Vous vous rappelez du petit Fañch dont le prénom avait été refusé à l’état-civil en raison du tildé posé sur le N, orthographe bretonne non-reconnue ? Une pétition en ligne avait été lancée par Culture Bretagne, qui signalait :
Même si cette affaire à de grande chance de faire jurisprudence, ce n’est cependant pas encore réglé, l’administration française doit maintenant amender ou supprimer le texte de la circulaire. Si nous nous arrêtions là, le problème se reproduirait très rapidement avec une autre famille, la pétition va donc continuer, et elle va être envoyée au garde des sceaux.
La pétition qui recueille plus de 4000 signatures à ce jour, est toujours en ligne (vous pouvez donc toujours la signer), alors même qu’une affaire similaire émerge, mais cette fois en Ille-et-Vilaine. Les parents du petit Derc’hen n’ont pu orthographier le prénom de leur enfant né au mois d’août 2017. Le procureur et l’état civil de la mairie de Rennes refusent le c’h. Et si certains se disaient ignorants de la procédure pour apposer un n avec un tildé (ñ), c’est quand même un peu moins compliqué pour mettre une apostrophe entre deux lettres. Ou sinon, faut se poser des questions. Bien sûr, les mêmes arguments légaux ressortiront : « Ce n’est pas de notre faute. Mais c’est la circulaire de 2014 qui nous impose que… ».
Exit désormais les Guyomarc’h, Le Cléac’h, Argouarc’h, Floc’h, Belbeoc’h et Hellegouarc’h. Kenavo les Derc’hen, Marc’han, Goulc’han et autres Marc’harid. On vous la coupe… l’apostrophe. Après la vague du tildé, c’est donc sur une autre spécificité de la langue bretonne que s’attaquent les nouveaux hussards noirs.
Pour la petite histoire et la culture personnelle de chacun, il faut savoir que l’apostrophe a été introduite en 1659 par le père Julien Maunoir dans son ouvrage Le Sacré-Collège de Jésus (livre de catéchisme en breton, avec dictionnaire, grammaire et syntaxe), et cette nouvelle distinction a alors permis d’améliorer la correspondance graphie-phonie. Malheureusement, l’abandon de l’apostrophe dans la francisation des noms bretons est une erreur courante qui a compliqué les prononciations. Ainsi, Derc’hen, est un ancien prénom breton devenu nom de famille que ce soit sous cette forme ou sous la forme de Derrien. Le nom est issu de Dergen en vieux breton, nom attesté d’un fils du roi Alan Veur, ou Alain Ier. On retrouve le diminutif Derriennig en breton qui donne Derriennic sous sa forme francisée. Mais comme vous pouvez le constater, plus possible d’utiliser certains noms bretons. Même les plus vieux. Déjà qu’on prononce Pinmare pour Penmarc’h, Floque pour Floc’h, Le Cléache pour Le Cléac’h, Brèque pour Brec’h ou encore Craque pour Crac’h. Là, on simplifie, quitte à débretonniser plus encore les noms : on vire carrément l’apostrophe. Là où le bât blesse, c’est que d’autres prénoms avec l’apostrophe ont été acceptés par la mairie de Rennes, comme nous pouvons le constater aisément sur le site de la collectivité : Tu’iueva, N’néné, D’jessy, N’Guessan, Chem’s, N’Khany… mais pour Derc’hen, on repassera !
Depuis plusieurs mois Skoazell Vreizh (Secours breton) soutient la famille du petit Fañch, né à Quimper. Cette dernière a lancé une procédure d’appel en justice après que le procureur de la de la République a refusé d’orthographier correctement en breton le prénom Fañch (refus du ñ). L’association vient d’être alertée pour ce cas similaire provenant de la mairie de Rennes, comme le rapporte le quotidien Ouest-France de ce jour :
Skoazell Vreizh publie le courrier des parents du petit Derc’hen.
