Le conteur Gwendal Ar Floc’h est parti vers le Paradis Celtique. Né Marcel Le Floc’h au mois de janvier 1932 dans un petit village de Cornouailles, en plein centre de Bretagne, région des Montagnes Noires, il fut éduqué, pour les contes et légendes de son pays, par son grand-père qui était lui-même un barde conteur, interprète de chants bretons et guérisseur d’animaux, dans la tradition orale absolue et en langue bretonne.
Après la guerre, avec l’arrivée des radios, l’intrusion de la langue française dans les mœurs, la communication lointaine par les déplacements en voiture à essence, on a préféré les voix de Maurice Chevalier, Tino Rossi et autres et oublié les veillées de contes et légendes ! On vivait « Musette ou Rock. » Gwendal a donc vogué à contre-courant. Après avoir fait mille métiers, Gwendal a figuré et joué dans plusieurs films et pièces de théâtre et rencontré, plus particulièrement Jacques Tati qui lui a appris bien des choses.
Il a aussi participé au tournage du Cheval d’Orgueil de Claude Chabrol. Il faisait aussi partie de ceux qui accompagnaient Saint Yves à cheval lors des fêtes patronales de mai aux arènes de Lutèce, à l’époque où l’on n’avait pas encore laïcisé Gouel Sant Erwan (cf photo ci-dessous). Un jour, à la Mission Bretonne, à Paris, on s’est aperçu qu’il racontait des choses étranges, et il est monté sur scène. Depuis, il contait histoires, contes et légendes, non écrites. Gwendal était de la tradition des conteurs d’autrefois. Bien sur, il arrangeait ses récits au goût d’aujourd’hui, en breton et en français.
De sa stature d’ours impressionnante et de sa voix étrange, il racontait les diableries, les Korrigans, les contes de personnages insolites, naïfs, au cheminement extraordinaire, les légendes de la Mort et les histoires amusantes, style farces. Parfois le conte rejoignait le monde d’aujourd’hui. Gwendal prospectait sans cesse dans sa région, recherchait chez les anciens une idée, un bout de conte, de légende, puis il reconstituait le conte en recherchant la saveur, l’originalité. Ce qui a fait dire à Jean Markale :
« Où va-t-il chercher les symboles celtiques ? Pourtant, il ne lit pas ! Son subconscient est imprégné de la pensée celtique, il porte en lui le savoir ancestral des Celtes. » (Jean Markale)
Gwendal fut de tradition orale, à la manière d’aujourd’hui : proche du Griot africain, mais à la manière ancienne de Bretagne, à cause de la spécificité des parlés bretons.
Gwendal créait le conte, la légende et l’histoire d’après les bases, anciennes, traditionnelles, que lui avait transmis son grand-père. C’est aujourd’hui un patrimoine vivant qui nous quitte, source intarissable d’une culture que bien des Bretons ignorent.
Obsèques le 7 juillet 2016 à 14h30 en l’église de Gourin (Diocèse de Vannes).
Trist on hiw da gleved an dra-se, Gwendal oa ur paotr bern a skiant gantan. Trugarez dehan.
ben je suis bien triste également de perdre mon ami « paotr ar gazeg wen » alors que je l’ ai connu ca fait près de 40 ans du coté du 22 rue Delambre à la mission bretonne si chère au tad Quemener … Trugarez vraz deoc’h Gwendal.
Son retour en terre natale pour une ‘retraite’ du côté de Roudoualeg lui permettait de nous remettre de si beaux contes en lumière à Tronjoly avec son compère Klaod Le Lann.
Jean Michel
J’espère me tromper mais il me semble de reconnaître son visage, il me semble qu’il a joué dans une scène dans le documentaire partiellement en langue bretonne Nag ar vazh nag ar vezh.
Donc c’est bien ça, je ne l’apprends qu’aujourd’hui Gwendal Ar Floc’h est décédé, faut croire que je m’étais vraiment éloigné un peu beaucoup de la Bretagne à cette époque. Quel homme chaleureux ai-je en souvenir ! Kenavo !