Un bien bel ouvrage que celui-ci, comme a l’habitude de nous offrir Roland Becker : en format paysage nous sont livrés les alignements célèbres comme autant de tableaux vus et brossés par les voyageurs des 18ème et 19ème siècles, accompagnés ici d’une préface du paléontologue breton Yves Coppens.
L’auteur, que l’on connait plutôt dans le domaine musical, nous propose une sélection de textes unique et élaborée au fil du temps et des ses découvertes. Roland Becker convoque ainsi dans cette procession mégalithique de non moins célèbres monuments : Dom Louis Le Pelletier, Victor Hugo, Gustave Flaubert, Auguste Brizeux, Stendhal, Guy de Maupassant, Anatole le Braz, Eugène Guillevic, Umberto Ecco… nous livrent leurs interprétations d’antiquités celtiques sous le regard romantique de l’époque. Le tout accompagné de superbes illustrations, gravures, estampes, photographies pour la plupart méconnues, représentant les alignements de Carnac et la vie qui s’y déroulait aux siècles passés.
Le lecteur éprouvera un réel intérêt à découvrir la vision passée de ce patrimoine hors du commun, entre fantasmes, légendes, croyances populaires et superstitions enracinées. L’ouvrage se lit comme une ode romantique et nostalgique aux lignes minérales.
Un beau livre récemment sorti aux Editions Coop Breizh à découvrir et à conseiller, malgré quelques approximations précisées ci-dessous. Cet ouvrage participe ainsi à cette mémoire collective permettant un large panorama littéraire d’un site qui a toujours fasciné et excité l’imaginaire.
Quelques précisions
Dans son introduction, Roland Becker rappelle une christianisation des menhirs contrecarrant à partir du Moyen-Age des croyances qui se perpétuaient auprès des pierres. Il est utile de préciser qu’en Bretagne, la christianisation des menhirs est moins due à une éradication qu’à une assimilation de rites païens qui avaient perduré. L’approche n’est donc pas du tout la même, n’en déplaise à Yves Coppens qui parle de la volonté féroce du christianisme de faire disparaître toute trace de cette culture.
Toujours dans cette introduction, l’auteur évoque aussi le capitulaire d’Aix-la-Chapelle (datant de 789) anathémisant ceux qui vouent un culte idolâtre aux pierres, justifiant leur destruction par Charlemagne. Précisons simplement que Charlemagne parle ici des pierres runiques qui existaient du côté d’Aix, et non des menhirs. Autant être clairs sur la question….