La grande verrière de l’église Notre Dame de l’Assomption à Quimperlé

Amzer-lenn / Temps de lecture : 18 min

La livraison des fromages de chèvre de la Ferme du Pont d’Angle me conduit, le vendredi matin, à la belle saison, jusqu’à Quimperlé, au Carrefour-City de la route de Molac.

Et le vendredi matin, c’est jour de marché sur la grande place Saint Michel, ville haute, où s’élève l’église Notre-Dame de l’Assomption dont le chœur, couronné d’une solide tour carrée, façon toute britannique, comme à la cathédrale de Canterbury, due à la munificence du Duc Jean V (1389-1442), petit-fils de Jean de Montfort, (1294-1345, né et décédé à Hennebont), fondateur de la dynastie ducale des Montfort,  dont les restes reposent, ville basse, sous une récente pierre tombale, dans l’absidiole sud de l’abbatiale Sainte Croix, toute ronde à l’instar de la basilique du Saint-Sépulcre à Jérusalem.

  

Le portail nord de l’église Notre Dame, place Saint Michel, n’a-t-il pas, d’ailleurs, des allures orientales avec son ogive polylobée dans la pure tradition mudéjar ou mozarabe si courante au sud de la péninsule ibérique ?

Mais on est bien au confluent de l’Isole et de l’Ellé qui donne la Laïta, à Quimperlé, au cœur de la basse Bretagne !

Le chevet plat ouvre, plein est, par une grande baie qu’exalte complaisamment le soleil matutinal, faisant éclater la transparence des couleurs de la scène illustrée par le vitrail qui l’orne.

Il n’y a pas qu’aux carrefours des chemins creux et sur les calvaires de granit qu’est glorifiée la croix et exposée la scène de la crucifixion du Christ que nous racontent les évangélistes ; Matthieu, chapitre 27, versets 32 à 56 ; Marc 15, 21-41 ; Luc 23, 26-49  et Jean, 19, 17-37  : les vitraux historiés également, même au XIX° siècle finissant…

En voici un bel exemple :

La maîtresse-vitre ainsi que les baies n°1, à gauche : saint Louis de Gonzague et saint Charles Borromée, et n° 2, à droite : le Sacré Cœur de Jésus avec sainte Marguerite-Marie Alacoque, ont été exécutées en 1870 au Mans dans l’atelier de peinture sur verre du Carmel, d’après les cartons du maître-verrier Eugène Hucher (1814-1889), conservateur du musée municipal.

Elles ont été offertes par la famille Tuault de la Bouvrie dont les armoiries figurent dans un médaillon en grisé au pied de la baie de gauche aux côtés d’un autre, représentant, toujours en grisé, les insignes épiscopales, mitre et crosse, laissant penser que Mgr René-Nicolas Sergent (1802-1871), évêque de Quimper et Léon depuis 1855, a également participé au financement.

En bas du vitrail de droite figurent les armoiries d’une autre famille contributrice, celle des Mauduit avec, sur le médaillon de droite, la représentation symbolique des trois vertus théologales : l’ancre pour l’Espérance, le calice et l’hostie pour la Foi et, pour la Charité, un curieux pavillon crucifère flottant au vent, d’un symbolisme plutôt abscons.

Un Charles de Tuault de la Bouverie, petit fils de Joseph-Goulven (1744-1822), Sénéchal puis député de Ploermel, épousera en 1865 Evelyne de Mauduit de Kervern, une fille de Joseph de Mauduit (1797-1877), le fondateur des fameuses papeteries qui font toujours le renom de la ville.

Nous sommes en 1870 à la fin du second empire qui a vu la résurrection du culte marial (dogme de l’immaculée conception prononcé « ex cathedra » par le pape Pie IX en 1854, apparitions de la Sainte Vierge à Lourdes en 1858) et le développement de celui au Sacré-Cœur de Jésus (béatification de Marguerite-Marie Alacoque, la voyante de Paray-le-Monial, en 1865), mais personne ne se doute alors qu’il allait s’effondrer le 2 septembre à Sedan devant les troupes prussiennes.

En 2011, le chantier de rénovation de l’église Notre-Dame de l’Assomption, classée monument historique, s’est achevé par la restauration de la maçonnerie et des verrières. L’ensemble des fers oxydés et les vitraux de la partie basse ont été déposés et restaurés par les entreprises Gouevec Pitrey (maçonnerie) et Robert (vitraux). Une protection grillagée en laiton a été installée afin d’empêcher les dégradations. Les travaux ont été financés par moitié par la Région Bretagne, d’une part et, à part égales, par le département du Finistère et la municipalité de Quimperlé, de l’autre.

