S. Herve pe Houarnev (Lt. Huvernus), 6t kd, abad, ec’holier, barzh, ganet dall e Plouzevede e Bro-Leon, mab Sant Houarvian ha Santez Riwanon, skoliet gant S. Marzian e Plougernev, gant e eontr Sant Urfol e Lanrivoare, ec’holieret gant Sant Houarzhon, bleniet bepred gant e ziskibl Sant Gwic’haran, a savas ur manati e Lanhouarnev lec’h ma varvas e 568 ha ma voe beziet e-kichen e vamm. Paeron ar varzhed eo.
Pedomp : Aotrou Doue, d’an den dall Sant Herve hoc’h eus roet galloud da vezañ mestr war nerzhioù an droug, ar c’hoant da veuliñ hoc’h Anv hag al levenez da welout, hag en c’hoazh er bed-mañ sklerijenn ho paradoz ; dre nerzh e bedenn, hon gwriziennit en ho sklerijenn, ha lakit da greskiñ ennomp ar c’hoant d’ho meuliñ. Dre Hor Salver Jezuz-Krist, Amen.
L’existence même de saint Hervé est incertaine selon quelques-uns, même si sa vie est racontée dans le manuscrit connu sous le nom de « Légendaire de Tréguer », dans le manuscrit de l’abbaye Saint-Vincent du Mans daté du XVe siècle, et dans un autre manuscrit de l’abbaye de Saint-Gildas-des-Bois. Son hagiographie a été reprise dans la première moitié du XVIIe siècle par Albert Le Grand. La présence forte de saint Hervé dans la toponymie bretonne permet cependant de dissiper les doutes quant à son existence.
Fils de Hyvarnion ou « Harvian », barde venu de Grande-Bretagne et de Riwanon (fêtée le 19 juin), barde originaire de l’île de Bretagne (Grande-Bretagne actuelle) qui aurait vécu un moment à la cour du roi franc Childebert, Hervé, né vers 520, est aveugle de naissance (NDLR : comme le mentionne l’un de nos lecteurs, Grégoire de Tours qui a écrit l’Histoire des rois Francs,ne mentionne jamais Saint Hervé. On peut donc penser que ce dernier n’a jamais été en relation avec la cour des rois Francs).
Ses parents auraient vécu au manoir de Lanrioul (dénommé aussi dans les anciens textes Lanrigoul ou Lanrigour) en Plouzévédé. Après la mort de son mari, Riwanon se serait établie sur le territoire de Keran (la trève de Tréflaouénan), où elle aurait élevé son fils encore en bas-âge.
Hervé, après avoir été un disciple du moine Martianus (ou Harchian), aurait été vivre près de saint Urfol, oncle probable de saint Hervé. Ce dernier eut par révélation connaissance de la mort de saint Urfol et se mit en route vers l’oratoire de son oncle. Il s’y prosterna pour prier et au cours de son oraison, le sol trembla si fort que tous ceux qui étaient avec lui furent jetés à terre ; la terre s’ouvrit et de cette ouverture sortit une odeur suave et odoriférante. Saint Hervé, ayant, par ce miracle, connu et trouvé le tombeau de son oncle l’accommoda de pierres et le lieu devint bientôt le cadre de miracles. C’est sûrement là l’origine du culte qui est encore rendu à saint Urfold à Bourg-Blanc.
Après la mort de sa mère, qui après une vie « en solitude » serait morte à l’emplacement actuel de l’église paroissiale de Lanhouarneau, Hervé resta vivre un temps dans l’oratoire quelle y avait construit et il ouvrit une école. Mais il fuit le monde pour mener une vie d’ermite, mais il est vite rejoint par des disciples ; il quitte Lanhourneau pour revenir à Bourg-Blanc où, dans un premier temps, il ne retrouva pas le monastère, désormais en ruines, où avait vécu saint Urfold. Un tremblement de terre miraculeux mit à jour le lieu de la sépulture de son oncle. Hervé « l’accommoda de pierres » écrit Albert Le Grand. Hervé se rendit ensuite à Saint-Pol-de-Léon où l’évêque, saint Houardon, lui conféra les ordres mineurs (il devient confesseur tout en refusant par humilité le titre d’abbé, acceptant seulement d’être ordonné exorciste, refusant de devenir prêtre, s’estimant indigne de célébrer l’Eucharistie). Hervé aurait alors eu l’intention de revenir à Lanhouarneau, mais une voix céleste l’aurait fait rebrousser chemin et prendre la direction de Innoco, en fait probablement Iniau, c’est-à-dire Plouigneau (un lieu-dit Kerhervé existe dans cette commune à 4 km au nord du bourg), puis il aurait fait étape à Plougonven (un autre lieu-dit Kerhervé existe à 2 km au sud de ce bourg). La légende de saint Hervé le fait ensuite passer les Monts d’Arrée pour parvenir en Cornouaille, où il aurait d’abord logé au lieu-dit Languedrec (peut-être Lanherec en Plounéour-Ménez) chez un seigneur nommé Woigonus. Sa Vita, datée du XIIIe siècle, le montre collectant des fonds jusqu’en Cornouaille.
