums ne se ressemble, mais il y a une continuité. Cela explique-t-il la longévité de ta carrière, mais aussi le fait que ta musique transcende les générations ? 

Alan :   Désolé, mais ce que vous appelez « aujourd’hui la MAO » est en réalité 1985….Et je n’ai pas cessé depuis 36 ans. Les jeunes musiciens amènent leur jeunesse et leurs talents d’interprètes. Par contre, c’est ce que j’entends distraitement, baigné dans la bande passante mondiale qui m’influence et à laquelle j’emprunte (dans mes propres arrangements et compos) des couleurs et des techniques, par petites touches et expériences.

Je me sens de tous les âges que j’ai vécu (et mes plaisanteries font plutôt penser à un ado), et mon ADN reste la curiosité pour de nouvelles approches.  L’inconnu m’attire. Le présent même m’intéresse moins que le futur. Même si j’aimerais personnellement vivre un présent perpétuel… Donc un jeune qui ne trouverait pas ma musique d’actualité aurait une lecture voilée (déjà par mon âge). Voilée aussi parce que je n’ai jamais voulu faire la musique comme les autres. Donc jamais on a pu me trouver pur rocker, encore moins pur rapper. Je laisse aux autres le soin de s’inféoder totalement à ces courants. Et ce serait d’ailleurs bien utile.

 

Entre Emerald, Explore et AMzer, il y a une réelle différence, parfois même surprenante, qui correspond à l’esprit du temps, mais aussi avec des choix audacieux et avant-gardistes. Quand tu crées un album, quelle est ta démarche et comment choisis-tu l’approche musicale à donner ? 

Alan :   C’est à chaque fois, pour moi, un besoin. Celui d’explorer encore, souvent en contraste avec l’album précédent, des territoires musicaux que je n’ai pas ou pas assez développés. Mais il est vrai que je ne m’impose plus aujourd’hui que deux ou trois projets.

 

Dans nos églises, un certain nombre de personnes refusent les cantiques traditionnels bretons ou les abandonnent, considérant qu’il s’agit plus d’un folklore voulu par les anciens qu’une volonté de toucher les jeunes, n’offrant pour les offices qu’un même répertoire français uniforme à travers l’hexagone, excepté de manière anecdotique pour les pardons. Que dirais-tu à ces personnes qui semblent indifférentes à la diversité culturelle, et souvent hermétiques à la cuture bretonne ?  

Alan :    Même si je ne suis plus chrétien, je me sens toujours beaucoup de connexion avec ce monde. Et je vibre au son d’un Adoromp holl repris par une foule. Mais, malheureusement, dans ces églises, d’où semblaient monter vers le ciel la voix de l’ensemble des fidèles dans les plus beaux cantiques du monde, quelle honte ce qu’on y entend aujourd’hui ! Et ces chants médiocres en français sont une dégénérescence. Ce serait encore rien si cela n’était pas un message de haine et de trahison vis à vis du pays où l’on est, une insulte aux générations précédentes, et une opposition à l’esprit du christianisme, qui n’est pas censé prôner le suprématisme des conquérants. Quoique certains chrétiens aient bien l’âme de légionnaires romains.

Les oppositions passives ou actives à permettre de pouvoir vivre la Bretagne en breton, que ce soit dans la vie quotidienne, à l’école, à l’église, e peb lec’h…  pourraient-elles être vues comme une forme de suprémacisme non assumé ?  

Alan :  Ce n’est pas une vision, le suprématisme est bien une réalité. Et on est encore loin d’en sortir. Car la parité entre les deux langues, les deux cultures, est prévue pour 2050 ou 3050 ? On devrait beaucoup plus se battre sur ce terrain. Par exemple montrer à quel point le communautarisme qui nous tue (pas physiquement heureusement), ce n’est évidemment pas un communautarisme occitan, mais bien le communautarisme majoritaire franco-français ou francien, qui, lui, n’est pas qu’un danger, mais est un criminel en action. Le concept français de liberté, compris comme celle de devoir tous, toutes penser franco-français, est bien difficile à éradiquer. Peut-être n’avons nous pas toujours les arguments massues pour contrer ça.

Si aujourd’hui il y a autant de jeunes artistes bretons, c’est que tu as ouvert une voie, en lien avec les anciens, mais dans ton temps. Que peux-tu dire à la nouvelle génération, pour qu’elle continue à suivre ce chemin ? 

Alan : J’ai toujours cru que la force des bretons vient de notre arrière-pays de l’autre côté de la mer celtique. C’est l’antidote justement à la sur-francisation. L’inter-celtisme est une valeur incontournable pour l’avenir-même.

Et trouver en soi le don qui pourra apporter quelque chose et faire bouger.

Avoir la hargne, sans complexe.

