Depuis de nombreuses années, les Gedourion ar Mintin proposent une veillée d’adoration eucharistique à l’occasion du grand pardon de Notre Dame de Kernascléden, le 14 août. Cette cérémonie est en breton, français et latin, alliant cantiques traditionnels bretons en polyphonie, chants de renouveau en polyphonie, et chant grégorien. Depuis trois ans, il est proposé aux paroissiens de se joindre à la chorale, permettant d’enraciner dans le secteur et de faire perdurer cette tradition.
Il y a de ces veillées qui vous portent. C’était le cas ce soir-là, qui attirait environ 150 personnes, pour la bénédiction à la fontaine, suivie de la procession et de la veillée, durant laquelle était proposé le Sacrement de réconciliation. Elle était présidée par le Père Gabriel Ekani, recteur du secteur paroissial de Guémené/Scorff, accompagné du Père Jo Galerne (retiré à Lignol) et d’un prêtre en vacances.
« Je ne saurai comment l’expliquer, mais il s’est passé quelque chose ! »
C’est la phrase qui revient régulièrement dans les témoignages des personnes présentes. Pour certains habitués, c’était d’ailleurs l’une des plus belles veillées. Et effectivement, pour moi-même comme pour de nombreuses personnes dont je reçois encore aujourd’hui les témoignages, il y a eu un véritable moment de grâce que certains ont ressenti physiquement. La mise en valeur esthétique du Saint Sacrement par les cierges et projecteurs appelait déjà à la méditation et le déroulé de la soirée, qui incluait l’acte de consécration à Marie de St Maximilien Kolbe (fêté ce jour-là au calendrier romain) a ainsi pu toucher bien des gens.
Chanter, c’est déjà prier deux fois. Associée à la harpe, aux whistles, à l’orgue et cantiques comme « Adoromp holl », la dizaine de « Je vous salue Marie » et l’appel à l’Esprit Saint chantés en polyphonie sous les voûtes légèrement éclairées de l’église antique auront certainement brisé les barrières et interpellé le coeur des participants qui quelques jours après y pensent encore. Ce répertoire divin qui chante aujourd’hui les vers d’hier, les mêmes phrases que nous chantons en breton avec foi comme le firent nos aïeux, telle une communion des saints dans laquelle se retrouvent ensemble les générations, dans un son sacré se jouant des frontières du temps pour glorifier Dieu et honorer la Vierge Marie dans la langue du coeur. Evoquant la foi, l’espérance et la charité, retraçant la vie quotidienne, les aspirations des hommes et des femmes et la confiance sans limite en leur Créateur, leurs heures de dur labeur, les soirs de désespoir et les jours instants d’amour, ces prières deviennent un breuvage vital qui s’écoule en nous. Empreinte de nos racines, cette musique céleste s’envole inlassablement vers l’au-delà, tournant son regard vers la mer et le Ciel, avec une teinte de mélancolie qui vous prend au plus profond du coeur et vous porte par-delà les frontières de sable et de sel. Et puis, ouverts à l’action de l’Esprit Saint, ce dernier vient alors visiter l’esprit de chacun et emplir les coeurs de la grâce d’En-Haut…
Mikael nous livre, enthousiaste : « C’est le top du top ! Tu sors de là, tu es sûr un nuage. Les chants étaient de toute beauté, que ce soit les chants grégoriens ou les cantiques bretons ! Il faut renouveler l’expérience. Et puis je vais vous faire une confidence : depuis quelques années, Kernascléden est devenu pour moi l’un des principaux lieux d’inspiration pour le renouveau des pardons de Notre-Dame des Fleurs (Plouay) et de Saint Alban (Inguiniel). »
– J’ai rarement entendu plus beau, rajoute Monique. Pour Martine et plusieurs autres personnes, « c’était tout simplement magnifique ! » répètent-elles.
– C’est un concentré de beauté liturgique, reprend Mikael. Tu es transporté et tu n’as pas envie que ça s’arrête. Et j’ai été agréablement surpris par le nouveau cantique à ND de Kernascléden.
En effet, nous en parlions il y a quelques jours, un cantique dédié à la patronne de la paroisse a été retrouvé, portant au nombre de trois les chants « du cru ». La partition de « Patromez karet Garnasenn » étant introuvable, Goulven Airault, chef de choeur de la Manécanterie de St Brieuc, a réécrit une mélodie digne de nos beaux cantiques anciens que vous retrouverez bientôt sur le site www.kan-iliz.com. Ce cantique a été chanté en fin de veillée et le lendemain lors de la grand’messe.
Encore un an à tenir avant la prochaine veillée de Kernas’ …