Saints bretons à découvrir

La grande Troménie de Locronan

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Tro Minihi signifie le tour de la propriété monastique. La Grande Troménie est un des plus importants « pardons » de Bretagne. Elle se déroule tous les six ans, sur un parcours de 12 km. La prochaine aura lieu le dimanche 14 juillet 2013. La Petite Troménie est un parcours de 6 km effectué tous les ans entre chaque Grande Troménie (le 2ème dimanche de juillet).

grande-tromenie-2007Aux origines celtiques de la Troménie :

Autrefois, plusieurs pierres sacrées jalonnaient le chemin de la Troménie et constituaient des lieux rituels ancestraux. Trois pierres étaient tout particulièrement touchées par ces rites. Deux d’entre elles, qui se trouvaient en bas sur le sommet de la montagne, ont disparu. Seule la plus célèbre a survécu, la Gareg Vaen : la jument de pierre ou aussi la chaise de saint Ronan. Objet de rituels liés à la fécondité, elle a survécu à la christanisation du lieu. Selon plusieurs chercheurs, elle daterait de l’époque du néolithique.

Locronan a été bâti au coeur de la forêt du Névet, nom ayant pour origine le mot « Nemeton », qui signifie « temple sous la voûte du ciel ». Donatien Laurent, chercheur au CNRS, qui s’est beaucoup intéressé à la manière dont la tradition orale arrivait à garder la mémoire de faits passés, a démontré dans ses travaux que la Troménie, par son parcours, ses stations, sa topographie, aurait gardé la trace d’un ancien rituel celtique représentant la durée d’une année.

Le circuit de la procession reprend les deux parties complémentaires et opposées qui forment les deux saisons de l’année celtique :
• La partie basse, dans les chemins de la plaine du Porzay, correspond à la saison froide dédiée à une divinité féminine : anciennement la déesse mère et aujourd’hui Notre Dame et sainte Anne.
• La partie haute, à travers la montagne correspond à la saison chaude, dédiée pour sa part à une divinité masculine, anciennement le dieu Lug, dieu du soleil et aujourd’hui à saint Ronan.


Programme de la Grande Troménie 2013 :

Les samedis 13 et 20 juillet à 20h :
« Le jeu de Saint Ronan » Représentation théâtrale de l’histoire de Locronan et de la Troménie proposé par les « Fabriciens de la Troménie », sur une création de Bernard de Parades (voir la vidéo ci-dessous).



Les dimanches 14 et 21 juillet :
  • Matin : Baiser des bannières et messe de 10h à 12h
  • Après-midi : Procession de la Grande Troménie à partir de 14h

Parcours de la Grande Troménie :

Le parcours de la Grande Troménie est jalonnée de 12 stations marquées de 21 croix de granit et de 42 petites huttes où viennent s’abriter dans chacune d’elles une de nos vieilles statues de saint, sculptées dans le bois ou dans la pierre. Elles ont quitté leur chapelle pour venir saluer le passage des pélerins et des reliques de saint Ronan.

Le parcours s’étale sur un peu plus de 12 kilomètres à travers la plaine du Porzay et la montagne de Prieuré. Son circuit est sacré et il n’est ouvert que tous les 6 ans. Les jours précédents, les blés sont coupés, le maïs est fauché, les chemins sont nettoyés… Tout est fait pour permettre à la foule de pélerins d’arpenter le chemin sacré.

Le parcours est ouvert toute la semaine. Pendant cette période, de jour comme de nuit, des femmes et des hommes de tout âge seront sur le chemin sacré. La Troménie est une procession faite de silence où chacun y vient avec ce qu’il a en lui. Pour la comprendre, il faut savoir écouter le bruit des pas.

Les deux Troménies des dimanches 14 et 21 juillet sont les deux moments forts de cette semaine. Les pélerins revêtent leurs riches costumes traditionnels, ils portent les bannières brodées, les croix d’or et d’argent, la cloche et les reliques de saint Ronan. Tout cet ensemble brillant et coloré se met en route pour réaliser le grand périple de la Troménie. Face aux difficultés du parcours, à la difficulté de la montée à Plas-ar-Horn, le costume breton, les bannières prennent toute leur ampleur dans le cadre immuable de la place et de son église…

Première publication de l’article le 1/07/2013

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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