Propos recueillis par Ar Gedour en septembre 2021

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À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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Un commentaire

  1. Très intéressante atersadenn (interview) d’Alan Stivell. Tiens, au fait, pourquoi ne comporte-t-elle pas au moins quelques phrases en breton ? La langue est comme un sang vivant, qui insuffle la vie jusques dans les âmes fatiguées par les pesanteurs du monde. « La beauté sauvera le monde » disait un auteur russe. Les accents juvéniles aussi, surtout s’ils ondoient dans la musicalité bretonne. « Ar yezh a zo mat evit ar yec’hed » a lâre Goulc’han Kervella, dirazon, un deiz bennak.

    Alan –je l’ai entendu à Bleimor, avant même que ne sorte le disque Reflets, était pour moi un grand, je veux un jeune adulte quand j’étais encore dans les limbes de l’enfance – déclare aujourd’hui qu’il « aimerait personnellement vivre un présent perpétuel ». Mais c’est ce qui nous attend tous, ce dans quoi nous sommes déjà plongés, ultimement ce que nous dit le christianisme si l’on veut bien prendre la peine de le considérer au fond, en le décapant au passage de certaines catégories grecques qui se sont déposées sur lui comme un oxyde. La question du temps, tel que nous l’exprimons si souvent, n’est pas chrétienne, elle est culturelle. Des chrétiens l‘ont compris, parfois des prêtres, mais c’est loin d’être un constat général. On remarquera que Jésus ne s’est d’ailleurs jamais exprimé là-dessus. On pourrait remarquer aussi que l’hébreu biblique, et donc très certainement l’araméen, n’usent pas des temps verbaux auxquels nous sommes habitués, et je dirais intoxiqués, à s’avoir la suite : passé, présent, futur. Ils usent, nous dit-on, de deux options verbales: accompli, inaccompli. Ce qui est une autre manière de voir la même réalité pourtant.

    Pour continuer sur le sujet : « certains chrétiens ont l’âme de légionnaires romains » nous dit Alan. Entièrement d’accord avec ce très triste et, disons-le, catastrophique constat. J’ai eu la chance, dans mon itinéraire spirituel de commencer par le Levant (Israël, puis un territoire de l’orthodoxie) avant, plusieurs années plus tard seulement, de découvrir la Rome impériale, devenue siège du successeur de Pierre le Galiléen, et donc épicentre du Christianisme… Comme breton, je ne pouvais faire le trajet que dans ce sens historique, de l’Orient vers l’Occident. L’inverse eut été impossible. Trop de blessures séculaires… Voilà pourquoi aussi la découverte des saints bretons (V/VI° siècles) est si importante. Ils nous disent que notre christianisme ne vient pas en droite ligne de Rome, et de la Méditerranée, mais qu’il a le goût iodé de l’Océan, qu’il a vogué sur les marées… Et cela dès les débuts de la primitive Eglise…

    Je continue. « les plus beaux cantiques du monde [il s’agit de cantiques bretons – langue et mélodie, « pozioù ha ton »], quelle honte ce qu’on entend aujourd’hui …/.. ces chants médiocres en français » note Alan. Très largement d’accord. Côté modernité, en langue bretonne, consulter le répertoire du Minihi Levenez (popularisé par la chorale Allahs-kanañ , jeu de mot sur « al laz-kanañ » qui signifie la chorale en breton léonard) qui devraient être largement diffusé dans les célébrations (voir le site de l’Evêché de Quimper/Kemper). Côté modernité en langue française, cela patauge. Il y a parfois du bon , quelques ilôts, mais aussi trop souvent du médiocre quand ce ne sont pas de ridicules chansonnettes (sur le plan musical, et pire encore sur le plan des paroles parfois). Disons-le, il faut être dans une foi bien construite et chevillée au coeur pour résister à ces machines à empêcher la prière que sont certains cantiques français contemporains. De ce point de vue, l’abandon apparemment en cours des anciens carnets de chants diocésains, incluant du breton, est une véritable catastrophe. Un drame silencieux en Bretagne. Peut-être est-ce aussi la conséquence de l’arrivée de nouveaux prêtres ignorants de la région, nouveaux ouvriers d’un jacobinisme toujours plus conquérant? Connaissent-ils seulement ce terme et ce qu’il véhicule de ravages ?

    « trouver en soi le don qui pourra apporter quelque chose et faire bouger » conclue Alan. Que chacun naisse à son originalité, l’exprime d’une manière ou d’une autre. Et en fasse profiter l’alentour. Mais c’est justement le désir secret de notre créateur (que nous appelons bien maladroitement « Dieu », usant d’un vocable grec…païen ! Dans la Bible hébraïque (Ex, 3, 14), devant Moïse, il se nomme lui-même comme étant le vivant – YHWH – , inachevé de surcroit !).

    Alan le musicien a tracé un fameux chemin. La réalité n’est pas loin. La harpe celtique, les ondes au bout des doigts. Ces ondes, messagères au creux de nos oreilles peuvent dire la joie de la vie. Avec l’énergie déterminée d’un chant de guerre parfois. Avec des résonances qui s’envolent presque jusqu’au divin. Tañva ar vuhez. Dre ar sonerezh, dre e vizied, dre ar brezhoneg ! Setu ar pezh a ginnig deomp an arzhour hag ar barzh !

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