C’était une chapelle, dans la campagne du Léon, au Drennec. Abandonnée. Comme bien d’autres en cette moitié du XXe siècle. La toiture fléchissait et les ronces encerclaient l’édifice dont Tanguy Malmanche, en voisin, avait jadis décrit le charme et la douceur qu’il y trouvait…
Un article publié dans un quotidien, illustré d’une photo-couleur en première page et d’un croquis, suscita une réponse bienvenue : quelques habitants du voisinage avaient signé la lettre.
Un jour de Juillet 1969, par une tempête mémorable, sous l’abri d’un hangar à foin, il se trouva quelques personnes pour accepter de mettre sur pied une petite association nommée Mignoned Landouzen . Dans les ruines, dégagées par un groupe de jeunes gens du Pays Pagan, une première gouel fut organisée pour le 31 du mois d’août !
Depuis combien d’années aucune messe n’avait été célébrée dans le sanctuaire délabré ? Les boiseries Louis XV, bleu et or, avaient été enlevées et replacées dans l’église paroissiale, et l’ossuaire démoli et placé en pays bigouden… C’est dans la plus grande pauvreté que le Saint Sacrifice fut donc offert sur l’autel, et à ciel ouvert. La journée autour de saint Ursin, le patron de la chapelle, fut un événement : « jeunes et vieux » se réjouirent ensemble, les anciens racontant l’Histoire, les jeunes dansant et apprenant, tout le monde revint enthousiaste, de cette « première résurrection ». Qui devait en susciter bien d’autres. Des gens des communes voisines, d’abord ironisant, puis étonnés, se prirent à réfléchir : « mais nous aussi, on a une chapelle !…»
L’exemple porta du fruit. Un mouvement se dessinait. Le pessimisme habituel des esprits défaitistes, petit à petit, fit place à une nouvelle vision des choses. Un peu partout, des « comités de chapelles » virent le jour. On observa bientôt que tel sanctuaire longtemps négligé pouvait devenir fédérateur d’amitiés nouvelles, d’un renouveau de la vie de quartier, d’amitiés inattendues. Lentement mais sûrement, un changement de mentalités s’opérait. On passait de l’ignorance à la curiosité, puis à un réel intérêt pour ce qui fut, durant des générations, le lieu où se rassemblait la population, toutes conditions mélangées, pour chanter, prier, honorer le saint du lieu et renouer par là des liens relâchés. Car ces « maisons de prière » que furent les chapelles qui constellent nos terroirs furent érigées par les ancêtres,
en manière de reconnaissance pour des bienfaits obtenus à la suite de leur prière persévérante.
Dans nos chapelles, le plus pauvre des passants pouvait admirer un univers harmonieux, coloré, riche d’histoire, qui élevait son âme vers des réalités plus belles, dont les étoiles peintes sur les planches bleues des voûtes séculaires, scintillaient comme la promesse de ce que notre âme espère.
le premier évêque de Bourges honoré au Drennec ? y a t il une raison, un motif précis qui relie le Berry au Pays Pagan ?
Merci de parler de cette si belle chapelle où j’ai pu entendre en 1983 un magnifique concert de l’irremplaçable Yann Fanch Kemener. Tout était beau et elevait l’âme. Un moment gravé à jamais.
Merci P. Keranforest pour ce texte sur cette chapelle du Drennec.
Beaucoup de comités ont fait un tel travail de restauration entre 1970 et 1990;
Je me souviens de l’animateur de Breiz Santel, Gérard Verdeau dans les années 60 : avec sa camionnette Citroën, deux sacs de ciment et une brouette, il allait sauver les murs des infiltrations d’eau et conscientiser les voisins de la chapelle. Ses efforts n’ont pas été vains.
Quels seront les historiens qui vont raconter tous ces efforts. Quelques comités l’ont fait mais il reste tant
à dire sur ces efforts qui nous ont conservé ce patrimoine que beaucoup viennent visiter lors des journées du patrimoine. Un mécénat populaire qui se continue d’ailleurs à Langonnet avec la restauration des statues de nos chapelles… Un travail jamais terminé.