par Eflamm Caouissin
Le 24 mai dernier, une rencontre des blogueurs avait lieu au Vatican. Si l’Eglise a pendant un temps négligé la Toile, ceux qui sont nés dans la génération du numérique, à l’initiative de nombreux espaces de nouvelle évangélisation, d’accompagnement spirituel… dans le monde virtuel, ont démontré que l’on ne pouvait pas éviter la prise en compte de ce fait sociétal. De blogs comme le Padre Blog à des webradios comme SPREADING LIGHT, de groupes FaceBook dédiés à des sites comme celui -très bien fourni- de l’hebdomadaire Famille chrétienne, ou encore la version de l’1visible pour Iphone avec des applications non dénuées d’intérêt, les retransmissions des conférences aux Bernardins… les initiatives numérico-réelles vont bon train.
L’Eglise se devait donc de prendre en considération ce phénomène, qui est à mon sens facteur essentiel de la nouvelle évangélisation. Non pas l’outil principal mais l’un des outils. On voit aujourd’hui le Vatican, prenant la mesure de tout cela, développer un portail, ouvrir une chaîne TV sur Youtube, promouvoir différents services de Radio Vatican en Webradio, ou encore travailler aussi sur des applications pour smartphones comme celles de Pope2you. C’est aussi en étant sur ce terrain que la nouvelle génération sera touchée, passant du monde virtuel au réel. Car ne nous leurrons pas : la génération du tout numérique, qui fait plus confiance à Wikipédia qu’à son professeur, est avant tout à toucher sur son lieu de vie mi-virtuel mi réel, dans lequel il rentre par les nombreux moyens, créant des interactions constantes entre sa vie « IRL » (in real life) et sa vie numérique (il se connecte en prenant son café, part à l’école ou au travail avec son smartphone ou navigue sur sa tablette, surfe sur son PC durant la journée ou enfin le soir).
Bien sûr, il existe des dangers, que les détracteurs ne manquent pas de souligner. Pensons à FaceBook, qui, certes, permet un pistage systématique des personnes. Pourtant, nous ne pouvons nier que ce réseau social est un monde, et qu’il est nécessaire d’y entrer pour l’évangéliser. Comme l’ont été les nouveaux mondes à l’époque des conquistadores, le monde numérique est un continent à explorer, parsemé évidemment de dangers à éviter, mais au sein duquel nous pouvons toucher les populations. FaceBook ou Google + sont des îles parmi d’autres sur lesquelles nous devons accoster, tout en étant conscients des pièges éventuels. Ces moyens de toucher ne doivent bien évidemment pas se substituer au réel, mais peuvent permettre de défricher le terrain, d’atteindre les autochtones virtuels.
Si je puis me permettre, l’invisible a toujours été dans l’Eglise comme quelque chose de « naturel », mais il n’en est pas ainsi de l’invisible numérique. Et pourtant… Le cardinal Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical pour la culture, avait lors de cette rencontre des blogueurs au lendemain de la béatification de Jean Paul II, évoqué le phénomène des blogs comme un véritable « Parvis des Gentils » où l’espace sacré et l’espace profane se retrouvent.
Durant cette rencontre, avait-il ajouté, « les blogueurs ont manifesté (…) leur désir de faire entendre leur voix en la faisant arriver jusqu’à l’Eglise. Ils ont en même temps demandé à l’Eglise d’accueillir l’interaction, sans craindre d’adopter un langage parfois indépendant et anticonformiste ».
Ils ont indiqué « des potentialités énormes pour l’avenir de la communication de l’Eglise », a-t-il insisté, rappelant combien les blogs – phénomène « populaire » – touchaient aussi « l’esprit et le cœur de personnes qui ne fréquentent pas l’Eglise ».
Invitant à « reconnaître l’importance de ce phénomène », le cardinal a estimé qu’il était désormais « impossible d’ignorer une réalité qui assume toujours plus les caractéristiques de ‘mouvement culturel’, capable d’intercepter et d’interagir avec un public aux chiffres incontrôlables ».
« Nous pourrions dire que nous sommes dans les nouvelles places et les nouvelles cathédrales, des espaces virtuels certes, mais habités par des personnes qui communiquent, expriment des idées, racontent des histoires et posent des questions, attendent des réponses ».
Devant cette « demande de dialogue » des blogueurs, les organisateurs de cette rencontre ont souhaité « accueillir, comprendre, écouter les demandes, les espérances, les craintes, les doutes, les aspirations et les problématiques de cette très vaste communauté qui suit la vie de l’Eglise plus que nous pouvons l’imaginer ».
« De là est apparue la nécessité, exprimée de manière claire durant la rencontre, de déchiffrer la mentalité, la culture et la philosophie qui animent les blogueurs, afin que l’Eglise soit capable d’une nouvelle évangélisation et d’influencer l’opinion publique, apprenant à être interactive et non pas fixée sur une communication de type pyramidale qui est plutôt étrangère à la culture de notre temps […] dépassant ainsi une communication uniquement unidirectionnelle, sans possibilité de dialogue et d’échange, destinée à laisser une impression de rigidité et d’autoréférentialité ».
Avec les blogs, « l’espace profane et l’espace sacré trouvent un nouveau mode de connexion, qui inaugure un véritable ‘Parvis des Gentils’ en ligne, aux possibilités illimitées », a ajouté le cardinal Ravasi, en précisant «qu’une nouvelle réalité est en train de surgir, qui communique des émotions, des sentiments, des opinions, des récits »
Alors n’oublions pas : en janvier 2009, à l’occasion de la journée des communications sociales, le Pape Benoît XVI avait confié aux jeunes de la « Génération Numérique » le devoir d’évangéliser grâce aux nouvelles technologies. Ce défi formidable nous est proposé, et c’est à nous de le réaliser… Prenons-en conscience. Pour reprendre les mots du Saint Père, « nous sommes appelés à découvrir, y compris dans la culture numérique, des symboles et des métaphores qui peuvent aider à parler du Royaume de Dieu à l’homme contemporain » (cf notes ci-dessous).
Source : Marine Soreau (ZENIT.org)
Autres documents :
http://nouvelle-evangelisation.blogspot.com/2011/03/culture-numerique.html
« Le prêtre et la pastorale dans le monde numérique: les nouveaux médias au service de la Parole »