Revenu en Pays de Léon délivre un comte, dénommé Hélénus, d’un diable qui avait pris place dans sa domesticité, puis il assiste à l’assemblée des évêques bretons réunis sur le Méné Bré en Pédernec où fut prise la décision d’excommunier le comte Conomor, assassin de sa femme sainte Triphine (d’où la chapelle Saint-Hervé qui se trouve au sommet du Méné Bré). Ensuite saint Hervé revint vivre à Lanhouarneau où il mourut, peut-être le 22 juin 566 entouré de ses disciples Hardian, Gozhuran, de sa nièce (ou tante) sainte Christine, etc. Saint Pol aurait assisté à ses funérailles et une partie de ses reliques est conservée à Lanhourneau. La majeure parie de ses reliques sont données par le duc Geoffroy à l’évêque de Nantes en 1002 mais elles disparaissent de la cathédrale pendant la Révolution française.
Une légende rapporte qu’un jour Hervé perdit une dent en éternuant et la ficha dans une fente de rocher. Une grande clarté en jaillit et frappa un jeune garçon qui faillit en mourir. Une autre légende rapporte qu’un loup dévora l’âne de son mentor avec lequel Hervé labourait, mais il s’agenouilla pour prier et sur son injonction le loup vint s’atteler lui-même à la charrette. Aussi est-il souvent représenté en compagnie d’un loup domestiqué. Sa réputation gagne toute la Bretagne où il restera jusqu’à sa mort très populaire.
L’église où saint Hervé fut enterré a depuis porté son nom et s’appelle encore aujourd’hui Lan-Hoüarné (Lanhouarneau), qui est une église paroissiale de l’évêché de Léon, entre Landivisiau et Lesneven. Le corps du Saint y demeura, dit saint Albert la Grand, jusqu’à l’an 878. Pour éviter la rage des Normands, il fut transféré à la Chapelle du château de Brest, où il fut jusqu’en 1002. Le duc Geoffroy Ier, l’ayant fait mettre dans une châsse d’argent, en fit présent à l’évêché de Nantes. Saint Albert le Grand le nomme Hérvé et le fait confesseur et aumonier du duc.
L’évêque mit la châsse au Trésor de son église et elle s’y est conservée jusqu’à ce que les bêtes féroces révolutionnaires les détruisent. Les serments ordonnés par la justice, ajoute [saint Albert le Grand], se faisaient autrefois sur cette châsse, comme il parait sur un Rituel de Nantes dressé vers l’an 1225, et les parjures étaient sévèrement punis.
L’église de Faouët, dans l’ancien diocèse de Tréguier, a saint Hervé pour patron et possède une petite portion de ses reliques. Il y en a aussi dans l’ancienne cathédrale de Léon, en l’église de Lanhouarneau, en la chapelle Saint-Hervé de Gourin, à Louvigné-du-désert ou encore en l’église de Saint-Coulitz. Selon nos sources, il y en aurait aussi eu encore récemment à Quimperlé, mais nous n’avons pas pu aboutir dans nos recherches.
Saint Hervé est à l’origine de Kantik ar Baradoz* (Cantique du paradis). Fils de barde et de poète – Houarvian son père et Riwanon sa mère exerçaient ces professions, saint Hervé est entre autre le patron des poètes, des bardes et des musiciens bretons. Il est de plus invoqué pour les maladies des yeux, la guérison des peurs, des angoisses et de la dépression nerveuse, pour repousser les démons et protéger les chevaux. En Bretagne, saint Hervé a aussi la réputation de faire cesser les coassements des grenouilles (NDLR : les batraciens, pas celles de bénitiers…)
(*) Jezuz ! Peger bras eo
Plijadur an eneoù
Pa’z int dirak Doue
Hag en e garante !
Jésus ! Ô combien est grand
le bonheur des âmes,
lorsqu’elles sont devant Dieu
Et dans son amour !
Sources : Wikipédia via URBVM / Hodie Mecum / Ar Gedour
*Kantik ar Baradoz publié avec l’aimable autorisation de Louis Mélennec de Beyre.
Première diffusion le 17/06/2013