Le grand vitrail du chœur présente, sur 6 lancettes, le tableau de la crucifixion de Jésus.

On y voit, au-dessus de la représentation des ustensiles et outils de la passion – à savoir, de gauche à droite : 1°) la lance et la couronne d’épine ; 2°) le fouet et la colonne ; 3°) les dés au nombre de 3 ; 4°) l’échelle, le marteau et les tenailles ; 5°) le bois de la croix en forme de « tau » grec surmontant un calice et, 6°) les 3 clous -, la mort du Christ en croix entre les deux larrons, sur le Golgotha telle que nous la raconte les évangiles.

Les 6 lancettes ne permettant pas la représentation centrale du Christ en croix, celle-ci figure sur la lancette n° 4, vers la droite de la verrière. Chacun des deux larrons l’entourent avec la distance respectueuse d’une lancette. Ainsi Dismas, le bon larron, canonisé par le Christ en personne (Lc 23, 43), est sur la lancette n° 2 tandis que le mauvais larron, Gismas, est rejeté tout à droite, dans la lancette n° 6, sous de lourds nuages noirs. Aucun d’eux ne porte les stigmates du bris de leurs jambes comme le représentent, fidèles au récit de Saint Jean (19, 32-37), les artistes espagnols.

Ainsi toute l’importance est donnée aux lancettes 3, 4 et 5 : le Christ en croix sous le « titulus », la pancarte écrite par Ponce Pilate lui-même, proclamant en grec, en latin et en hébreu, la qualité de « roi des juifs » du crucifié, ceci malgré les protestations outrées des grands prêtres. « Ce qui est écrit est écrit », leur sera répondu (Jean 19, 22). Sur la gauche le soldat Longin qui, de sa lance, s’apprête à ouvrir le côté du Christ (Jn 19, 31-37), tandis qu’à droite on aperçoit en arrière-plan, avec les insignes de son grade, frappées du sigle « SPQR », (Senatus Populus Que Romanus : le sénat et le peuple – des citoyens, uniquement – romains), le centurion qui, le premier, reconnut la divinité du supplicié (Mt 27, 54 ; Mc 15, 39). Des angelots, selon une représentation traditionnelle que l’on voit sur la plupart de nos calvaires de granit, recueillent dans des calices, le sang qui sourd des poignets transpercés. A leurs têtes, la lune et le soleil, devenus inutiles, occultés par le désastre apocalyptique comme les décrivent Jésus lui-même dans son discours eschatologique que rapportent chacun des évangiles synoptiques (Mt 24, 29 ; Mc 13, 24 ; Lc 21, 25).

Au premier plan les saintes femmes entourent la sainte Vierge en manteau bleu, à gauche de la croix ; à droite, saint Jean, le seul des apôtres présent à la scène qu’il raconte dans son évangile au chapitre 19. Les voyant tous les deux, avant d’expirer, le crucifié s’adresse d’abord à Marie, sa mère : « femme, voici ton fils ». « Puis il dit au disciple : « voici ta mère » (Jn 18, 26 & 27).

Au milieu, entourant le pied de la croix de ses bras éplorés, Marie Madeleine en cheveux, drapée dans son manteau rouge.

Tout à gauche, les soldats tirent aux dés la tunique sans couture du Christ (Mt 27, 35 ; Mc 15, 24 ; Lc 23, 24 et Jn 19, 23-24). Et à droite, le crâne et un tibia attribués traditionnellement à Adam, le premier homme, à l’origine du péché originel que le Christ est venu racheter par sa passion et sa mort qu’il a vaincue : les touffes de verdure qui parsèment le sol de ci, de là, sont autant d’annonces du renouveau du printemps éternel.

« Par sa mort, il a vaincu la mort. À ceux qui sont dans les tombeaux, il a donné la vie » chante le tropaire orthodoxe au cours de la liturgie pascale.

Lorsque j’entends les paroles de la consécration, c’est le vitrail de Quimperlé qui m’apparaît !

 

Au-dessus de la crucifixion figurent, sur deux rangs d’inégale hauteur, les figures de 12 personnages difficiles à identifier

On reconnait pourtant, grâce à sa cithare, le roi David au 1° rang, en commençant par la gauche, puis, les bustes des 4 « grands » prophètes que sont Jérémie, la tête couverte, puis Ezéchiel, Isaïe, et le jeune Daniel, têtes nues. Leur nom est inscrit sur le phylactère qu’ils portent. Tout à droite, le grand prêtre avec le pectoral de sa fonction : le hoshen (lévitique 8, 8), magnant l’encensoir, pourrait être Melchisédech.

