Saints bretons à découvrir

« La Vallée des Géants » de Pierre Barnerias, sur France 3 (interview)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

L’histoire monumentale du plus pauvre des villages celtiques devenu en moins de 10 ans une nouvelle Île de Pâques visitée par le monde entier. Un projet titanesque, unique au monde, qui questionne les visiteurs et interpelle les dirigeants d’un monde en pleine ébullition. A voir sur France 3 Bretagne le 28 octobre 2019 à 23.00
saint reconnu par rome
Photo V. Charbey / Ar Gedour 2017

Nous ne présentons plus la Vallée des Saints, que chacun de nos lecteurs connait désormais. Cette initiative en plein coeur de la Bretagne soulève bien des questions. Peu y croyaient au départ. Demandez à Philippe Abjean et il vous racontera les obstacles qu’il a dû vaincre face à l’incrédulité de certains qui aujourd’hui vous disent l’inverse. Quand Leiff Eriksonn ou Don Cristobal Colon ont pris le large, peu faisaient cas d’un rêve inatteignable. Quand Kennedy a annoncé qu’on irait sur la Lune, peu y croyaient. Mais les rêveurs ont parfois cette capacité de déplacer les montagnes et de rendre possible l’impossible.

Aujourd’hui, des milliers de personnes viennent chaque année visiter la Tossen Sant Weltaz désormais habitée par les cohortes des géants de pierre, ces effigies de granit qui fixent les saints qui ont fait la Bretagne dans un lieu aux allures de paradis, levant les yeux vers le ciel comme pour nous montrer la direction d’un regard trop autocentré.  Ces totems de granit dans la brume et au vent, racontent à nos enfants dans la langue de notre terre ces mots sacrés qui peuvent réveiller un peuple et les mener à l’Essentiel. La fête de la Toussaint approche et chacun de ceux qui forment notre riche hagiographie  bretonne sont prêts à nous y accompagner pour peu qu’on veuille les écouter et les suivre.

Un reportage sur France 3

Ce lundi 28 octobre à 23h, France 3 diffusera un reportage exceptionnel de 52 minutes réalisé par Pierre Barnerias. Pierre Barnerias, c’est le réalisateur de « M et le 3ème secret », ce fameux film dans lequel le journaliste invite à mieux connaître le visage de la Vierge Marie et rappelant qu’ il est urgent d’écouter son message de prière et de conversion.

Journaliste de formation, Pierre Barnérias a tout de suite travaillé dans les plus grands médias : d’abord chroniqueur chez Ouest France, c’est en 1996, sur les ondes de RTL2, qu’il va s’imposer comme parangon d’une information positive avec « la bonne nouvelle du jour ».

Toute sa carrière sera ensuite marquée par cette idée que le journalisme n’a pas vocation a être oiseau de mauvaise augure, mais bien média, c’est-à-dire lien entre les hommes et qu’à ce titre, il a son rôle à jouer dans la construction d’un monde plus juste et plus humain.

Le 28 octobre, il consacre donc un reportage à la Vallée des Saints. Le 30 octobre, c’est aussi la sortie nationale de « Tanathos, l’ultime passage », un film consacré aux personnes qui ont fait une expérience de mort imminente à la suite d’un accident grave ou d’un arrêt cardiaque. Certains y verront un hasard du calendrier, mais puisque la Toussaint (1er novembre) et la fête des morts (2 novembre) seront fêtées dans quelques jours, nous pouvons voir un lien entre les deux reportages. Nous avons souhaité nous entretenir avec Pierre Barnerias pour en savoir plus :

L’interview / An Atersadenn

AR GEDOUR : Pourquoi vous êtes-vous intéressé à la Vallée des Saints ? 

Pierre Barnerias : Dès 2011, après M et le 3ème secret, je me suis intéressé à la Vallée des Saints car ce projet est totalement décalé et incroyable. Imaginez : alors qu’on est à l’époque du jetable et de l’éphémère, on parle d’éternité !

AR GEDOUR : Quelle a été votre première impression en découvrant la Vallée des Saints ?  

Pierre Barnerias : D’abord, la surprise et le questionnement. Puis est venue la fascination. D’autant plus que toutes ces oeuvres sont sculptées en moins d’un mois, avec des sculpteurs qui ont un véritable talent et des parcours différents. Ils réussissent à faire ressortir la personnalité d’un saint et ce qu’il représente. Il y a là un lien entre le ciel et la terre, une sorte de magie qui fascine et interroge. Comment, au 21ème siècle, où on construit tout sur le jetable, en est-on venu à créer ce premier site mondial monumental destiné à durer. C’est déroutant !