« Mon mari et moi-même venons si possible chercher auprès de vous un peu d’aide. Le 21 août 2017 est né notre petit garçon. Nous avions depuis six ans déjà choisi son prénom qui était Derc’hen. Lors de la déclaration de naissance, l’apostrophe a été refusée par la mairie de Rennes. Nous avons donc décidé de saisir le procureur. »
Impossible d’exercer un recours
Le procureur, indique le quotidien, a refusé l’apostrophe du prénom. La famille a donc dû choisir sans attendre le prénom pour respecter les délais de déclaration de naissance. « Nous avions le choix entre changer de prénom (impensable pour nous) ou l’orthographier Derchen. La mairie nous avait spécifié qu’il serait possible d’avoir recours par la suite. Nous avons donc décidé d’appeler notre fils Derchen. » Seulement, il s’avère par la suite qu’il est impossible d’exercer un recours.
« C’H » pourtant très répandu en breton »
Skoazell Vreizh a immédiatement contacté la mairie de Rennes.
« Une personne élue de la majorité municipale nous a bien confirmé les faits et devrait nous communiquer l’argumentation juridique du procureur pour expliquer son refus du « C’H » pourtant très répandu en breton. Le chef de cabinet du maire nous a écrit que Nathalie Appéré a bien reçu notre alerte et qu’elle devrait nous apporter des informations dans « les meilleurs délais ». Il apparaît dans cette affaire que visiblement les services de l’état civil de Rennes n’ont pas avisé les élus municipaux au moment de l’intervention du procureur. »
« Sans nouvelle du ministère »
Le c’h, (prononcez c skrab h pour dire la lettre), se rapproche de la jota espagnole ou du Ch allemand.
« Ce refus du C’H est sans doute une première », écrit Charlie Grall, président de Skoazell Vreizh Skoazell Vreizh « car de nombreux prénoms bretons ainsi que des noms de famille s’écrivent avec un C’H et n’ont pas, à notre connaissance, posé de problème ces dernières années. Une fois de plus il semblerait que le procureur s’appuie sur la circulaire ministérielle de juillet 2014 listant les signes diacritiques autorisés pour l’état civil afin de justifier son refus. Skoazell Vreizh est intervenu (Journal du 14 décembre 2017) auprès de la garde des Sceaux et ministre de la Justice, Mme Nicole Belloubet, pour lui demander de modifier cette circulaire comme l’ont fait quelques députés bretons de la majorité présidentielle. À ce jour nous sommes sans nouvelle du ministère qui n’a hélas pas encore accusé réception de notre courrier. En attendant, deux familles qui ont librement choisi des prénoms bretons pour leurs enfants sont dans l’embarras, font face à des tracasseries et subissent une discrimination linguistique intolérable. »
Par un communiqué en date du 26 janvier 2018, le procureur de la République revient sur cette affaire et autorise (sic) l’apostrophe pour le prénom « Derc’hen » (cliquez sur l’image pour prendre connaissance du document).
Les instructions destinées à autoriser l’utilisation de l’apostrophe dans le choix des prénoms vont être rapidement transmises à l’ensemble des procureurs de la République du ressort de la cour d’appel de Rennes, ont fait savoir les magistrats.
Bizarre, contrairement au tildé l’apostrophe est déjà utilisé en français.
Les parents n’avaient qu’à prénommer leur fils Mamadou, Karim, Tchang, Johnny, Gargamel ou Dark-Vador, là aucun problème pour l’état-civil …
Lorsque l’esclavage se pratiquait, on déformait ou supprimait jusqu’au nom de la personne. Ainsi, combien d’Africains déportés en Amérique se sont vus niés jusqu’à leur nom?
Car transformer un nom ou le changer (ce qui revient au même), permet à celui qui commet cet acte de s’approprier une personne, un lieu, une histoire pour mieux les gommer et les mouler à sa guise.
Franciser les noms Bretons est dans le même état d’esprit , soit consciemment, soit par bêtise. Pas de langue Bretonne, pas de Breton. Pas d’orthographe Breton, pas de langue Bretonne, pas de Bretagne.
Il en est de même pour les noms et mots Français qui sont transformés dans différentes langues: on déforme les noms Français, la langue Française elle-même. Pas de langue Française, pas France non plus.
Or, la Bretagne a le droit d’exister. La France a le droit d’exister….Et ainsi de suite…L’un n’excluant pas l’autre.