Au-dessus d’eux, figurent 6 des 12 « petits » prophètes, petits, non pas en importance, mais pour la longueur de leurs écrits. Ce sont, de gauche à droite, selon ce qui peut être lu sur les phylactères d’identification difficilement déchiffrables, même avec le secours de jumelles : Nahum, Jonas, Joël, Aggée, Zacharie et Malachie.

 

Pourquoi eux et pas les 6 autres : Osée, Amos, Abdias, Michée, Habaquq et Sophonie ?

Dans les livres plus ou moins brefs, selon qu’ils sont « petits » ou « grands », qu’ils ont écrits et qui font partie intégrante de la bibliothèque que constitue la Bible – on les trouve à la fin de l’Ancien Testament -, ils ont annoncé la venue du Messie qui doit libérer le peuple du joug de l’esclavage et mettre fin à l’exil aux pays des idoles.

Jésus, « fils de David » comme l’interpellent l’aveugle de Jéricho (Lc 18, 35-40 ; Mc 10, 46-48 ; Mt 20, 30), la cananéenne dont la fille est tourmentée par un démon (Mt 15, 22) et même la foule, lors de son entrée à Jérusalem puis au Temple d’où il a chassé les marchands (Mt 21, 9 & 15), est « prêtre dans l’ordre de Melchisédech » comme l’affirme saint Paul aux hébreux (5, 6-10 ; 6, 20 ; 7, 1-19).

« Rois, prêtres et prophètes », ne le sommes-nous pas par le baptême ?

 

Entre David, l’ancêtre de Jésus (Mt 1, 6 et Lc 3, 31) et Melchisédech, grand prêtre et roi de Salem apportant à Abram le pain et le vin (Gn 14, 18-20) que nous disent de Jésus les 4 « grands » prophètes ?

Jérémie obéit à Dieu et n’hésite pas, malgré un climat peu favorable, à procéder à un investissement foncier : il achète un champ à proximité de Jérusalem que Nabuchodonosor, le roi de Babylone s’apprête à investir pour détruire le Temple et déporter sa population ; nous sommes vers l’an 587 avant Jésus-Christ. Ce n’est pourtant pas le moment le plus favorable, mais, le châtiment largement mérité une fois exécuté, viendra une « alliance éternelle » (Jérémie 32, 37-44).

Il s’agit bien de la « nouvelle alliance » qu’annonce la bonne nouvelle de l’Evangile, celle de la coupe du sang de Jésus « versé pour vous » selon les propres paroles de Jésus à la Cène (Lc 22, 20 ; 1 Co 11, 25).

L’Espérance manifestée par Jérémie, le « prophète de la nuit », au milieu du malheur ambiant était telle que les gens de la région de Césarée affirmaient voir en Jésus de Nazareth « un nouveau Jérémie » ! (Mt 16, 14)

Ezéchiel, le prophète de la Gloire de Dieu, fera partie des juifs déportés à Babylone à l’issue de la destruction de Jérusalem en 587 avant Jésus-Christ. Néanmoins, la vision des os desséchés qui reprennent vie à l’appel du prophète est l’annonce du retour d’exil comme les deux plaquettes de bois réunies dans sa main sont l’image de la réunification des royaumes du nord (Israël, capitale Samarie) et du sud (Juda, capitale Jérusalem). Le chapitre 37 du livre d’Ezéchiel nous parle avec précision de la résurrection des corps, prédiction de celle du Christ mort en croix, selon la bonne nouvelle des évangiles, fondement de notre foi chrétienne.

Isaïe, l’auteur du « livre de la consolation d’Israël » (chapitres 40 à 55) dont la population, déportée en Babylonie à la suite de la prise de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor, s’interroge sur la puissance de leur Dieu face à celle de ceux de leurs vainqueurs, a composé 4 poèmes mettant en exergue le « serviteur du Seigneur » (42, 1-4 ; 49, 1-6 ; 50, 4-9 ; 52, 13 – 53, 12), figure christique et messianique. C’est ce livre que lit l’Eunuque sans bien comprendre et que lui décrypte Philippe en lui annonçant la « Bonne Nouvelle de Jésus » avant de lui administrer le baptême qu’il réclame (Acte des Apôtres 8, 26 à 40)

