Les chroniques publiées de Glenn Gouthe sont initialement publiées sur sa page Facebook et reprises avec son autorisation sur Ar Gedour.
N’eus ket a-walc’h ag ur vuhez evit tud ‘zo. Langleiz, ganet e Sarzhav e 1906, a zo unan ag ar re-se. Livadurioù, engravadennoù, tresadennoù, murlivadurioù… a zo un tamm ag e oberenn. Deskiñ a ra ar brezhoneg pand eo c’hoazh studiour e Pariz mes n’eo ket a-walc’h evitañ. Monet a ra da zastum sonennoù, kontadennoù, frazennoù, troioù-lâr, gerioù… get ar re gozh a Surzhur, àr harzoù gourenez Rewiz. Maget eo e lennegezh get e zastumadennoù, en e varzhonegoù, e zanevelloù, e bezhioù-c’hoari ha dreist-holl e romantoù.
Skriviñ a ra ar pezh a vez desellet èl romant diarbennerezh kentañ bet skrivet e brezhoneg « Enez ar Rod » ha troiñ a ra goude e galleg get an titl « l’île sous cloche ». Un daolenn vras eo a ginnig un enezenn iskis dre zaoulagad ur plac’h yaouank kollet, Liliana, e-menn ema ar skiant hollvezant ha mestr àr vuhez an dud, kollet gete o ene. Adaoziñ a ra danvez Breizh evit e enskriviñ e lennegezh ar brezhoneg : « Tristan hag Izold », « Romant ar roue Arzhur » a chomo diachu a-gaost d’ur marv trumm. Daoust mand eo desellet èl ur gwastadour klasel, ne chom ket gwall-bell ar gerioù gwenedeg tennet ag e zastumadennoù en e skridoù. Ha bepred evit aesaat an treuzkas, en em engouestliñ a ra a-bezh evit sevel ur reizhskrivadur boutin evit Breizh a-bezh, da respont doc’h kudennadur ar brezhoneg er skol.
Ur vlaz ar re nebeut. Setu penaos e c’heller diverriñ rol Langleiz evit ar brezhoneg, kement a draoù en deus graet evit ma vehe gouiet hag anavet get ar Vretoned hag an holl. Mes dreist ag enklask ur vreizhadelezh, un enklask denel eo a dreuza e oberenn liestumm. Get ur plas ispisial laosket evit ar brezhoneg neoazh rak èl ma skriv : « la langue est vraiment le moule de l’Ame. »
Il est de ces personnes pour qui le temps d’une vie ne suffit pas. Xavier de Langlais, né à Sarzeau en 1906, en est une. Peintures, gravures, illustrations, fresques… ne sont qu’une partie de son œuvre. Il apprend le breton alors qu’il est étudiant sur Paris mais cela ne lui suffit pas. Il va collecter chants, contes, locutions, proverbes, mots… auprès des anciens dans son pays de Surzur à l’entrée de la presqu’île de Rhuys. Ces collectes vont nourrir sa littérature, avec des poèmes, des petites nouvelles, des pièces de théâtre et enfin et surtout des romans.
Il écrit ce qui est aujourd’hui considéré comme le premier roman d’anticipation en langue bretonne « Enez ar Rod » qu’il traduit lui-même en français « L’île sous Cloche ». Une grande fresque présentant une île étrange à travers les yeux d’une jeune fille perdue, Liliana, où la science est omniprésente et a pris totalement le contrôle de la vie de ses habitants, leur faisant ainsi perdre jusqu’à leur âme. Il reprend la matière de Bretagne afin de l’inscrire dans la littérature bretonne : « Tristan hag Izold », « Romant ar Roue Arzhur » que la mort ne lui laissera pas le temps de terminer. Bien que considéré comme un pionnier de la littérature classique bretonne, les mots vannetais issus de ses collectages ne sont jamais loin et parsèment ses écrits. Et toujours dans un souci de faciliter la transmission, il s’engage pleinement dans l’élaboration d’une orthographe commune à toute la Bretagne, afin de répondre enfin à la problématique de l’enseignement du breton à l’école.
Un goût d’inachevé. Voilà en quoi pourrait se résumer le rôle de Xavier de Langlais pour la langue bretonne tant il a fait pour qu’elle soit connue et reconnue aux yeux des Bretons et de tous. Mais au-delà d’une quête d’identité bretonne, c’est une véritable quête d’identité humaine qui transparait dans son œuvre protéiforme. Avec une place toute particulière cependant pour la langue bretonne car selon ses propres mots : « la langue est vraiment le moule de l’Ame. »