Il y a 30 ans, un ouragan dévastait la Bretagne

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 min

Il y a trente ans, le 15 octobre 1987, je m’en rappelle encore comme si c’était hier. Dans la nuit, ce réveil brutal offrant aux oreilles un vent violent frappant les façades et les mémoires, de puissantes rafales à travers les arbres qui s’affalent. Plus encore, dans le souffle destructeur ce sont comme des gémissements qui se faufilent à travers les interstices, bras fantomatiques qui vous enlacent en faisant claquer les volets mal fermés.

Bien vite, l’électricité n’est plus là. Les bougies sont sorties et les flammes font danser les ombres fuyantes. Les chats se réfugiaient dans les recoins et les chevaux effrayés hennissaient de terreur. Cette année-là, la production des deux pieds de kiwis avait été importante mais la tempête en avait décidé autrement. Chaque fruit était emporté, roulant vers d’autres horizons tandis que les tôles s’envolaient. La route peu à peu s’encombrait et les arbres, quand il ne pliaient pas, brandissaient leurs bras menaçants au-dessus des chemins creux. Gare à celui qui s’aventurait dehors en cette longue nuit aux dégâts innommables. Ce n’est plus une tempête mais un ouragan d’une force de destruction inouïe dont les saignées se verront encore pendant bien des années.

Ce n’est que quelques jours plus tard, lorsque les services locaux viendront aider à dégager les routes, que nous saurons la dévastation de l’Armorique : ports et villages, routes et campagnes, Armor et Argoat, paysage de désolation qui en quelques heures aura été brossé d’un trait venteux.

En attendant, je me souviens de ce moment de peur, mais avec le recul, d’avoir vécu aussi autre chose. Le toit qui était à la limite de s’envoler, plus d’électricité, plus de gaz (et plus de possibilité d’aller en chercher puisque les axes étaient bloqués) mais aussi -plus chanceux que d’autres qui n’avaient plus rien – les repas au feu de bois à la seule lumière des chandeliers, le coucher comme autant d’instants exclusifs qui changent d’un confort certes relatif, une vie différente coupée du monde qui se dessine pour quelques jours.

Une année qui en aura marqué à jamais et que trente ans plus tard on évoque encore.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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