Daniel, jeune juif en exil, était par sa sagesse, devenu conseiller du roi Nabuchodonosor à Babylone. Trois de ses amis qu’il avait fait nommer préfets ayant refusé d’adorer une idole furent jetés sur ordre du roi, pieds et poings liés, dans une fournaise. « Le roi Nabuchodonosor les entendit chanter; il fut stupéfait et se leva précipitamment. Il prit la parole et dit à ses conseillers:  » N’avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes ligotés ?  » Ils répondirent et dirent au roi:  » Bien sûr, ô roi!  » Le roi répondit et dit:  » Voici que je vois quatre hommes déliés qui marchent au milieu du feu sans qu’il y ait sur eux aucune blessure, et l’aspect du quatrième ressemble à celui d’un fils des dieux  » Alors Nabuchodonosor s’approcha de l’ouverture de la fournaise de feu ardent. Il prit la parole et dit:  » Shadrak, Méshak et Abed-Négo, serviteurs du Dieu très-haut, sortez et venez!  » Alors Shadrak, Méshak et Abed-Négo sortirent du milieu du feu. Les satrapes, les intendants, les gouverneurs et les conseillers du roi se rassemblèrent. Ils virent ces hommes : le feu n’avait eu aucun pouvoir sur leur corps: la chevelure de leur tête n’avait pas été roussie; leurs manteaux étaient intacts et l’odeur de feu n’avait pas passé sur eux. Nabuchodonosor prit la parole et dit:  » Béni soit le Dieu de Shadrak, Méshak et Abed-Négo, qui a envoyé son Ange et sauvé ses serviteurs, parce qu’ils s’étaient confiés en lui et que, transgressant la parole du roi, ils avaient livré leur corps pour ne servir ni adorer aucun dieu, si ce n’est leur Dieu ». (Livre de Daniel 3, 24 à 28)

Vision de l’Emmanuel, Dieu avec nous, incarnation du Verbe de dieu (Mt 1, 23)

… Et les 6 « petits » prophètes retenus par le concepteur du vitrail, que nous disent-ils de Jésus, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection ?

Nahum, « le consolé », prophète du Dieu juste, annonce la chute prochaine de l’empire assyrien et la destruction de Ninive, sa capitale, qui sera, en effet, détruite par les babyloniens en 612 avant Jésus-Christ. Ses paroles sont, pour le peuple d’Israël assujettis aux assyriens à la fois réconfort et mise en garde : point n’est besoin de lever une armée contre l’envahisseur, la confiance en Dieu suffira à sa perte, inexorable comme l’est la chute des figues mures

Jonas, c’est celui qui s’enfuit par la mer, vers Tarsis, loin du Seigneur qui lui avait demandé d’aller menacer Ninive.  Jeté par-dessus bord par les marins pour apaiser la tempête dont il est jugé responsable, le voilà avalé par un poisson qui le conservera 3 jours et 3 nuits dans son estomac avant de le vomir, converti, sur une plage. Alors il accepte d’aller prêcher à Ninive et annoncer à ses habitants la destruction de leur ville. Les habitants de Ninive se convertirent, firent pénitence et, au grand dam de Jonas, échappèrent ainsi à la colère de Dieu qui leur fit grâce.

Le « signe de Jonas », le séjour de 3 jours et 3 nuits au sein de la terre, est le seul que Jésus consent à donner aux scribes et pharisiens qui lui en demandent un, leur rappelant, au passage, que les habitants de Ninive ont acceptés de se convertir, eux ! (Mt 12, 38-41 et 16, 4 ; Lc 11, 29-35)

Joël, est le prophète eschatologique, celui des fins dernières de l’humanité, du jugement dernier qui concerne tous les peuples, juifs et païens ; ce jour-là, « Dieu répandra son Esprit sur tout le genre humain » (3, 1) préfigurant ainsi ce que sera la pentecôte (Acte 2, 16-21). Mais pour que le Paraclet, l’avocat promis, puisse venir, il faut, préalablement, que Jésus s’en aille. (Jn 16, 5-7)

Aggée, lui, plaide en faveur de la reconstruction du temple détruit en 587, un nouveau temple qui surpassera en gloire celui qui a été détruit : il exhorte ses contemporains à sortir de leur résignation et à se mettre au travail en vue de la nouvelle situation que Dieu prépare, notamment par l’annonce de la venue d’un Messie, l’ « anneau à cachet » qui sert à apposer le sceau de Dieu.

