Nommé à Brest, le père Michel Mazéas s’apprête à dire au revoir à Saint-Corentin et aux paroissiens. Le curé de la cathédrale de Quimper (Finistère) revient sur ces neuf dernières années (Source Ouest-France 10/08/2017. Propos recueillis pas Nelly Cloarec).
Entretien avec…
Michel Mazéas, 64 ans, curé de la cathédrale depuis juillet 2008. Il est nommé à la paroisse de Brest centre.
Quel est votre état d’esprit à quelques jours de votre départ vers Brest ?
Je suis à la fois triste de quitter Quimper et heureux de retrouver Brest, où j’ai passé onze années. Je suis très attaché à Quimper et à la Cornouaille : on s’habitue à une ville, à son environnement, j’y ai noué des réseaux d’amitié… Partir, c’est une sorte d’arrachement même si je savais que cela allait arriver tôt ou tard ! Avec les changements dans le diocèse, c’était prévisible.
Être curé de la cathédrale, c’est un poste prestigieux et un peu politique, non ?
Nous sommes des passeurs comme les autres, dans un lieu particulier. Un peu politique ? Oui… Il vaut mieux bien s’entendre avec l’évêque (sourires). Dans un diocèse, c’est un lieu stratégique, symbolique. Le diocèse vit à travers sa cathédrale, là où se déroulent les grandes cérémonies, les installations d’évêques, les ordinations, des départs et les arrivées du Tro Breizh… Pour la même raison, c’est aussi un lieu de tensions. Ce n’est pas toujours simple. Ainsi, la période de départ de Mgr Le Vert n’a pas été paisible. On y a aussi une exigence d’exemplarité : il faut faire en sorte que ce qui s’y passe soit à la mesure de la cathédrale. Les gens qui viennent à la messe s’attendent à y voir et à y entendre de belles choses. Il ne faut pas les décevoir.
Saint-Corentin ne désemplit pas l’été. Appréciez-vous cette période ?
Oui. Les bénévoles chargés de l’accueil un peu moins peut-être car il faut parfois faire un peu la police ! Mais j’ai toujours voulu ouvrir les portes de ce lieu. Même si l’on n’est pas catholique, on y vient parce que c’est un lieu prestigieux, un lieu de culture. Pendant les offices, j’ai toujours insisté pour que les gens puissent entrer. On se plaint d’inculture mais lorsqu’il se passe quelque chose, on ferme les portes, c’est paradoxal ! Et puis, une fois entré, on peut être touché par une parole, une lecture, un chant…
Avez-vous constaté une évolution dans le comportement des fidèles ?
C’est une paroisse d’élection : la cathédrale attire des fidèles bien au-delà de son quartier. On vient de Kerfeunteun, de Plomelin, de Plonéis et parfois de Douarnenez ou de Châteaulin pour assister à la messe de 10 h 45 le dimanche. Je n’ai pas constaté de diminution de fidèles sauf à la messe de 9 h le dimanche, une messe plus « locale ». Par ailleurs, et c’est une autre richesse de ce lieu, on trouve toujours des bénévoles, même si cela est difficile.Vous êtes nommé à Brest centre, une paroisse connue pour être dynamique…C’est une joie, une chance d’être pasteur dans ce genre de communauté. Saint-Louis est une parsoisse qui réunit beaucoup de familles, d’enfants, de jeunes adultes, avec des messes à heures fixes. C’est une paroisse au niveau social privilégié dans laquelle naissent beaucoup d’initiatives : il y a du répondant ! La messe du dimanche soir, avec une animation jeune, avec de la musique, accueille plus de 500 personnes : ça déborde !
Le Père Mazeas est un homme d’église de notre temps. Il a su allier une nécessaire modernisation de la liturgie à une toute aussi nécessaire préservation des fondamentaux. Il sera regretté. Il mériterait d’avoir des responsabilités autres.
Je ne vois pas en quoi l’abbé Mazéas (que je respecte et admire, et c’est un mauvais service à lui rendre pour son humilité comme pour les fruits de son ministère que de le cataloguer) serait plus « un homme d’Eglise de notre temps » que les prêtres (souvent jeunes) qui sont attachés aux formes traditionnelles de la liturgie et en même temps très « connectés et maîtrisant « les outils de communication modernes ».
Peut-on être en dehors de notre temps ? Ce cas cela relève de la science-fiction. L’Eglise catholique ne vit pas dans le monde du film « Retour vers le futur »
Qu’entendez-vous par une « nécessaire modernisation de la liturgie » ? Chacun oeuvre pour le salut des âmes selon son charisme et sa « sensibilité » – comme on dit dans le jargon ecclésial- et les formes traditionnelles de la liturgie que ce soit selon la forme ordinaire ou extraordinaire du rite romain (ou d’autres rites) apporte aussi sa contribution -cf l’article sur le pardon de Kernasklédenn-
Il n’existe pas de recette miracle pour toucher les âmes et les mener vers la vie éternelle. Le pape François lui-même, bien que ce ne soit pas sa préférence, admet volontiers que les catholiques de sensibilité traditionnelle -y compris la Fraternité saint Pie X- horresco referens ! – ont un rôle non négligeable à tenir dans le défi de la Nouvelle Evangélisation. « Il existe de nombreuses demeures dans la maison de mon Père » (Jn XIV, 2)
et au-delà des querelles de chapelles tous les fidèles Chrétiens sont appelés à oeuvrer pour le règne de Dieu et la royauté du Christ.
Quant à savoir « s’il méritait d’avoir des responsabilités autres », ce n’est pas à nous d’en juger. Chacun peut avoir des préférences :
« Moi, j’appartiens à Paul », ou bien : « Moi, j’appartiens à Apollos », ou bien : « Moi, j’appartiens à Pierre », ou bien : « Moi, j’appartiens au Christ ». I Co 1,12 Même s’il y a souvent des manoeuvres purement humaines et idéologiques dans le processus de nomination des évêques, les chrétiens font confiance au Saint Esprit et à la Divine Providence. On peut certes prier pour qu’un bon prêtre soit appelé à l’épiscopat, mais il y a aussi le plan de Dieu, et « la Paix de Dieu qui dépasse toute intelligence » (Ph IV, 7)
A galon.