
C’est avec tristesse que nous apprenons la disparition d’Erik Marchand, survenue le 30 octobre 2025 en Roumanie. Chanteur, musicien, collecteur et pédagogue, il fut l’une des grandes figures du renouveau de la musique bretonne et un passeur essentiel entre tradition et modernité, en compagnie d’artistes comme Yann-Fañch Kemener, Manu Kerjean, Annie Ebrel et bien d’autres.
Né à Paris en 1955, d’origine bretonne, Erik Marchand découvre très jeune le chant traditionnel. Sa voix singulière, à la fois rugueuse et poignante, deviendra l’une des plus reconnaissables du kan ha diskan et de la gwerz. Il fonde en 1981 le groupe Gwerz, aux côtés de Soig Siberil, Youen Bihan, Jacques Pellen et des frères Molard. Ensemble, ils redonnent au chant breton sa force expressive et son intensité originelle, inscrivant cette tradition dans une dynamique pleinement contemporaine.
Curieux du monde et des autres musiques, Erik Marchand a toujours refusé de limiter la Bretagne à ses frontières géographiques. Il a mené un travail pionnier autour des musiques modales, qui l’a conduit à dialoguer avec des artistes venus d’horizons multiples : Balkans, Orient, Maghreb, blues ou rock expérimental. Sa rencontre avec les musiciens du Taraf de Caransebeș, en Roumanie, fut déterminante. Ensemble, ils ont exploré les correspondances entre les modes bretons et les échelles d’Europe de l’Est, donnant naissance à une musique aux multiples influences, vibrante et profondément humaine. Ses collaborations avec Rodolphe Burger, Mehdi Haddab ou encore Pierre Crépillon témoignent de cette volonté d’ouverture et d’expérimentation, sans jamais trahir la sincérité du chant traditionnel.
Sonneur de treujenn-gaol (clarinette bretonne), il forma également le Quintet de clarinettes et multiplia les projets en duo, toujours avec la même exigence artistique. Collecteur et transmetteur visionnaire passionné, Erik Marchand crée en 2003 la Kreiz Breizh Akademi, un programme de formation dédié à la pratique modale et à l’ouverture des musiques populaires. Sous sa direction, des générations de jeunes artistes ont appris à conjuguer ancrage et liberté, tradition et création. Cette académie, aujourd’hui encore très active, demeure l’un des plus beaux héritages de son œuvre.
Erik Marchand fut un homme de fidélité et de passage : fidèle à la Bretagne, mais attentif aux souffles du monde. Par son engagement, il a rappelé que la musique traditionnelle est un mouvement vivant, capable de rencontres et de chemins nouveaux. À sa famille, à ses proches, à ses compagnons de scène et à tous ceux qu’il a inspirés, nous adressons nos pensées les plus sincères.
La Bretagne perd une voix, mais cette voix continuera de résonner dans l’histoire musicale de la Bretagne ! Kenavo, Erik. Trugarez evit pep tra.
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