AR GEDOUR : Qu’avez-vous voulu transmettre au travers de votre reportage ?

Pierre Barnerias : C’est justement tout ce que je vous ai dit. C’est une sorte d’hymne, un hommage contre le fatalisme. Tailler de telles sculptures et en faire ressortir une représentation d’un saint est monumental, sous tous les sens du terme. La Vallée des Saints est un défi au fatalisme adressé à notre monde contemporain ! Mon film est donc une invitation à regarder autre chose que notre portable, à regarder plus haut, comme le regard de ces saints bretons taillés pour l’éternité.

AR GEDOUR : Que vous disent les saints de Bretagne que vous avez filmé ?

Pierre Barnerias : Ils nous disent, les yeux tournés vers le Ciel, qu’ils sont prêts à partir.

AR GEDOUR : Selon vous, que peut apporter un tel projet aux gens qui le visitent ? 

Pierre Barnerias : Un regard de questionnement et d’émerveillement.

AR GEDOUR : Le 30 octobre aura lieu la sortie nationale de « Tanathos, l’ultime passage », un film consacré aux personnes qui ont fait une expérience de mort imminente à la suite d’un accident grave ou d’un arrêt cardiaque. Certains y verront un hasard du calendrier, mais puisque la Toussaint (1er novembre) et la fête des morts (2 novembre) seront fêtées dans quelques jours, pouvons-nous voir un lien entre vos deux reportages ? Pouvez-vous nous parler un peu plus de Tanathos ?

Pierre Barnerias : il y a effectivement un lien. D’ailleurs, la Vallée des Saints est présente dans Tanathos, avec une très belle image.

AR GEDOUR : mais il existe plein de reportages sur les expériences de mort imminente. En quoi Tanathos se démarque-t-il ?

Pierre Barnerias : Oui, il y a beaucoup de choses sur ce sujet. Mais Tanathos a tout pour émouvoir, d’autant que ce film nous montre qu’on est au contact d’une mort qui ne tue pas. Que l’on soit riche ou pauvre, intelligent ou bête, vieux ou jeune… la question de la mort questionne tout le monde. Si les gens avaient plus conscience de ce qui les attend, peut-être que le monde ne serait pas dans l’état actuel. Les personnes que j’ai interrogé ont vraiment changé après leur EMI. Mais pourquoi attendre un arrêt cardiaque pour devenir meilleur ? Le message du film est : dépêchez-vous de changer et n’attendez pas que la mort survienne.

AR GEDOUR : Mais ce film, Tanathos, s’adresse-t-il aux croyants ou pas seulement ?

Pierre Barnerias : Au contraire, il s’adresse justement aux non-croyants. Plusieurs témoins interviennent dans le film, et il y a des non-croyants, des athées !

AR GEDOUR : qu’est-ce qui vous touche le plus dans le film ?

Pierre Barnerias : ce qui me touche vraiment, c’est de me demander comment est-ce possible qu’on en soit là, en 2019, à essayer de donner la preuve de l’existence de l’âme. On a peur de parler des belles choses ! Pourquoi ? Il faut parler des belles choses. Ca fait 35 ans que j’y travaille ! Ce film y participe !

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Propos recueillis par Eflamm Caouissin

J’apprécie cet article, j’aide Ar Gedour

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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2 Commentaires

  1. Beau reportage en perspective!!! Un bémol cependant: on commence à parler de « la vallée des géants », appellation qui risque bien de gommer progressivement le mot « Saints ». On ne dira plus: je vais à la vallée des saints mais à la Vallée des géants. Et quoi de plus logique puisque viendra sur ce lieu un Moaï, qui n’a rien à voir avec nos saints Bretons et la Foi Chrétienne. Et après ce Moaï, d’autres géants? Les points communs sont simplement le caractère géant et anthropolithe de ces statues. S’il est vrai qu’il peut être bon d’établir des ponts entre les cultures, les personnes lucides voient le risque de glisser vers une laicisation de ce projet pourtant créé à son origine par un élan de foi….

  2. ce glissement sémantique de « saint » à « géant » est d’autant plus étonnant (ou significatif….) que tant l’intervieweur que l’interviewé évoquent non pas la vallée des géants, mais bien la vallée des saints et le mot « saint » apparait à presque toutes les réponses alors qu’à aucun moment il n’est question de « géants » !!
    attention de bien appeler un chat un chat et Quiniquilic la « Vallée des Saints » !!

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