Joyeuses fêtes, ou l’expression de la cigale

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 min

“Joyeuses fêtes / Gouelioù laouen”, s’exclament ceux pour qui Noël est un gros mot à mettre à l’index parce que pas assez inclusif. A force de reniements on finit par s’auto-anéantir. Ici, sous prétexte de ne pas stigmatiser les croyants d’autres religions ou les athées, voire par une certaine pusillanimité face à aux fondamentalistes laïcards, la substance même de Noël est balayée dans son expression populaire. Exit les décorations lumineuses rappelant que nous célébrons avant tout une fête religieuses. Exit les “Joyeux Noël / Nedeleg laouen” lancés à l’encan pour souhaiter le meilleur à chacun.

Mais il est compliqué de ne pas souhaiter “Joyeux Noël / Nedeleg laouen” et “Bonne année / Bloavezh mat”. Alors, dans une synthèse qui ne peut finalement pas tout dire, on lance une bouillie baptisée “Joyeuses fêtes / Gouelioù laouen”. Au-delà de l’aspect fadasse de cette expression voulant tout et rien dire à la fois, il y a une surtout un élément qui semble en jaillir : Joyeuses fêtes, ou l’expression de la cigale, n’est qu’une dimension horizontale d’un souhait de fiesta heureuse à consommer jusqu’à la lie et purgée d’une certaine transcendance, une promesse de réceptions agréables et de moments doux à venir. En souhaitant joyeuses fêtes, n’est-on pas finalement que dans un simple voeu de l’instant pour soi ou pour autrui, un espoir hédoniste sans lendemain ? Car que reste-t-il après le réveillon éphémère de la Saint-Sylvestre du 31  ?

Souhaiter spécifiquement à ceux que nous croisons un Joyeux Noël / Gouelioù laouen ou une bonne année, c’est souhaiter le meilleur pour eux au-delà d’un repas pantagruélique, un cri du coeur qui dépasse le ventre-faim, un chant de l’âme pour ceux que nous aimons, offerts comme autant de grains pour subsister jusqu’à la saison nouvelle, un trésor de la fourmi pour notre société si cigale…

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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