« Le carême ?… C’est le ramadan des chrétiens ». Dans un collège belge sous l’appellation d’un saint, la majorité des élèves, musulmane, s’avéra être comme un défi lancé aux élèves baptisés et non baptisés. Ceux-ci ne savaient quasiment rien du Carême. Ils respectaient le ramadan .C’était un mot qu’ils entendaient. Un jour l’aumônier du collège réveilla la conscience de sa classe en déclarant tout net aux adolescents d’origine maghrébine :
« Vous dites que vous faites le ramadan ? Vous jeûnez, vous récitez vos prières chez vous, mais, dans la cour, vous importunez les filles, vous injuriez les garçons .Eh bien, je vous le déclare :votre ramadan, c’est nul ! C’est zéro, si vous ne changez pas de comportement. »
La déclaration fit mouche : vexés, peut-être, mais touchés, assurément, les élèves concernés adoptèrent une attitude nouvelle. Ce fut le commencement d’une découverte.
Non, le carême n’est pas qu’un terme plus ou moins vague qui rappelle…une consommation de chocolat réduite.
Le Carême a peu à voir avec ce piètre cliché. Si l’on se « prive » de quelque chose, c’est qu’il y a une raison de le faire. Un but à atteindre. Plutôt, un être à suivre. Cet être, c’est un jeune artisan du village de Nazareth, qui sortit de l’atelier paternel et quitta sa famille pour aller loin du bourg, sur une falaise aride où il demeura, seul, face aux sables brûlants et sous les étoiles qui fourmillent dans l’immense bleu sombre des nuits orientales.
Seul, soumis aux besoins élémentaires de son corps, il sentit s’insinuer des suggestions qu’il réfuta par la Parole qui l’habitait depuis l’enfance. Ainsi se préparait pour lui la marche à travers les hommes, ses semblables, auxquels il se savait envoyé .
Par qui ? Par Celui qu’il nommait du nom très tendre de « Abba/Papa ».
Le Carême, depuis, offre à des milliards d’amis du Christ l’espace de quarante jours, qui nous entraînent à nous rendre maîtres de nous-mêmes, en vue d’un bien plus grand : la rencontre pascale avec l’auteur de tous les biens.
En nous efforçant à nous mettre à l’écart afin de converser avec Dieu, en découvrant qu’ « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir », en nous privant de nourriture pour éprouver avec ceux qui en manquent la condition douloureuse de millions de frères, nous pourrons traverser le « désert » qui ouvre sur la Terre promise d’une nouvelle Pâque.