Par Chris06

Itron Varia Roscudon contre les maladies infectieuses.

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Tandis que l’épidémie de Covid19 est toujours là, Ar Gedour met l’accent sur toute la piété populaire bretonne, que l’on oublie parfois trop souvent en laissant la place dans nos pardons à un simple folklore pour des lieux qui pourtant sont de véritables actes de foi, liés souvent à des guérisons miraculeuses.  Des lieux totalement enracinés et parlant au coeur même de l’humanité.

Après Notre-Dame de Joie à Pontivy ou Notre-Dame du Roncier à Josselin, nous nous penchons sur Notre-Dame de Roscudon, à Pont-Croix (Diocèse de Quimper). Pour l’occasion, étant donné que plusieurs lecteurs nous l’ont demandée car difficilement trouvable sur internet, nous avons mis en ligne sur Kan Iliz la partition du cantique, ainsi que les partitions de bombardes. Ce cantique avait été repris par le Bagad Beuzec Cap-Sizun pour le concours 2015.

Téléchargez la partition en cliquant ici.

Il existe aussi un cantique en français, sur l’air de Bénis ô tendre Mère, mais nous avons opté pour le cantique en breton. Merci à Per Vari Kervarec pour la partition, à Louis-Marie Salaün pour la retranscription de la partition et à Uisant er Rouz pour la traduction.

Selon l’ organiste de l’église Notre Dame De Roscudon à Pont-Croix qui nous a laissé un commentaire ci-dessous, se basant sur les archives diocésaines, le cantique en breton “Itron Varia Roscudon”a été composé, paroles et musique, par le docteur pontécrucien Guillaume SAVINA dans les années 30, (imprimatur 1935). Il est donc bien plus récent que le cantique français “A Notre Dame De Roscudon” évoqué ci-dessus, chanté sur l’air de “Bénis, ô tendre Mère” et daté quant à lui de 1894. Existait-il un cantique antérieur à celui en français ? Pour l’instant nous n’avons rien trouvé en ce sens.

L’origine de la fontaine de N.-D. de Roscudon (en breton Roz Cudon = Tertre du Ramier) remonte vraisemblablement au XIIème siècle, date de la construction de l’Église Collégiale, primitivement Romane, commencée à cette époque.

La terrible épidémie de choléra s’abattit également sur cette région. Pont-Croix et ses environs furent épargnés, grâce à la protection de N.-D. de Roscudon, réclamée par les prières de tout un peuple confiant

Blottie dans un admirable nid de verdure, la fontaine a subi, au cours des siècles, bien des vicissitudes : construite et reconstruite, en des styles souvent différents, elle disparut sous la Révolution, ne laissant place qu’à une immense prairie. Mais la ferveur populaire eu raison de la haine des vandales, car la statue cachée sous la Terreur, par des mains pieuses, fut replacée dans une niche provisoire.

De Pont-Croix bien sûr, mais aussi du Cap-Sizun, de Douarnenez et même de la Bigoudennie, les pèlerins affluèrent, comme aux premiers jours, à la fontaine bénie de Notre-Dame. En 1830, catastrophe nationale, la terrible épidémie de choléra s’abattit également sur cette région. Pont-Croix et ses environs furent épargnés, grâce à la protection de Notre-Dame de Roscudon, réclamée par les prières de tout un peuple confiant. En signe de reconnaissance et sous l’impulsion active d’une humble et pauvre femme, Anne-Josèphe Lirin, la fontaine fut réédifiée, telle qu’elle est encore aujourd’hui, par Guillaume Godec, sculpteur à Pont-Croix. En 1850, en grande solennité, dans son ancien cadre rustique, fut inaugurée, en présence d’une foule innombrable, le nouveau sanctuaire de Marie. A partir de ce jour ce fut une véritable renaissance de dévotion à la Vierge de la Fontaine.

De nombreuses grâces sont obtenues, par son intercession, comme en témoignent de nombreux ex-voto. Des guérisons extraordinaires lui sont attribuées. Son culte, depuis lors, n’a cessé de refleurir et de s’étendre à toute la région, témoin la magnifique procession de tout le Cap assemblé, venu un dimanche de Mai de 1944, remercier Marie de la fin de l’Occupation. Les jours du Grand Pardon du 15 Août et du 8 Septembre attiraient à son sanctuaire tant à la splendide Collégiale qu’à l’humble fontaine une foule immense de pèlerins venue de tous les horizons, chanter et invoquer le nom de Marie. L’émouvante procession aux flambeaux, le soir du 15 Août, à la Fontaine, véritable fleuve de lumière s’écoulant dans le Vallon, à travers les frondaisons, au son des bombardes et des cornemuses, témoignait jusqu’à il n’y a pas si longtemps, de la piété fervente des enfants chéris de la Vierge de Roscudon.

Aujourd’hui, le pardon n’est plus ce qu’il était, attirant toutefois 300 personnes chaque année. Avec cette épidémie, les enfants de Pont-Croix et des alentours reviendront-il en nombre vers Itron Varia Roscudon ?

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Article modifié le 30/04/2020

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD". En 2024, il a également publié avec René Le Honzec la BD "L'histoire du Pèlerinage Militaire International".

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3 Commentaires

  1. Marie-Bernadette GRIFFON-LE PHUEZ

    Organiste de l’église Notre Dame De Roscudon à Pont-Croix, je me permets de réagir à votre article
    sur N.D.de Roscudon.
    Le cantique en breton « Itron Varia Roscudon »a été composé , paroles et musique, par le docteur
    pontécrucien Guillaume SAVINA dans les années 30, (imprimatur 1935), il est donc bien plus récent que
    le cantique français « A Notre Dame De Roscudon », chanté sur l’air de « Bénis, ô tendre Mère », daté en 1894
    ( archives diocésaines).
    Je note aussi une erreur sur la partition, 3eme mesure du couplet, la première note est un ré et non un mi

    cordialement

    • Louis-Marie SALAÜN

      Je vais rectifier l’erreur sur la partition et y inscrire les sources musicologiques que vous donnez dans votre commentaire. Merci à vous !

  2. Marie-Bernadette GRIFFON-LE PHUEZ

    Merci pour les rectifications
    Je complète l’information: il existe bien un cantique plus ancien en breton à N.D. de Roscudon intitulé
    « Goel Maria Hanter-Eost e Pont-Kroaz. »(prosesion noz da Feunteun goz Itron Varia Roscudon).
    Les paroles se trouvent dans la « Notice sur Pont-Croix » du Chanoine Auguste TEPHANY, curé doyen de Pont-Croix (1890 à1907), parue en 1901, rééditée en 1993, malheureusement sans indication sur la musique.
    A la réédition du livre, j’ai interrogé les plus âgés de la paroisse, personne ne se souvenait de ce chant.
    Après quelques essais, l’air de « Da Feiz hon tadou koz » semble le mieux adapté.
    Si vous le souhaitez, je peux vous transmettre le texte.

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