« Joyeuses fêtes / Gouelioù laouen », s’exclament ceux pour qui Noël est un gros mot à mettre à l’index parce que pas assez inclusif. A force de reniements on finit par s’auto-anéantir. Ici, sous prétexte de ne pas stigmatiser les croyants d’autres religions ou les athées, voire par une certaine pusillanimité face à aux fondamentalistes laïcards, la substance même de Noël est balayée dans son expression populaire. Exit les décorations lumineuses rappelant que nous célébrons avant tout une fête religieuses. Exit les « Joyeux Noël / Nedeleg laouen » lancés à l’encan pour souhaiter le meilleur à chacun.
Mais il est compliqué de ne pas souhaiter « Joyeux Noël / Nedeleg laouen » et « Bonne année / Bloavezh mat ». Alors, dans une synthèse qui ne peut finalement pas tout dire, on lance une bouillie baptisée « Joyeuses fêtes / Gouelioù laouen ». Au-delà de l’aspect fadasse de cette expression voulant tout et rien dire à la fois, il y a une surtout un élément qui semble en jaillir : Joyeuses fêtes, ou l’expression de la cigale, n’est qu’une dimension horizontale d’un souhait de fiesta heureuse à consommer jusqu’à la lie et purgée d’une certaine transcendance, une promesse de réceptions agréables et de moments doux à venir. En souhaitant joyeuses fêtes, n’est-on pas finalement que dans un simple voeu de l’instant pour soi ou pour autrui, un espoir hédoniste sans lendemain ? Car que reste-t-il après le réveillon éphémère de la Saint-Sylvestre du 31 ?
Souhaiter spécifiquement à ceux que nous croisons un Joyeux Noël / Gouelioù laouen ou une bonne année, c’est souhaiter le meilleur pour eux au-delà d’un repas pantagruélique, un cri du coeur qui dépasse le ventre-faim, un chant de l’âme pour ceux que nous aimons, offerts comme autant de grains pour subsister jusqu’à la saison nouvelle, un trésor de la fourmi pour notre société si cigale…