Que nos langues et cultures, qui ont façonné nos pays soient respectés et tout le monde s’en portera mieux…
A noter que la devise de la France est « Liberté-Egalité-Fraternité »: où est la liberté quand un Breton doit se battre pour porter un nom Breton? Où est l’égalité quand il y a une hiérarchie dans le droit de porter ou non un prénom? Où est la fraternité quand on dit » tu es mon frère, citoyen (super mot de la révolution revenu à la mode): mais tu n’as pas le droit de porter le nom que toi et tes parents veulent. Ben oui tu comprends, citoyen. Il faut l’égalité dans la république……. »
Alors, pour une meilleur égalité, je vous propose que nous nous appelions tous par le même prénom: tiens: citoyen 1, citoyen 2, citoyen 3…., ce serait pas mal, non? Fini les inégalités entre gens de différentes origines, fini les inégalités entre les sexes, les religions……Poussons jusqu’au bout la logique, tant qu’on y est….
» Debilitate humanum est, sed persevere diabolicum….. »
L’administration française se couvre de ridicule. Si l’apostrophe est proscrite, que deviennent les patronymes comme celui de l’amiral Ronarc’h, le héros de Dixmude, à la tête de ses fusiliers-marins en 1914, ou celui de son neveu, Pierre-Jean Ronarc’h qui réussit l’exploit de faire sortir de Saint-Nazaire le Jean-Bart inachevé, dans la nuit du 17 au 18 juin 1940, avec seulement 60 centimètres d’eau sous la quille ? Va-t-on effacer le nom de Jean Vourc’h, adjudant des Forces Françaises Libres, débarqué à Sainte-Mere-l’Église avec la Deuxième DB du Général Leclerc en juin 1944 de la liste des Compagnons de la Libération ? Veut-on, encore une fois, nous faire sentir que nous sommes un pays conquis, un peuple vaincu qui doit subir la loi du vainqueur ? Ce pays auquel j’ai cru, la Fra nce, me désespère…
Sans oublier le valeureux Officier des Equipages Francis Vourc’h du commando Kieffer qui débarqua à Ouistreham le 6 juin 1944 entre autres débarquements comme dans la nuit du 26 au 27 décembre 1943 sur la plage de Quinéville dans la Manche avec 5 autres commandos dans le but de renseigner les alliés sur les plages du secteur !!!
L’état Français a sa responsabilité, mais les Bretons aussi!!!! Car, pour rebondir sur l’article, beaucoup de Bretons déforment eux-même les noms de leurs localité ou certains prénoms Bretons: combien de fois j’entends dire des ersonnes âgées, parlant Breton pourtant, me reprendre en disant » il faut dire Rospordaim » et pas » Rospordène » pour Rosporden. Mais, quand elles parlent Breton, elles prononcent à la Bretonne. De même pour Penmarc’h qui devient du Breçais ou du Franton, comme on voudra, en devenant « pain mar », cad le pain mort. A moins que ce ne soit « pain mare », parce le pain a été jeté dans la mare? Y en a marre!!!
Combien de Bretons, parlant ou non la langue, disent voire écrivent GUénolé au lieu de Gwenole, Guenael au lieu de Gwenael, Guénégane au lieu de Gwenegan…Comme si guen voulait dire quelque chose. gwen, oui! Gaine aussi, mais c’est autre chose….
On voit aussi, sur Douarnenez, un Saint Vandale!!!!! Un saint qui est aussi un vandale! Super!!!!!Alors que ce Saint vient de Sant Wendal c’est à dire Saint Gwendal (le G partant avec les mutations présentes dans la grammaire Bretonne).
Autrement dit: la culture et la volonté est un remède à la bêtise et pour ça, n’attendons pas de l’état: il nous appartient, dans le langage de tout les jours, tant les bretonnants que les monolingues, de prononcer les noms et mots correctement!!!
» Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement »….
Le fait d’accepter pour l’un et de refuser pour l’autre (cf article ci-dessus) constitue une discrimination. Mais la brittophobie n’existe pas plus que la christianophobie…