Zacharie, contemporain d’Aggée est encore, comme Jérémie, un prophète de l’espérance : pour bâtir la nouvelle Jérusalem et le nouveau temple, Dieu sait se choisir les hommes idoines : tantôt un roi humble, mais victorieux, tantôt un simple berger que les loups tueront. C’est tout le portrait de Jésus et l’annonce de son sort : sa mort telle que le raconteront les évangélistes (Mt 21, 4-5 et 26, 31 ; Mc, 14, 27 ; Jn, 19, 37)

et Malachie. Son livre est le dernier de l’Ancien Testament. Le temple a bien été reconstruit à la suite des exhortations d’Aggée et de Zacharie (entre 520 et 515 av. J.-C.) mais l’espoir d’un renouveau national est déçu et la réforme d’Esdras (environ 440 av. J.-C.) n’a pas encore eu lieu : le climat moral et la situation religieuse se sont dégradées, il faut se ressaisir. Dieu nous aime et le jour de son jugement approche : Malachie nous invite à rencontrer Dieu. Dans cette optique, il annonce l’envoi d’un messager, un prophète comme Elie. Serait-ce le personnage du précurseur, Jean le Baptiste, chargé de préparer la venue de Jésus ? Les évangélistes Matthieu (17, 11-13) et Luc (1, 17) nous l’affirment.

De chaque côté de la grande verrière du choeur, correspondant aux bas-côtés, deux baies présentent des personnages. Qui sont-ils ?

A gauche : Saint Charles Borromée (1538-1584) en habit sacerdotaux, avec le pallium de l’archevêque de Milan qu’il est, donne la communion au jeune Saint Louis de Gonzague (1568-1591) en costume de cour, devant ses parents, au palais de Castiglione près de Mantoue.

La réputation de sainteté de cet enfant se répandait non seulement dans les domaines de son père, mais assez loin alentour. On raconte maintes anecdotes sur le petit saint des Gonzague à tel point qu’un des plus célèbres évêques du temps, l’archevêque de Milan, Charles Borromée, fait Cardinal à vingt-trois ans par son oncle, le Pape Pie IV, et qui, durant sa longue vie, avait été un des guides de la chrétienté, principal artisan du concile de Trente (1545-1563), voulut le voir. Les deux futurs saints, le vieillard et le petit garçon, s’entretinrent longuement et l’on ne sait pas trop ce qu’ils se dirent : l’archevêque raconta seulement que Louis lui avait demandé, comme une faveur très rare, de faire sa Première Communion sans attendre l’âge, et qu’il le lui avait accordé. Et comme le Marquis, père de Louis, avouait sa mauvaise humeur de voir son fils aîné s’intéresser si peu aux choses de son rang et se comporter en tout comme un moinillon, le cardinal lui répondit : « Plus que par les armes cet enfant rendra illustre le nom des Gonzague. Dieu se l’est réservé pour la troupe des saints ! ».

Les panneaux du bas nous montrent l’évêque de Milan secourant les pestiférés de sa ville et soignant les malades.

Au bas-côté droit, Marguerite-Marie Alacoque (1647- 1690), visitandine de Paray-le- Monial, dans la Saône et Loire, bénéficie, peu après son entrée au monastère, de plusieurs apparitions de Jésus qui lui montre son cœur. « Voici ce Cœur qui a tant aimé les hommes, […] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart qu’ingratitude ».

Une autre fois, il lui dit « Mon divin Cœur est […] passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier ». Dès lors, Marguerite-Marie s’efforce d’établir une dévotion particulière envers le Sacré-Cœur par le Christ qui lui confie la mission de  demander au roi de France, Louis XIV, la « consécration de la France à son Sacré-Cœur et sa représentation sur les étendards du royaume« . Cela ne se fera pas, du moins pas avant la guerre de 1870 et les combats menés par les volontaires de l’Ouest commandés par le Général baron Athanase de Charrette de la Contrie (1832-1911).

Marguerite-Marie Alacoque a été béatifiée en 1864 par le Pape Pie IX et canonisée en 1920 par Benoit XV

La crucifixion et l’adoration du saint sacrement, présence de Dieu parmi nous dans l’hostie que l’on voit dans la cupule de l’ostensoir, figurent dans les deux panneaux du bas, comme un rappel du Sacré-Cœur de Jésus tel qu’il est apparu à Marguerite Marie

L’église Notre-Dame de l’Assomption, Place Saint Michel à Quimperlé, ville haute est ouverte tous les jours à partir de 9 heures du matin et la messe célébrée chaque dimanche à 11 heures.

N’y manquez pas !

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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2 Commentaires

  1. Merci pour cet article passionnant ! Mais c’est l’Isole (et non l’Elorn) qui arrive à Quimperlé et forme la Laïta avec l’Ellé.

  2. dominique de lafforest

    merci de nous diffuser ces « leçons d’Histoire » autrement plus passionnantes que celles que nous avions à subir en…1950, lorsque l’Education Nationale nous infligeait les constitutions successives des républiques ou « la production houillère du Bassin de la Ruhr »!(ça ne s’invente pas)

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